Chapitre 28 : « MON PLUS BEAU NOËL... »

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Toutes mes plus belles découvertes ont commencé au Canada.

A Dakar, nous ne fêtions pas Noël chez nous. Mon père nous l'interdisait et il était catégorique là-dessus.

C'était un jour banal voire comme les autres. Ma mère n'osait même pas préparer un festin de peur qu'il le prenne mal. Nous ne recevions pas de cadeaux. Cela a toujours crée une frustration, un sentiment de non-appartenance. Grand nombre de nos cousines recevaient des cadeaux émanant de leurs parents, pourquoi pas nous ?

Faisaient-ils de cette famille de mauvais musulmans ? Je ne crois pas. Le Sénégal est bien un pays laïque non ?

En tout cas ici c'est l'euphorie. La ville brille de mille feux. Il y a de petits marchés de Noël un peu partout. Durant les fêtes, les gens parcourent les magasins à la recherche du cadeau idéal. Les enfants ont hâte que la nuit tombe afin de se lever au beau milieu de la nuit pour récupérer leurs cadeaux à côté de leurs souliers respectifs. L'enfance c'est magnifique. C'est presque une arnaque LOL.

On est convaincu que le père Noël existe et qu'il se déplace sur son traineau ; Il ne se montre que lorsque tout le monde est couché et passe par la cheminée. Au Sénégal, je me demande s'il n'emprunte pas directement la porte étant donné que nous n'avons pas de cheminée.

Quand nous étions toutes petites, baba refusait à chaque fois que nous participions à l'arbre de Noël organisait par notre école. Je me rappelle avoir même boudé en lui disant que je n'aurai pas de cadeau par sa faute. C'est ce jour-là qu'il a coupé mon délire en me disant :

-BABA : Le père Noël n'existe pas Zainab. Tu as compris ? Ce n'est pas réel tout cela. Ce sont les parents qui achètent des cadeaux à leurs enfants et leurs font croire qu'ils ont été déposé par le père Noël. C'est tout simplement une grosse arnaque. Ce sont les blancs qui l'ont inventé. Tu es trop jeune pour comprendre mais quand tu seras plus grande, tu comprendras que ce n'est pas une fête pour nous les musulmans.

C'était rude hein ? c'était même affreux pour un enfant.

Ce sont des plaisirs gratuits qui font partis de la vie. Imaginez-vous que même pour avoir le droit de fêter un anniversaire, c'était la croix et la bannière. Il avait fallu beaucoup d'interventions pour qu'ils acceptent. Mon père nous a privé de notre enfance sous le regard faible de notre mère. Il m'arrive de terriblement lui en avoir. C'est une chose de respecter son mari mais tout autre d'avoir son mot à dire. Ma mère ne contestait jamais. Est-elle heureuse dans son ménage ? Nous l'ignorons. On a l'impression qu'elle est sur un nuage. Elle ouvre très rarement la bouche. Même quand j'essaie de créer un débat, elle prend la poutre d'escampette.

Mon père la mène par le bout du nez. Il sait pertinemment qu'elle ne dira rien. Après c'est pour qu'elle dise qu'elle la fait pour nous. Je lui demandais parfois ce qui pouvait lui faire plaisir mais elle n'était même pas capable de répondre. La dernière fois que j'ai parlé à mes sœurs, elles m'avaient racontées que ma mère avait voulu me téléphoner plus d'une fois mais que mon père l'en empêcha :

-BABA : Si tu l'appelles c'est comme si tu cautionnes le fait qu'elle sorte avec un blanc.

Ma mère n'avait même pas essayé de me défendre. Elle avait appelé ma sœur pour qu'elle essaie de me joindre sur WhatsApp car elle ignorait comment l'utiliser. Elle finit par lui dire de laisser tomber.

Je ne vous le cache pas, mais je lui en veux. Une mère est censée prendre la défense de son enfant quoiqu'il arrive. Combien de fois a -ton vu une mère prendre le parti de son fils délinquant ? Seules les femmes emmènent les repas en prison pour leurs enfants emprisonnés. Ce que je demande ce n'est pas compliqué non ?

Amour et interditsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant