Chapitre 12 : « Le beurre, l'argent du beurre et la crémière... »

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J'étais devenue une fille de mauvaise famille ça y est. Je me suis laissé pervertir par un blanc. Jamais personne ne m'avait embrassé avant. Vous vous rendez compte ? Et le pire dans tout cela, c'est le fait que j'ai adoré ce que j'ai pu ressentir.

Mon Dieu suis-je en train de faire un cauchemar ? C'est décidé, je romps tout contact avec lui. Je vais aller voir le professeur et lui demander de me changer de partenaire pour le travail que nous devons rendre en commun. Je sais que je ne pourrai pas ne pas l'apercevoir ou le voir, mais je peux au moins l'éviter.

Mon père ferait un arrêt cardiaque s'il savait que j'éprouve des sentiments pour un blanc. Il prendrait un avion et viendrait immédiatement me chercher en me ruant de coups jusqu'à Dakar.

A mon réveil, je guettai Nelly. J'attendais juste qu'elle ouvre les yeux pour lui raconter mon désarroi. Nous n'avions pas cours aujourd'hui car il y avait match. L'équipe de football de l'école devait jouer contre une équipe adverse. Celle d'une école rivale d'Ottawa. Quand il y a match un jour de semaine, tous les cours sont annulés afin de permettre aux élèves de pouvoir supporter et encourager les joueurs, mais également permettre aux joueurs d'être détendus avant les matchs.

Dès que Nelly bougea, je m'assis sur son lit avant de lui confier en pleurs :

-MOI : Je n'aurai jamais dû venir ici. Je suis en train de changer Nelly et ça me fait peur. Hier soir, j'ai fait une énorme bêtise. Tout ça par la faute d'Adams.

Nelly se frotta les yeux puis me jeta un regard anxieux :

-NELLY : Ne me dis pas que c'est ce à quoi je pense ?

-MOI : Si, nous nous sommes embrassés Nelly.

Nelly me fixa deux minutes avant d'éclater de rire :

-NELLY : Non mais tu es un sacré numéro toi. J'étais inquiète en pensant que vous aviez couché ensemble et toi tu me parles de flirter ? Mais qu'est ce qui cloche chez toi ? Ce n'est rien ça. Tu es amoureuse et donc ça va de pair. Pourquoi as-tu la fâcheuse habitude de toujours dramatiser ? Tu n'as pas la cinquantaine. Tu es encore très jeune. Ce sont des choses, que nous adolescents faisons. Ça ne fait pas de toi une mauvaise fille. Arrête d'être dure avec toi-même.

-MOI : Tu ne comprends rien. Je n'ai le droit d'embrasser que mon mari Nelly. Adams m'a dépucelé les lèvres. Je n'ose même pas me regarder dans un miroir. Je m'en veux terriblement.

-NELLY : Non mais tu es sérieuse là ? Tout cela est nouveau pour toi je comprends mais cela ne veut en rien dire que tu t'es transformée en prostituée. Tu as toujours tes principes et valeurs et je sais que ça ne changera pour rien au monde. Tu es très bien éduquée. Fais-toi un peu confiance. Jusque-là, tu n'as rien fait qui sorte de l'ordinaire.

-MOI : Je ne veux plus travailler avec Adams, je veux éviter toute proximité avec lui.

-NELLY : De quoi as-tu peur au juste ? Tu as le droit d'aimer et sortir avec quelqu'un. Cela ne fait pas de toi une mauvaise musulmane. Fourre-toi ça dans le crâne une bonne fois pour toute. Accepter les choses comme elles viennent c'est ce qu'il faut faire. Tu es consciente de tes actes alors tu ne feras rien de stupide. Si je peux me permettre de te donner un conseil : tu risques de perdre Adams si tu continues comme ça. Tu ne peux pas le repousser à chaque fois que tu aimes ou apprécies un interdit. Est-ce que tu penses à ce qu'il peut ressentir lui ? Si tu veux le sortir de ta vie, cela n'engage que toi. Mais sache que le cœur n'est pas un jouet. En amour, plus tu fuis la personne, plus les sentiments deviennent intenses. Bon, je vais me brosser les dents et me rincer la figure.

Amour et interditsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant