Prologue

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Je n'étais qu'un petit garçon quand mon cauchemar a débuté...

J'attendais mon père devant la grille de l'école comme tous les jours. Même si j'avais onze ans et que j'étais tout à fait capable de rentrer seul, il tenait absolument à venir me chercher. Même si je faisais mine de protester, juste pour la forme devant les copains, dans le fond j'étais ravi qu'il prenne à coeur nos petits trajets quotidiens.

Mon père, c'était mon héros. Quand je lui avais posé la question sur ma mère, il m'avait répondu le plus sincèrement possible. Elle m'avait confié à lui parce qu'elle n'avait pas le temps de s'occuper de moi. Elle voulait jouer dans des films. Il m'avait dit en riant que onze ans plus tard, on n'avait toujours pas de trace d'elle même dans une toute petite publicité. J'avais peur que ça le dérange de s'occuper de moi sans l'aide d'une maman mais il s'en fichait parce qu'il m'aimait. Et moi aussi je l'aimais. Aussi fort que mon cœur de petit garçon le pouvait.

Nous étions physiquement une version plus jeune, ou plus vieille, l'un de l'autre. Les mêmes cheveux blonds, les mêmes yeux bleus, les mêmes petits grains de beauté sur le visage, même forme de nez... Toutes les personnes que nous croisions lors de nos petites virées père et fils ne manquaient pas de nous le souligner. J'en étais fier. Je me disais souvent que plus tard, en grandissant, je voudrai être comme lui. Pas seulement en apparence, à l'intérieur aussi.

C'était le plus gentil, le plus attentionné, le plus doux, le plus génial des pères. Il me préparait mes déjeuners pour l'école parce qu'il disait que ce serait sans doute meilleur que ceux qu'on nous servait à la cantine. Et puis c'était fait avec amour, disait-il toujours avec son éternel sourire. Nous faisions une sortie dominicale soit au cinéma, au zoo ou dans chaque endroit où j'aimais aller. Il ne se plaignait jamais de rien. Il faisait toujours au mieux pour moi.

Et ce soir encore, j'attendais mon papa devant l'école. Seulement, je remarquais avec inquiétude qu'il n'était pas là. Pourtant il était toujours à l'heure. Il m'avait prévenu qu'il pouvait parfois être en retard et qu'il fallait que je l'attende mais ça n'arrivait jamais. J'avais de plus en plus peur au fur et à mesure que la rue se vidait. Je pensais qu'il m'avait oublié mais c'était impossible. Il ne pouvait pas faire ça. Jamais il ne m'aurait laissé seul.

J'avais regagné ma salle de classe. Ma maîtresse était encore là. Elle était gentille et jolie. Je lui avais expliqué la situation et elle m'avait emmené dans le bureau du directeur. Il me fichait un peu la trouille même s'il n'était pas très méchant. Ils avaient appelé sans succès sur son téléphone puis au travail. Personne ne savait où il était. J'étais de plus en plus inquiet. Puis ils sont arrivés. Des policiers.

Ils m'ont demandé d'aller avec eux. Je ne voulais pas les suivre. Même si ils faisaient parti de la police, ils étaient des inconnus pour moi et on ne devait pas suivre les inconnus. Mon enseignante voyant à quel point je n'étais pas rassuré est venue avec nous. Elle m'a tenu la main durant tout le chemin. Au poste de police, ils m'ont conduit à une dame qui attendait dans une petite pièce. Je lui trouvais un air sévère avec son chignon sur le sommet de son crâne, ses grosses lunettes et son tailleur noir. Pourtant c'est avec un sourire et une voix douce qu'elle s'est adressée à moi.

-Bonjour Travis, je m'appelle Suzanne. Tu veux bien venir t'asseoir avec moi quelques minutes ?

J'avais regardé ma maîtresse qui m'avait fait un signe de tête encourageant. J'avais donc suivi la dame.

-Si je suis là c'est parce qu'il est arrivé quelque chose à ton papa. Sur le retour du travail, après un petit détour, il a voulu venir en aide à une dame qui se faisait agresser. Malheureusement, l'homme s'est retourné contre ton père. Il a été grièvement blessé et...

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