Basse : Won-chul Lee (2)

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Séoul — 20 ans

Quand il se réveille, Won-chul se sent très fatigué. Il a l'impression de flotter sur son lit, a l'impression qu'il est redevenu myope car les silhouettes qui bougent autour de lui sont floues.

Il n'a pas encore très mal. C'est plutôt une sorte de gêne, quelque chose qui tire un peu en continu à l'intérieur de ses os. Son visage paraît emballé dans d'épais pansements qui passent sur ses oreilles ; les sons sont légèrement assourdis autour de lui aussi, ce qui accentue le sentiment de rêve.

Il sent que ses joues sont plus gonflées que d'habitude sous les bandages qui les serrent pour empêcher ses mâchoires de bouger. Sous les packs froids attachés des deux côtés de son menton, c'est comme s'il avait un corps étranger. De part et d'autre de sa langue et sur ses lèvres, il sent également les drains qui évacuent les liquides de sa bouche vers un récipient qu'il devine placé à côté du lit. Il n'a pas la force de tourner la tête pour vérifier, et cet élancement diffus le dissuade du moindre mouvement qui pourrait le faire croître.

Durant quelques minutes, Won-chul observe, comme hypnotisé, le sang qui passe à travers le tube transparent qui quitte sa bouche, puis se pose sur son ventre. Le sang qu'il verse pour s'améliorer.

Il a envie de se rendormir, mais il sait, car on le lui a dit avant l'opération, qu'il ne pourra pas, que pour diminuer le gonflement au maximum — gonflement qui va empirer au cours des jours à venir, comme la douleur —, une infirmière le fera marcher, ou sa mère qui doit être quelque part non loin puisqu'elle l'a accompagné dans cette clinique réputée de Séoul.

Il a tellement envie de se rendormir qu'il espère que personne n'a remarqué ses yeux ouverts. Il ne croit pas avoir bougé ; il est si engourdi d'un bout à l'autre de son corps et de son esprit.

Au moment où il ferme à nouveau les paupières, la voix de sa mère résonne dans la chambre, joyeuse.
— Tu es réveillé, Won-chul ! Bonne nouvelle : d'après le chirurgien, tout s'est passé à merveille. Il pense qu'il ne devrait pas y avoir trop de complications.
Le jeune homme pose le regard sur elle, dont les contours ne sont pas tout à fait nets. Il visualise quand même les yeux de sa mère qui l'examinent avec satisfaction derrière ses lunettes, et son sourire aussi.

Maintenant, est-ce que tu m'aimes ?

— Bon, maintenant que la V-line est faite et l'implant dans le menton posé, j'ai programmé la prochaine rhinoplastie, reprend madame Lee. Je vais aussi voir avec le médecin pour prendre rendez-vous pour la blépharoplastie et l'épicanthoplastie ensuite.

Accord de sixteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant