Chapitre 1

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-Mais c'est pas vrai ! Je quitte la chambre deux secondes et je te retrouve endormi ! T'étais sensé faire ta valise, c'est pas sérieux.

Adam sentit qu'on lui retirait la couette de force. Il ne prit pas la peine de la retenir et écrasa sa tête dans l'oreiller en grognant.

Avant même que sa respiration ne reprenne un rythme apaisant, le garçon avait été propulsé à terre avec une force étonnante. Il pesta de plus belle.

-Debout ! Renchérit l'autre par dessus ses plaintes.

Adam le dévisagea un instant.

L'autre, c'était Colin.

Sa petite taille maigrichonne certifiait son âge mais Adam savait parfaitement qu'il ne fallait pas s'y fier pour autant. Il avait une force phénoménale et c'était sûrement l'un des premiers critères qui l'avait incité à le ranger du côté de ses amis.

Et puis il avait appris à le connaître.

Résultat, Colin était, à ses yeux, ce qui ce rapprochait le plus à un meilleur et seul ami.

Colin avait le l'œil sévère, ses cheveux blonds bouclés dissimulaient la moitié de son visage rond.

-Allez mec grouille, On va être en retard.

-Écrase tu veux ? De toute manière ils ne partiront pas sans nous.

Colin souffla et regagna son lit pour finir d'y plier les draps.

Adam s'habilla. Il jeta le reste de ses affaires dans le gros sac qui lui était destiné et eu grande peine pour le refermer.

Une fois fait, il se mit à enlever les draps, de la même manière que Colin avait procédé, et les déposa au bout de son lit, pliés.

La chambre était rangée, si ce n'était vide.

Il songea alors à son arrivée au pensionnat, après la séparation difficile avec ses parents lors de son premier jour de dépistage.

On lui avait mainte et mainte fois répété que cette école était une sorte d'intermédiaire, amassant les immunes, ces enfants spéciaux dont Adam faisait partie, en attendant la fondation complète d'une organisation dont ils seraient les principaux acteurs. Si ce que l'on disait s'avérait être vrai, ce serai un véritable changement mondial, et ça, tout les gamins de l'établissement en rêvaient. Ils se reflétaient depuis leur chambre aux plus grands héros jamais contés et dans les cours ennuyeux auquel chacun s'efforçait avec grand mal d'écouter, la reconnaissance de leurs actes à venir semblait sonner aux portes de leurs lignes. Mais ils ne faisaient que cela, rêver. Puisqu'ils n'avaient à leurs attentes que les paroles qui offraient poudre aux yeux. Ils ne savaient rien sur rien pour ainsi dire.

Un an depuis s'était écoulé. Un an à espérer se réveiller chez lui, à Porterville avec ses deux parents dans la chambre d'à coté. Tout près.

Mais Adam n'avait eu aucunes nouvelles. Ni bonnes ni mauvaises. Il avait de nombreuses pensées pour son père lors de nuits trop noires, ce qu'il devenait malgré la maladie. C'était une maladie dont d'ailleurs il ignorait le nom, les symptômes ou s'il existait un remède. On en chuchotait si peu dans les couloirs bétonnés, et ceux qui sortaient, pour la plupart livreurs, n'avaient leur langue pendue que pour ceux qui parlaient argent. En l'espace d'un an, Adam ne prenait conscience de l'épidémie que par sa propagation à une vitesse que l'on disait incontrôlable. Il en apprit si peu que si elle n'avait pas réussi à faire chavirer sa petite vie tranquille, éloignée de tous problèmes, Adam en aurait juré qu'elle n'était rien de plus qu'une stupide baliverne.

Pour cela, il la détestait.

La sonnerie d'appel retentit, sortant Adam de sa divagation.

Il se leva en même temps que son voisin perplexe, prit ses affaires et sortit de la chambre sans y jeter un dernier regard.

Terre, sous la flamme de trois bougiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant