Key West, fin mars
— Alors, ça vous a plu ?
Tout sourire, Blanche passe un bras souple autour du cou de Sung-ki, l'autre autour du cou d'Anders, assis à côté du Sud-coréen sous les guirlandes de petites ampoules jaunes.Les yeux de chat de la jeune femme sont à peine soulignés d'eyeliner, ses pieds nus dans le sable. Elle arbore une robe blanche toute simple, droite, qui s'arrête mi-cuisse et dont les seules fioritures sont un haut et des courtes manches en dentelle. Une tenue basique et pratique comme elle en porte le reste du temps, qui n'a pas donné à ses amis l'impression qu'elle était différente aujourd'hui — si ce n'est pour les fleurs d'hibiscus piquées un peu partout dans ses boucles.
Ses doigts couverts de bagues en comportent également deux nouvelles par rapport au jour où ils l'ont rencontrée à Los Angeles, trois ans en arrière. Quelques heures plus tôt, une alliance a en effet rejoint à l'un de ses annulaires l'anneau qu'elle y portait déjà, et un solitaire de fiançailles rehausse l'annulaire de son autre main.
— C'est le mariage le plus génial où j'ai été ! s'exclame Sung-ki du fond du cœur.
— C'est le seul où tu as été, fait remarquer Kyung-hwan en riant, les lèvres au bord de son verre de champagne.
Tous les deux sont vêtus de costumes noirs assortis à celui d'Elian, alors que le Suédois est habillé de gris clair. Le danseur s'entête.
— C'est vrai, mais même si j'avais été à des tas d'autres, ça ne changerait rien !
Le mannequin hoche la tête. Il a l'impression de voir exactement ce que son benjamin veut dire.
— Je partage moi aussi le sentiment ! approuve vigoureusement la mariée. Je n'aurais pu rêver mieux ; c'est pile poil ce que je souhaitais !
C'est-à-dire une cérémonie et une fête sur la plage au bord de l'océan — le Golfe du Mexique —, sous des latitudes clémentes, en petit comité et sans chichis.Elian a été d'autant plus d'accord avec toutes les demandes de sa compagne que lui non plus n'avait pas envie de faire les choses en grand. Ils n'ont invité que les personnes avec qui ils avaient vraiment envie de partager ce moment ; une cinquantaine de convives. Si l'Américano-coréen avait d'abord songé à organiser la journée à Miami sur les conseils de ses parents, l'envie de la Martiniquaise — sirène dans l'âme depuis sa plus tendre enfance — qu'ils se marient les pieds dans l'eau les a fait opter pour la dernière île des Keys et le cadre du Waldorf Astoria.
Blanche se redresse de toute sa taille et s'étire.
— En tout cas, je suis super contente que vous vous soyez bien amusés ! Vous avez encore un peu d'énergie, là, j'espère ?
Il est deux heures quarante du matin et une partie des invités, notamment les personnes plus âgées, ont déjà regagné leurs chambres dans l'hôtel. Restent sur la plage les amis, ainsi que les deux sœurs de la jeune femme qui se chamaillent autour d'une table, arbitrées par le compagnon de Salomé.
— Mes pieds demandent un peu grâce, répond Anders en remuant les orteils et en prenant la main de Sung-ki, mais pour le reste, ça va.
La jeune mariée lui jette un regard enchanté.
— C'est vrai que tu as beaucoup dansé, à la surprise de tous !
— Je me suis sans doute laissé emporter par l'ambiance...
— Tu as prévu qu'on danse encore, si tu nous demandes si on a encore de l'énergie ? s'enquiert Sung-ki en embrassant la tempe de son compagnon, puis en bondissant debout.Après le repas, tout le monde s'est rassemblé sur la zone de sable transformée en dancefloor entre les arches de bois décorées de fleurs et de petites lampes. Blanche et Elian ont ouvert la soirée sur la version classique d'I'll be your love de X-Japan, sous les caméras des téléphones qui n'ont pas perdu une miette de ces quelques minutes romantiques avant que, fidèle à elle-même, la mariée ne crie à l'assemblée de les rejoindre.
Tous sans chaussures, seul élément de dress code imposé, les invités se sont donc joyeusement mêlés sur la piste sablonneuse pour un morceau de Whitney Houston, I wanna dance with somebody (who loves me), puis un autre de Marvin Gaye, Ain't no mountain high enough. Blanche et Adam ont ensuite dansé ensemble un vieux rock endiablé avant que le programme musical ne revienne à des chansons plus modernes pour le reste de ces heures festives. Pas une seule note de K-pop n'a été conviée à faire partie de la setlist, et personne ne s'en est étonné ni plaint — même pas Sung-ki, qui sait très bien pourquoi et qui danse en outre avec la même aisance sur n'importe quoi.
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Accord de sixte
General FictionC'est l'histoire d'un petit garçon transformé en visual. Tout est ©️Shukimo Studio/Alba.