angel of the morning [reddie]

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Dans une des salles de bain du motel, une forte odeur d'alcool et de produit antiseptique se faisait sentir. Le rideau qui avait été arraché trônait à moitié sur le sol et des traces d'hémoglobine étaient encore présentes dans la pièce, témoins de la scène totalement invraisemblable qui venait d'avoir lieu un quart d'heure plus tôt.

Eddie, une blessure importante sur sa joue droite, était assis sur le rebord de la baignoire.
À ses côtés Richie était là et tentait de le soigner, bien que cela s'avérait plus compliqué que prévu.

- Non non non attends ! s'écria le blessé presque avec hystérie en voyant le coton imbibé d'alcool se rapprocher de lui.

Il enroula ses mains autour des poignées de Richie pour stopper son action. Ce dernier renversa sa tête en arrière en poussant un soupir d'agacement.

- Merde Eds t'es plus un gamin !

Les sourcils froncés, Eddie mit quelques secondes à le lâcher, se recroquevillant légèrement sur lui même en grommelant.

- C'est bon vas-y. Mais tu fais attention hein...aaahhh fuck ! jura t-il quand le produit entra subitement en contact avec sa peau.

S'aggripant au rebord de la baignoire, il serra les dents en poussant des plaintes de douleur.

L'adulte à lunettes, ne prenant pas en compte ses gémissements et son agitation, continua de nettoyer la plaie et les traces de sang séché qui avaient crée de fines lignes rouges sur sa peau.
Pour finir, il déposa avec précaution un morceau de compresse sur l'entaille et la colla sur sa joue avec du ruban adhésif spécial.

Les yeux plissés, Richie se recula pour admirer son œuvre, tel un artiste ayant terminé un tableau.
La visage d'Eddie, au regard désabusé et à la mine effondrée, accompagné de cet assez imposant pansements de fortune, lui arracha un faible sourire.

Sourire qui s'effaça petit à petit en voyant la tête du brun se baisser sur sa main qui s'était soudainement mise à trembler.
Il la fixait si intensément avec une terreur non dissimulée, comme s'il voyait encore son sang et celui de Bowers qui la souillait. Et le goût de fer toujours présent dans sa bouche ne faisait que rendre les choses plus pénibles encore.

Richie s'agenouilla devant lui, inquiet, et son cœur se serra en voyant la douleur émotionnelle qui l'habitait mais dont il ne pouvait rien faire pour l'aider.

- Hey... Ça ne va pas ?

Une stupide question mais il n'avait trouvé aucune autre alternative.

Les lèvres serrées, l'adulte ferma ses paupières en secouant la tête avant de soudainement se mettre à rire nerveusement. Cela lui arracha instantanément une grimace à cause de sa blessure.

- Je ne pensais pas que j'allais revivre tout ça, que je...

N'arrivant pas à terminer sa phrase, il se mit à fouiller de manière convulsive dans les poches de son pantalon puis de sa veste, sa respiration devenant plus rapide et plus lourde.
Jusqu'à qu'il se rende compte qu'il cherchait son inhalateur, comme une vieille habitude qui venait subitement de lui revenir quand il tentait de conjurer sa panique et son stress.

Une des grandes mains de Richie vint alors se poser par dessus la sienne qui tremblait toujours, repliant ses doigts autour pour bien lui faire comprendre qu'il le soutenait. Il s'en voulait d'avoir tenté de quitter la ville sans informer le reste des Losers, d'avoir décidé de partir lâchement en laissant Eddie.

Par ailleurs le rythme cardiaque de ce dernier se calma et redevint normal.
Un silence s'installa pendant quelques instants où seul le vent, provenant de la fenêtre brisée, se faisait faiblement entendre, adjoint à leurs deux respirations.

- Merci Rich', dit alors l'ancien asthmatique avec une telle sincérité qu'il ébranla son ancien ami qui ne sut répondre tout de suite.

- Ce n'est rien, Bev aurait très bien pu te soigner mieux que moi.

Tandis qu'il remontait ses lunettes sur son nez, Eddie lui jeta un regard mélancolique, les yeux brillants, et glissa doucement sa main hors de la poigne du binoclard, préférant avoir un autre contact un peu plus poussé et significatif.

Il se penchant en avant et le prit alors maladroitement dans ses bras, encerclant son cou et laissant reposer son menton sur une de ses épaules.

Richie ferma ses paupières et répondit immédiatement à son étreinte. Il entendit un murmure près de son oreille, un "tu m'as manqué" qui le chamboula presque.

Mais depuis toujours il avait été si doué pour cacher ses émotions sous l'humour qu'il ne put s'empêcher d'y avoir recours cette fois-ci.

- Ta mère m'offrait des meilleurs câlins.

Eddie ravala un soudain sanglot qui s'était bloqué dans sa gorge et il se mit subitement à rire, faisait cette fois impasse sur sa blessure qui le lançait de nouveau à cause de mouvement de sa mâchoire.

Il fut rapidement suivit par son ami qui fut heureux de le voir de nouveau ainsi. Leur deux corps, toujours en contact, furent saisi de tremblements à cause de leurs rires et leur étreinte se resserra avec douceur.

En revenant à Derry, dans la ville de leur enfance, ce n'était pas seulement les souvenirs qui s'éveillaient de nouveau, mais également les sentiments.