Chapitre 11

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La totalité des lumières de la salle éclairait le petit lit du patient. En avançant, Thomas pouvait voir les choses sur un périmètre restreint autour des lampes inclinées. Quatre scalpels posés sur la petite table à roulette pour les quatre personnes déformées par la fluidité de leurs costumes (de drôles de drap recouvrant l'entièreté de leur corps).

-Installe-toi Thomas.

Le garçon n'eu aucune difficulté à reconnaître le professeur Berry. C'était à lui que revenait la tâche de mener l'opération. On devinait les gouttelettes salées s'échapper de son front dégarnit à travers le tissus vert. Son sérieux semblait décuplé.

Thomas s'allongea sur le ventre. Un trou sur la planche prévu pour sa tête lui permit de maintenir son corps le plus droit possible ainsi que de garder un rythme dans sa respiration (déjà suffisamment rapide). On le revêtit d'une sorte de tablier et lui retira le patch qui jusque là avait enregistré ses battements.

Le garçon ne voyait plus que le sol brillant. Quelques ombres y glissaient parfois. Elles augmentèrent à chacun de leurs passages le débit de sang qui frappait ses veines.

Le cliquetis des mains qui s'activaient sur les outils autour de lui rappelait les pas rapides d'une tarentule. Le bruit s'accélérait, elle se rapprochait...

-Où va se dérouler la perforation ? Bafouilla Thomas apeuré par ses propres mots pour endurer son attente aveugle.

Quelque chose de froid vint se poser sur le bas de son crâne, là où le cou rejoignait la tête. Bien que cela dût être le doigt d'un chirurgien, le brun ne put s'empêcher d'imaginer la grosse araignée posée sur lui. Ses poils se hérissèrent.

-D'ici, les ondes de la puce pourront atteindre toutes les zones de ton cerveau.

-Je peux la voir ?

-Quoi donc ? Demanda le professeur Berry distant.

-La puce. J'aurais aimé voir à quoi elle ressemble.

Il alla pour relever la tête mais quelqu'un la lui remit délicatement en place.

-Il vaut mieux éviter de trop l'exposer. La toucher un minimum lui évite les contacts nocifs.

Thomas serra le poing mais resta immobile.

-Quelle heure est-il ?

-Thomas...

-S'il vous plait...

Le professeur soupira exaspéré.

-10h30. A présent laisse nous travailler.

Il resta muet quelques instants seulement.

-Comment je vais justifier mon absence ?

-... Haley s'en est déjà chargé...

Thomas voulu se prononcer mais une nouvelle pression lui fit rabaisser la tête.

-Elle l'a fait sérieusement, ne t'en fait pas. Bien. Nous allons commencer.

Des fourmis gagnèrent ses pieds et se répandirent peu à peu dans ses membres inférieurs. Il remua ses jambes dans l'espoir qu'elles se dissipent rapidement. Aucun succès, il avait la nausée à présent. Il sentait la force d'un liquide froid qui pressait son cœur agité. Il toussota et inspira dans des tressautements saccadés.

Une bave pâteuse s'accumula dans sa bouche comme de la colle.

-Je... Je ne me sens pas bien...

-Reste tranquille.

Le garçon ne savait plus s'il s'agissait de réels hauts le cœur ou d'une peur intenable mais il avait le sentiment d'imploser.

Il sentit quelque chose lui chatouiller le poignet. On le massait.

L'engourdissement atteignait déjà ses hanches quand on le piqua. Le dard du maudit arachnide avait finalement fait mouche ; la seringue déversa son poison dans le corps affaibli du garçon. Il le sentit s'écouler goutte à goutte dans le chemin de se mouvements. Le liquide comme un ras de marée passait les fleuves de veines, les ponts d'organes. Thomas ne sentit plus les fourmis dans ses membres. Elles s'étaient noyées dans la tache d'huile qui glissait.

Le garçon sentit ses paupières tomber, seul barrage entre sa rétine et l'extérieur.

-Repose toi Thomas. Tu ne risque rien, clapotait sourdement la voix du professeur Berry dans les profondeurs. Ai confiance en WICKED, WICKED est bon.

Thomas luttait, supportant le poids de ses chairs les plus fines.

Il pensait à la charge de travail qu'il devrait rattraper s'il s'endormait. Elle serait mince mais le garçon croulait déjà sous des copies imaginaires.

Newt et Minho devaient étudier, à vingt minutes d'ici, au delà de la passerelle. Minho sommeillait et Newt s'efforçait à réécrire en double les mêmes baratins ennuyeux. Probablement Thomas cru en rire mais ses traits ne se levèrent pas d'un pouce. Les muscles de ses joues avaient abandonnés la partie.

Il se remémora Teresa. Elle était toute petite, ses couettes châtaines titillées par ses mains aimantes.

Elle était seule.

Il voulu l'appeler mais son timbre somnolait lui aussi. Il ne put qu'expirer son nom. Teresa...

L'extérieur n'était plus qu'un filament pressé par le croissant de ses paupières. Ce n'était plus qu'un cheveu, brun et proche. Il cru le toucher. Il détourait brumeusement la silhouette auquel il était attaché.

C'était une femme. La peau tannée par le soleil, l'ivoire sur les dents grâce aux noix qu'elle mangeait, c'était une belle femme.

Je t'aime mon loup.

Le cheveu disparu comme ses paupières s'affaissaient pour de bon.

Thomas pria pour que son sommeil ait une fin.

Il s'endormit.

Terre, sous la flamme de trois bougiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant