Be Free

Chapitre 35 : Parker

Qu'est-ce que je vais faire sans lui ? Comment réussir à vivre encore s'il n'est plus avec moi ? Comment faire pour avancer, être heureux si Travis ne partage pas ma vie ?

On devait vivre ensemble. Il avait des projets. De beaux projets. Il avait repris espoir, il avait envie de vivre merde ! Il s'assumait enfin et acceptait ses sentiments pour moi sans chercher à les combattre. Il souriait. Il riait. Je n'y arriverai jamais...

J'avais plein de trucs en tête qu'on aurait pu faire ensemble. Dans ma tête tout notre avenir était déjà tracé. Je m'imaginais mille et une chose que nous aurions pu faire et découvrir ensemble. Des voyages par exemple. Nous n'avons jamais quitté cette ville merdique...

Putain c'est trop dur d'être ici sans rien faire.

-Tu veux un café ?

-Non.

-Tu veux que je te raccompagne chez toi ?

-Non.

-Parker putain parle ! S'énerve mon père.

Je crois que c'est l'une des rares fois où je l'entends dire des grossièretés. En temps normal ça m'aurait fait rire mais pas aujourd'hui. Il est venu dès qu'il a su. C'est lui qui m'a ramassé dans le couloir alors qu'on transportait mon Travis ailleurs...  J'ai été dévasté par le décès de ma mère mais je crois que je n'avais jamais ressenti une souffrance aussi profonde.

-Ta main ?

-Ça va. Ce n'est pas le pire, dis-je d'une voix faible.

-Je vais aller te chercher un anti douleur. Je reviens.

Dès qu'il disparaît dans le couloir je me relève et sors de l'hôpital. Il faut que je sorte d'ici. Que je fasse quelque chose avant de devenir fou et de tout casser. Je marche seul. Chaque pas est plus difficile que le précédent. Mais je dois avancer. Je me rattrape à un poteau quand je manque de tomber sur le sol. La douleur est insupportable mais je dois le faire. Je me traîne au poste, me douche puis je revêts mes vêtements de la veille.

Je tremble tellement que je fais tomber les clés de ma voiture restée sur le parking depuis hier soir. Je m'y reprends à plusieurs reprises avant de réussir à démarrer. Avec difficultés à cause de ma main, je conduis jusqu'à la prison où travaille Arley. En apprenant mon identité et ma fonction on me laisse entrer. Je lui explique la situation. Je vois son visage qui se décompose au fur et à mesure de mon récit.

-Aide-moi. S'il te plaît. Il faut qu'on sache. Ils doivent payer.

-Oui. Bouge pas. J'arrive.

Il revient une dizaine de minutes plus tard en ayant troqué son uniforme de gardien contre ses fringues habituelles.

-Tu me suis ?

-Ouais.

-En fait je crois qu'on va prendre ma voiture. On récupérera la tienne plus tard. T'es pas en état. C'est déjà un miracle que tu sois arrivé jusqu'ici sans avoir d'accident.

Je renifle. Ça lui fait mal à lui aussi mais il encaisse mieux que moi.

-Je vais faire tout ce que je peux pour le faire parler. Je veux juste que tu saches que je ne l'ai pas vu depuis le procès de Travis. On ne s'est pas parlé non plus. Il m'a écrit mais j'ai jeté ses lettres alors j'espère qu'il acceptera de nous donner ce qu'on veut.

-Il le faut Arley.

-Je sais. Ils vont payer pour ça. Promis.

La prison où sont enfermés Troye et les autres est bien plus loin de chez nous que celle où était Travis. La route me paraît interminable.