Chapitre 3

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Je me suis mordu la langue quand, après mon front, c'est mon menton a claqué sur le sol. J'ai senti le goût du sang dans ma bouche. Je me suis retenu de cracher sur le sol pour ne pas l'énerver davantage.

-C'était quoi ça hein ? Qu'est-ce que t'as dit à ces gens ?

-Rien ! J'ai rien dit de tout !

Je gémissais de douleur.

M'appuyant sur mon bras tremblant, je tentais de me remettre debout mais son pied est venu se poser sur mon dos me collant violemment au sol. Puis les coups ont fusés. Un, deux, trois, quatre... J'ai perdu le compte au bout d'un certain temps tellement j'avais mal. J'ai roulé sur moi même puis me suis recroquevillé. J'essayais de protéger mon visage. Je sentais les larmes sur mes joues et mon corps me faire souffrir. Puis j'ai arrêté de bouger. Parce que c'était trop douloureux...

J'ai ouvert les yeux avec difficulté. Je voyais à travers la petite vitre de la porte d'entrée qu'il faisait nuit. Je ne sais pas combien de temps j'étais resté inconscient. J'étais toujours au même endroit. Allongé sur le sol. Je me suis relevé mais mes jambes n'ont pas réussies à me porter tout de suite. C'est comme si un bus m'était passé dessus. Je n'avais plus aucune force.

-Ça y est t'es réveillé ? Putain de lavette !

Il m'a craché dessus avant de monter à l'étage. Je me suis servi de la manche de mon pull pour essuyer cet autre affront. J'ai mis plus de dix minutes à monter les escaliers à mon tour. À chaque pas, mes jambes se dérobaient sous mon poids pourtant peu lourd. Je me suis traîné jusqu'à la salle de bain pour poser les fesses sur le bord de la baignoire. Je n'osais pas me regarder dans le miroir. J'avais peur de ce que j'allais découvrir. Il m'a fallut autant de temps pour me déshabiller que pour monter ici. Ma peau blanche était déjà recouverte d'ecchymoses.

J'avais une bosse sur le front et un bleu sous le menton. Mes bras était parsemés de traces de coups, mon ventre et mes côtes me faisaient affreusement mal. Tout mon torse était marqué. Mes jambes avaient été épargnées mais comme si j'étais passé sous un rouleau compresseur c'était tout mon corps qui souffrait. En prenant une grande inspiration, j'ai ressenti une douleur dans la cage thoracique. Peut-être que j'avais quelque chose de briser à l'intérieur...

Je me suis lavé en ignorant le tiraillement de mes muscles d'enfant puis je me suis emmitouflé dans ma couverture rêche, bien loin de celle qui était dans mon lit chez Parker, les yeux rivés sur la photo de mon père. Je rêvais que je le retrouvais. Qu'il rentrait à la maison et que rien n'avait changé. Si seulement...

Je n'ai pas quitté mon lit le jour qui a suivi. J'étais trop mal pour bouger. J'avais froid, puis chaud, et froid encore. Seulement, je devais me rendre en classe le lendemain. Du moins c'est ce que je pensais mais, par précaution, pour ne pas que quelqu'un remarque mon état, il avait décidé de me garder enfermé ici pendant plusieurs jours. Je ne me nourrissais quasiment pas.

En retournant à l'école, j'avais retrouvé un Billy mort d'inquiétude. Il m'avait serré si fort qu'il m'avait fait mal. Je n'avais pas pu retenir un gémissement de douleur.

-T'as mal quelque part ?

Sans attendre de réponse, il avait soulevé mon pull avec un regard effrayé.

-Je... Je suis... Tombé dans les escaliers. J'ai roulé et je me suis cogné partout. Mais ça va aller.

-La vache, t'as dû faire une sacrée chute !

Il était tellement gentil et naïf qu'il n'aurait pas pu imaginer une seule seconde ce qui s'était vraiment passé derrière les murs de cette maison défraîchie. Par contre, le prof de sport lui n'avait pas avalé mon mensonge quand il était entré dans le vestiaire au moment où je me rhabillais. J'avais peur de rentrer chez mon oncle après ça.

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