Chapitre 9 : Parker

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L'arrestation de ce Travis m'avait mis en joie. Des types comme ça n'avaient rien à faire dehors. Cette ville croulait sous la misère et un dealer comme ça méritait de finir au trou. Même si ce n'était que pour quelques années, au moins il ne ferait pas de mal un moment.

J'avais lâché avec méchanceté une phrase qui disait que je voulais qu'il prenne cher. Ça ne me ressemblait pas d'être ainsi. De dire des choses pareilles. Pourtant, je ne voyais que le pauvre gamin qu'on avait ramassé à l'ancien entrepôt et qui était mort à l'hôpital à cause de la merde que ce type lui filait.

Je voulais devenir policier pour ça. Pour que les méchants finissent derrières les barreaux. Mais ce n'est pas tout. Même si je n'étais qu'un enfant, j'avais fait une promesse à un ami. Quelqu'un de très cher à mon coeur. Celle de devenir membre des forces de l'ordre pour m'occuper des types comme celui qui avait ôté la vie à son père.

Il s'appelait Travis lui aussi. C'était le meilleur ami que j'ai jamais eu. J'étais persuadé qu'il n'avait rien à voir avec le gars qu'on venait d'amener ici. Mon Travis était beaucoup trop gentil et doux pour faire ce genre de choses.

Mais le temps change les gens.

Nous ne nous étions revus qu'une fois suite à son départ de chez nous. J'avais réagi comme le petit garçon que j'étais. Triste et en colère. Pour moi, il m'abandonnait en partant dans une autre maison. Bien sûr, en grandissant je me suis rendu compte que ce n'était finalement pas de sa faute. Sauf que celui qui a pris sa place à la maison n'avait rien en commun avec lui.

C'était un garçon méchant. Il me traitait très mal. Il m'insultait quand mes parents ne l'entendaient pas, il lui arrivait de me frapper aussi. J'en ai également voulu à mon meilleur ami pour ça. À mes parents de ne pas s'être battus suffisamment fort pour que Travis reste ici. Ce garçon m'a fait vivre un calvaire jusqu'à son départ. Il n'est pas resté longtemps fort heureusement.

Je repense au regard que ce type, cet autre Travis, m'a jeté quand il m'a entendu parler. Ça m'a coupé le souffle. Il semblait tellement lassé. Tellement blasé. J'ai ressenti des tonnes d'émotions. Je me suis dit que c'était le genre d'homme qui n'avait absolument rien à perdre et ça m'a fait du mal pour lui. Pire, la couleur de ses yeux m'a interpellé sans que je ne comprenne pourquoi.

Je suis retourné faire ce que j'avais à faire sans me départir de cette sensation étrange. Je ne comprenais pas ce qui était en train de m'arriver. J'avais besoin d'en savoir plus. J'ai profité que le chef vienne à nous pour poser une question.

-Est-ce que... Ce type, Travis, vous allez fouiller son appartement ou un truc du genre ?

-Oui, les gars sont déjà en train de le faire en ce moment même. Pourquoi ?

-Simple curiosité.

-Travis Maxwell... Quel pauvre destin que le sien. Entre Connor et lui, en ce moment rien ne va, soupira le père de Isaac.

-Maxwell ?

-Ouais. Ça te dit un truc Mayers hein ?

Le chef savait quelque chose. J'en étais sûr.

-Non mais... Peu importe chef.

C'était à ma mère que je devais parler. Bien sûr, quand j'avais besoin d'elle, elle ne répondait jamais au téléphone. Je ne pouvais pas déranger mon père à l'hôpital alors j'ai cherché comment faire. Je n'avais plus qu'une solution même si je doutais que ça m'aide réellement.

Je me suis rendu dans la pièce où les effets personnels récupérés sur Travis Maxwell étaient gardés. Je n'avais pas forcément le droit d'y toucher mais j'avais l'intime conviction que ça m'aiderait beaucoup à me sentir mieux. À ne plus penser à ses yeux et son air triste.

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