🌙 II : J'irai quand même en cours 🌙

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Peter ne savait par quel miracle il était parvenu à tromper son chagrin et à s'endormir. Ce dont il était sûr, cependant, c'est que son sommeil ne fut pas aussi profond, reposant et réparateur qu'il ne l'aurait souhaité. Il le constata d'autant plus en voyant le reflet que lui renvoyait son miroir.

De grosses cernes violettes entouraient ses yeux rougis et gonflés par le manque de sommeil, mais sans aucun doute aussi par la quantité de larmes qu'il avait versée la veille. Son regard était éteint, et son air déprimé. Il passa dix bonnes secondes à fixer son reflet sans le voir, les yeux et les pensées dans le vide, avant de cligner des paupières et d'enfin se décider à aller prendre son petit déjeuner. Monsieur Stark lui avait permis de rater les cours aujourd'hui s'il le souhaitait, mais Peter préférait agir comme s'il ne s'était rien passé.

En poussant un soupir, il ouvrit la porte de la cuisine et vit, attablé devant une tasse de café, Tony Stark qui lisait un journal. Son mentor leva les yeux des nouvelles en l'entendant arriver, et posa son regard sur Peter.

— Oh tiens, salut toi. Tu devrais aller te recoucher, les gens vont te prendre pour un zombie. Parce que, c'est pas que tu as une sale tête, mais un peu quand même...

Soupirant une fois de plus, Peter se laissa tomber sur la chaise en face de Monsieur Stark. Il n'avait pas la force de répondre à l'ironie matinale de son mentor (de toutes façons, qu'aurait-il pu dire ?), alors il se contenta de se servir une tasse de café. Il avait besoin d'un remontant.

— Peter, je suis sérieux, insista Iron Man. Ils comprendront très bien que tu manques les cours, et au pire je peux moi leur faire comprendre, et...

— Je sais, l'interrompit Peter, prononçant ainsi ses premiers mots de la journée (il aurait d'ailleurs trouvé fort bienvenu que sa voix soit un peu plus assurée). Mais ça va.

Monsieur Stark l'observa longuement et intensément. Peter savait pertinemment que la discussion ne s'arrêterait pas là. Tony Stark ne serait pas Tony Stark s'il n'était pas aussi têtu qu'une mule en chaleur. Effectivement, il continua d'essayer de le convaincre.

— Tu sais, Peter, dit-il. Tu pourrais très bien être à moitié mort après que tu te sois pris un train, et tu me dirais quand même que ça va.

— Quand même pas...

— Oh que si.

Même s'il affirmait le contraire, Peter avait conscience que son mentor avait raison. Quelque soit le mal qui le prenait, jamais il n'en informait les autres, et s'obstinait à prétendre que tout allait bien.

— J'irai quand même en cours.

— Fais comme tu veux, abandonna Monsieur Stark.

Peter lui fut reconnaissant de ne pas insister davantage. Il était tellement à bout émotionnellement qu'il aurait été capable de s'énerver sur Tony Stark et de partir en coup de vent, chose dont il était absolument certain de regretter par la suite.

Il termina donc de boire son café, et, l'estomac noué, quitta la Tour Avengers sans avoir mangé mais en emportant, sur l'insistance d'Iron Man, une barre chocolatée. Tentant de ne pas penser au fait que, avant, il effectuait ce trajet après avoir embrassé sa tante May sur la joue, il regardait défiler les immeubles de New York, la tête appuyée sur la vitre du tramway. Par miracle, il avait réussi à avoir une place assise. Sentant les larmes monter, il les ravala aussitôt, et les renvoya dans la boule logée dans sa gorge. Il ne pleurerait pas. Pas aujourd'hui. Pas en public. Il ferait comme si rien n'avait changé. Évidemment tout avait changé. Mais ça, à Midtown, seuls Ned et MJ étaient au courant. Sans doute deux ou trois personnes de plus, mais c'était tout. Et c'était très bien comme ça.

Les ténèbres de ta lumière [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant