Be Free

Chapitre 4

Âme sensible, s'abstenir...
Je pense que même si ce n'est pas tout à fait terminé, ce sera le chapitre le plus difficile de l'histoire.

*****

J'ai simplement confié à Billy que mon oncle était sévère. Je ne voulais pas tout lui raconter. J'avais beaucoup trop honte pour ça. Nous étions toujours aussi proches. Il ne m'en voulait plus de ne pas être venu à son anniversaire maintenant qu'il savait la vérité.

Edward restait fidèle à lui-même. Je faisais mon possible pour ne pas l'énerver et ne le croiser que très peu. Une nouvelle année est passée sans que je ne revois les Mayers. Nous étions pourtant de la même ville mais le quartier où j'habitais n'avait rien de semblable au leur. C'était comme une petite ville à l'intérieur d'une autre. Des gens comme eux n'avaient rien à faire dans les bas fonds.

J'avais quatorze ans quand j'ai remarqué que mon ami me faisait vraiment ressentir des choses qu'il ne devrait pas provoquer chez moi. Il partageait toujours ses repas avec moi et je me trouvais de plus en plus misérable avec mes fringues trop petites et mon absence de nourriture. Il s'en fichait. C'était naturel pour lui de faire ça. Il était très généreux. Quand nous étions ensemble, j'oubliais un peu de ma peine. J'étais bien. Pas comme dans la maison des cauchemars.

Nous avions traîné en chemin en nous chamaillant comme les enfants que nous étions. On s'amusait à refaire le monde. Je me fichais bien des conséquences. Pour une fois, depuis longtemps, je me sentais vivant, heureux, aimé et en paix. Je ne voulais pas que ça cesse.

-Je t'aime vraiment beaucoup, avait murmuré mon ami en plongeant ses yeux dans les miens.

-Moi aussi.

Il ne remplacerait jamais Parker, même si j'avais passé moins de temps avec lui qu'avec Billy, mais son amitié valait énormément pour moi. Tous les deux gênés par notre confession, nous avions baissé la tête puis repris notre chemin.

Mon oncle était devant la maison à m'attendre. J'allais prendre très cher. Je le sentais. Son regard me le disais. Je m'étais instantanément raidi. Billy l'avait senti et m'avait brièvement tenu la main en signe de soutien. Il n'y avait rien d'autre à voir dans ce simple geste entre amis mais lui, cherchant toujours une excuse, il a vu quelque chose d'autre. J'ai regardé mon camarade s'éloigner puis j'ai franchi la porte en prenant une grande respiration. J'attendais ma punition.

-Alors comme ça t'es une petite tapette Travis ?

-Non, avais-je dit fermement avant de me prendre un premier coup dans la mâchoire.

J'avais tremblé sous l'impact mais encaissé sans broncher. J'avais l'habitude et puis si je disais quoi que ce soit, si je faisais le moindre geste, ça aurait été pire. Je devais me montrer plus fort que lui.

-Et en plus t'es un menteur !

Cette fois c'est ma pommette qu'il a touché. Je grimaçais. Je serrais les dents pour ne pas pleurer. Je ne devais pas craquer. Je ne devais surtout pas lui donner ce plaisir.

-Alors ?

-J'ai pas menti. C'est mon ami. Il a juste fait ça comme ça.

Je ne voyais pas ce que j'aurais pu dire d'autre. C'était la vérité.

Mon arcade s'est ouverte après le coup suivant. Le sang coulait sur mon visage. Je sentais la brûlure infligée par cette blessure dans toute ma tête. Ce n'était pas la première fois mais c'était toujours aussi peu agréable. En même temps, qui a-t-il d'agréable à se faire martyriser ?

-Ton père t'as dit ce que faisaient les lavettes ensemble hein ?

-Je... Je veux pas savoir. Je fais rien avec Billy.