-Tu l'as fait! Putain, mais tu l'as encore fait! T'en à pris combien?!
-Je sais pas, Levi. Je sais plus.
-Et en plus t'as bu?!
-Oui. J'ai bu. Un peu trop d'ailleurs.
-Mais tu branles quoi?! J'peux savoir?! Tu veux mourir enfaite! C'est ce que tu cherches?!
-C'était probablement le but de toute cette mascarade.
Je ne réponds pas. Je ne veux pas en entendre plus. Je ne peux pas en entendre plus.
-Vas te coucher. Laisse moi finir ma bouteille.
Je passe mes mains sur mon visage. Je ne sais plus comment réagir avec lui, quand il a mal.
-Non. J'en peux plus. C'est trop dur. Toi et moi, c'est trop dur.
Il fixe le fond de son verre, comme si il s'y passait la pire des scènes.
-Tu abandonnes?
-Je suis fatigué de tout ça.
-Je te demande si tu abandonnes! Réponds!
Il a trop bu.
-Oui. J'abandonne. Tant que tu ne te reprendras pas en main, j'abandonne. Je ne peux pas toujours être la béquille sur laquelle tu t'appuies! Je ne peux pas toujours te traîner pour remonter la pente! Je ne peux pas t'aider si moi même, je n'arrive pas à sourire! Et puis merde! Te voire comme ça, ça me déchire! Prendre des boîtes et des boîtes de cachet dans l'espoir d'y passer. Regarde toi! T'es pathétique. Bordel t'avais promis! Tu m'avais juré de ne plus faire de la merde!
- Et bien, j'ai menti. Ça te déçoit?
- Effectivement. Je ne m'attendais à rien de ta part, mais je suis quand même déçu. D'un côté, je pense que j'espérais que tu changes. Que tu réussisses à écrire un nouveau chapitre, mais visiblement, tu n'arrives pas à décrocher tes yeux de la dernière phrase. En réalité c'est l'espoir qui nous fait souffrir quand il n'y en a plus mais qu'on y croie encore.
- Mais tu ne sais pas! Tu ne sais rien! Toutes ces nuits de sommeil que j'ai perdu, tu ne connais pas le poids des choses que je porte, ni toutes les fois où j'ai pensé à arrêter. Personne ne ressent la douleur que je ressens, tu comprends!? Le soir, quand toi tu dors bien paisiblement, moi je fais des cauchemars! Mais ceci ne s'arrête pas au réveil! Jamais!! Ils sont là, dans ma tête! Après tout, lorsqu'on danse avec le démon, il ne faut pas s'étonner d'être toujours en enfer.
- Mais tu ne me dis jamais rien! Comment veux-tu que je t'aide?! Trois ans, presque quatre et je ne sais rien!
- J'ai peur! J'ai putain de peur! Il faut soi-disant du courage pour le formuler, mais je ne suis pas courageux! Je ne suis pas un homme, j'ai sept ans, je ne sais pas être autre chose qu'un enfant dans le costume d'un adulte! J'ai peur de l'oubli! Si tu savais, j'en ai si peur, que je fuis ce qui pourrait m'oublier, je pars loin et ne reviens jamais! C'est vrai, ailleurs souffre de solitude, mais la solitude n'est rien face à l'abandon...! La vie n'est qu'abandon. Alors, quand vas-tu me quitter ?
- Mais j'veux pas faire ça, me forcer à t'oublier! J'en ai pas envie, merde! T'es en train d'me glisser entre les doigts et le pire c'est que je ne peux rien faire pour l'éviter!
Il se lève et vient se mettre face à moi.
- J'en peux plus, Levi. Laisse-moi tomber. Pars, je ne te retiendrai pas.
Je suis triste. Triste et en colère. Malheureusement, je n'ai jamais su gérer ma haine. Je le pousse violemment contre le mur.
- Au final, c'est toi qui m'abandonne comme si je ne valait rien! Comme si tout ce que nous avions vécu ensemble, n'était que du vent, qu'un détail parmi tant d'autres! Ça m'flingue de voir que tu m'efface si rapidement! Si simplement...! Tu peux pas me faire ça... Pas toi...
C'est à son tour de me pousser, si fort, que je tombe au sol. L'emportant dans ma chute. Mettant la table en pièce, renversant les photos de nous sur le buffet. Brisant les cadres. Explosant mon cœur. Son poing rencontre mon visage. il est assis sur moi et il m'attrape par le col.
-Ne dis pas ça! Ça a autant compté pour moi que pour toi! Ne sois pas égoïste! On souffre trop à deux...! Alors barre-toi! Ça fait trop mal de le dire mais c'est comme ça! Casse-toi! Quatre ans! QUATRE ANS! Et on est toujours pas heureux! T'es aveugle ou quoi?! Ça marche pas! TOI ET MOI, ÇA MARCHE PLUS!
Je retourne la position et lui rends son coup, lui provoquant un saignement de nez.
-SI C'EST COMME ÇA, JE NE T'AIME PLUS!
-Est-ce vrai...?
-Non... évidemment que non... C'est toi qui a dit que c'était plus simple ainsi.
-Dans ce cas-là, moi non plus.
- Tu ne m'aimes plus?
- Non, je ne m'aime plus. Car en partant, tu viens d'ôter la meilleure partie de ce que je suis.
Lentement, mais sûrement, mes lèvres se posent sur les siennes. Il me repousse et me sourit, une larme coule le long de sa joue.
-Non, Levi, il est trop tard. L'éternité promise est terminée.
Je pose mon regard sur les objets étalés au sol. Parmi eux, le réveil.
- 4 heure 06... C'est la fin n'est-ce pas...?
Il acquiesce simplement. J'me relève, prends quelques affaires et ouvre la porte.
J'me retourne une dernière fois.
- Malgré tout, je veux que tu saches que si pour toi, la vie devient trop dur, t'as encore le droit de m'appeler, de me raconter tous tes problèmes, comme avant. J'suis encore là, je ne suis d'ailleurs jamais réellement parti.
Il reste assis au sol, sans un mot.
C'est fini.
Je m'avance, ferme et m'engouffre dans le noir de la dévoreuse de jour.
C'est terminé.
Pour ce soir, pour jamais.
Retiens moi.
Ne me laisse pas partir...
Je ne veux pas commettre l'irréparable.
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Reviens... C'est ce qu'on entend hurler au loin, par les amours qui ne veulent plus se manquer.
Seulement, ce jour là, à 4h06, rien...
Pas un seul ''reviens''.
Je ne serai peut-être jamais parti, tu ne serais peut-être jamais parti non plus...
Mais au fond, gagner du temps n'aura été qu'une perte de temps.
J'me rappelle m'être dit: ''Pourtant, nos adieux commençaient si bien. ''
