Novembre

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On est seulement en novembre et j'ai l'impression que tout s'écroule autour de moi.

Samantha n'est plus Sam.

Fragrance boite depuis qu'elle a été laissée au pré avec son ennemi juré du poney club (alias Arlequin).

Rien ne va plus.

J'ai envie de pleurer.

Pourtant, Eliss est géniale, les autres aussi. Ma famille aussi.

Alors, pourquoi, pourquoi cette histoire avec Samantha me fait si mal ?

Et au fait, hier, c'était lundi.

• • •

Le soleil dormait encore. La brume et le froid envahissaient l'enclos minuscule.

Il tremblait. La corde nouée autour de son cou irritait sa peau. Son regard sautait d'une chose à l'autre, comme un papillon anxieux. Ses oreilles s'inclinaient tantôt à droite, à gauche, devant ou en arrière.

Chaque bruit faisait s'emballer son cœur. Son souffle chaud et bruyant confirmait sa terreur. Les sabots qui heurtaient le sol avec panique provoquaient de petits nuages de poussière.

On le voyait pas bien, dans la pénombre. Mais en regardant avec attention, on découvrait les traces rouges sur son corps. On discernait aussi sans mal ses os sous sa peau.

Une lumière apparut au loin. Il hennit et tira sur la corde qui le retenait. Non, non, pas encore. Il ne pouvait pas déjà revenir !

Le bruit de moteurs retentit et se rapprocha : plusieurs voitures arrivaient. Bientôt, les phares furent braqués sur lui. Il se cabra et, dans sa panique, arracha la corde. Maintenant, l'enclos était tout à lui.

— Regardez, il est là !

Le cri de l'humain inconnu l'affola plus qu'il ne l'était déjà. Il partit au galop, longeant la clôture électrifiée. Non, non, pas encore !

— Pas de précipitation, souffla quelqu'un.

Il y eut le bruit caractéristique des granulés. Et il avait, faim, tellement faim. Mais la peur, la peur qui lui tordait les entrailles, ne lui autorisa même pas à s'intéresser plus longtemps à la nourriture.

Le seau fut déposé dans un coin de sa prison. Il s'arrêta dans sa course folle et tendit le cou. Son corps tendu était prêt à repartir au moindre signe de danger.

Et il avait faim, tellement faim...

Une femme bougea, dévoila un licol qui pourrait entraver les mouvements de l'animal. Il hennit et recula de plusieurs pas. Oh non, il n'allait pas se laisser avoir par ce piège !

— Merde, Lisa, marmonna un autre.

Le cheval tendit encore le cou, soufflant bruyamment. Il fit un pas. Personne n'osa respirer.

Il renifla les granulés, prit peur et détala au galop. Cependant, il se sentait plus confiant. Il ne s'était rien passé.

Et les granulés sentaient bon. Et il avait si faim...

Il retourna à l'aventure de l'autre côté de la clairière. La nourriture était toujours là.

Cette fois, il mangea.

Apprivoiser les NuagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant