Chapitre 23 : Parker

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Quand je sors de la maison, je l'entends qui m'appelle mais je ne me retourne pas. J'avance jusqu'à la voiture.

-Parker non ! Tu n'es pas en état de conduire ! Reviens !

Déjà, je démarre et quitte mon stationnement les mains tremblantes. Je ne lui en veux même pas de m'avoir repoussé. En fait, il a raison. Il a bien fait de me remettre à ma place. C'est contre moi que je suis en colère là maintenant. Seulement, ça fait tout de même mal d'être rejeté parce que j'ai désespèrement besoin de quelqu'un. De lui. J'ai envie d'être dans ses bras. De m'abandonner avec lui. De ressentir autre chose que cette douleur qui me vrille la poitrine. Je voulais juste un peu de plaisir. Oublier pendant quelques instants.

Je comprends son envie d'y aller doucement. J'étais même d'accord avec ça mais j'ai pété les plombs. Je suis paumé et carrément con. J'ai retrouvé la personne qui a compté pour moi et je ne vais pas me mentir, aujourd'hui, je l'aime. Pas comme un pote. Pas comme on aime son meilleur ami. Non. Je l'aime et mes sentiments pour lui se sont développés tellement vite que j'ai du mal à gérer. J'ai enfin l'occasion de vivre quelque chose avec une personne douce et sincère et... La vie me colle une bonne claque dans la gueule. Perdre ma mère c'est perdre une partie de moi. Je suis incapable de faire les choses bien. Je ne fais que de la merde.

Je roule jusqu'à un bar. Je m'arrête et calme mes tremblements. J'inspire et expire longuement. Je sais que dans cet endroit je pourrai trouver quelqu'un pour finir la soirée avec moi. Ici même dans les toilettes, dans ma voiture où ailleurs. Une belle fille ou un mec, un blond de préférence, pourrait parfaitement faire l'affaire. Mais peu importe mes envies. Je peux me faire n'importe qui ce soir, ce ne sera pas Travis. Personne ne pourra le remplacer. Je vais juste aller boire un verre. Je ne ferai pas ça. Je ne sais pas ce que nous sommes exactement mais même envisager de coucher avec quelqu'un d'autre, c'est comme si je le trompais déjà. Je ne peux pas. Je préfère être frustré pendant un moment que de le trahir.

Je suis un mec bien... Je suis un mec bien...

Je me répète cette petite phrase qu'il m'a dite lors d'une conversation un soir. Un mec bien n'aurait pas claqué la porte de cette façon. Je vais rentrer. J'ai juste besoin d'un peu de temps.

Me bourrer la gueule ne me fera pas me sentir mieux mais là, je n'ai rien d'autre à faire. Je pousse la porte et vais directement au comptoir. Je commande une boisson et j'attends perdu dans mes pensées. Je glisse la monnaie sur le zinc et me perds dans la contemplation de mon verre. Je devrais être en train de m'excuser pour mon comportement. Je vais le faire. Il ne mérite pas d'être seul alors que c'est moi qui suit responsable de la situation. Mon portable vibre dans ma poche.

-Oui ? Je demande d'une voix tremblante et cassée.

-Où tu es ?

-Dans un bar... J'ai...

-Rentre à la maison Parker. S'il te plaît.

Je sens un des noeuds qui serraient mon coeur se dénouer doucement. "La maison". C'est exactement où je devrais être en ce moment.

-D'accord.

Sans avoir touché à l'alcool, je reprends la route en sens inverse. Il est devant la porte quand je me gare. Il ne me laisse pas le temps d'avancer qu'il me colle contre lui et me serre très fort.

-Me fais plus un coup pareil.

-Pardon... Je suis désolé.

Je m'accroche à lui comme à une bouée de sauvetage. Mais encore une fois, je le sens qui se raidit. Et ça me fait mal...

-Travis ?

-C'est... Euh... La voiture qui vient de passer. Ça fait des jours que je la vois tourner ici et ce n'est pas un habitant du quartier. C'est rien. Un peu de paranoïa. Rentrons.

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