En fin.

13 4 0
                                    

Alors que Maïnda essaie de briser ce mur en envoyant des coups violents, les autres légèrement en retrait essaient de recourir à leurs pouvoir aussi. Pablo effectue une chorégraphie, fluide et sensuelle, comme un danseur de capoeira, et fait apparaître autour de lui une buée délicate de vent, qui emporte sur son chemin les feuilles d'automne. Il concentre toute son énergie de manière à former une tornade autour de lui, qu'il a l'intention de propulser directement au centre du mur. Szymon, un genoux à terre, les mains jointes en prière devant lui, est en train de dégager des flammes sur son dos, ses yeux, comme ceux de Pablo ont changés de couleurs. Pablo ses yeux sont devenus marrons châtaignes, Szymon quant à lui ses yeux sont oranges et rouges. Kalinda remarque que ses frères sont en pleine transformation, au fond d'elle tout ça lui fait peur, mais elle va devoir faire abstraction de son ressenti, ils sont soudés, tous ensembles pour découvrir ce secret. 

Toutes les tentatives de destruction ont échoué, mais ils ne perdent pas espoir, il y a forcément une solution. Maïnda s'assoie un instant par terre, en tailleur, les coudes sur les genoux, la tête dans les mains en réfléchissant à la manière dont ils pourraient, contrer ce mur énergétique.

- Le meilleur moyen, se dit-elle, c'est d'unir nos pouvoirs, c'est ce qui nous a toujours aidé jusque là. Je suis capable de me servir de l'eau et de la transformer en glace, l'eau ou la glace toute seule ça ne servira à rien. Kalinda j'aurais besoin que lorsque tu me vois utiliser mon pouvoir, tu commandes le sable pour qu'il vienne se mêler à l'eau. Szymon quand à toi j'aimerai que tu ajoutes le feu, de toutes tes forces, nous devons transformer ce mur en verre de glace, cristalliser chaque particule pour pouvoir la détruire. Pablo, j'aurais besoin de toi pour le final, tu sauras en temps voulu, explique Maïnda à l'équipe, très sûre de son plan. 

Elle se relève, les yeux hypnotisés par sa détermination et son plaisir de destruction, les jambes légèrement écartée, les pieds bien ancrés au sol, les bras tendus sur le côté, les paumes en direction du mur. Elle respire lentement, de grande bouffée, pour recharger au maximum ses poumons et bien oxygéner son cerveau. Elle commande le liquide avec une puissance inouïe, l'eau de l'abreuvoir se soulève, des milliers de petites gouttelettes se déplace dans les airs, venant de tous les côtés. Ces gouttes surplombes toute l'équipe et n'attendent que l'ordre de venir se disperser sur ce mur énergétique. Pendant ce temps, Kalinda se tient prête, lorsqu'elle voit toutes les gouttes s'avancer superficiellement dans les airs, et se positionne elle aussi les pieds bien ancrés dans la terre, les paumes en direction du mur, soulevant des centaines de milliards de grains de sable formant un nuage vaporeux qui devient de plus en plus sombre et massif. 
La jeune brune attend les instructions de sa sœur, un simple regard ou le moindre geste, elle comprendra alors qu'il faut agir. Szymon est toujours genoux à terre, le feu qui émane de son dos est de plus en plus dense, les coéquipiers ressentent la chaleur même à quelques mètres. Il se tient prêt lui aussi, à intervenir, il sait à quel moment il doit agir. Pablo qui n'intervient qu'à la fin, le clou du spectacle, comme il dit, regarde avec nonchalance et admiration. 

Judyïan observe depuis la fenêtre de la cuisine, elle est épuisée, à bout de force, elle a peur pour Gaëtan. Il est hors de question que les enfants mettent son bien aimé en danger, elle avait réussit à le protéger toutes ses années, à le garder prêt d'elle, en vie, elle se dit que s'il sort de cet endroit, il deviendra vulnérable, malgré le décès de Zaoï, elle n'avait pas envie de prendre le risque, jusqu'alors c'est toujours interdit d'avoir une relation entre Céleste et non-Céleste. Elle n'a vu aucune loi prétendant le contraire, donc elle s'oppose fermement à ce que les enfants réussissent à pénétrer cet endroit. Elle a fait croire à Eitan qu'elle ne s'y opposerait pas, mais c'est plus fort qu'elle, quand elle a vu la cohésion entre ses quadruplés, elle a pris peur face à cette puissance indescriptible. Ils avaient hérités des pouvoirs de Zaoï après tout, et L'Univers seul sait combien elle était invincible. 

Maïnda inspire encore une grande bouffée, bloque sa respiration et propulse brutalement ses deux bras emportant avec eux les gouttes flottantes, venant s'écraser et recouvrir le mur entier. De là, Kalinda reproduit à l'identique chaque geste, dans un parfait mimétisme, pour recouvrir le mur de sable, le mélange se fait immédiatement. Intervient alors Szymon, qui envoie une vague de feu contre la matière préfabriquée par ses sœurs. En quelques secondes, ils peuvent observer la cristallisation de leur matière, figer les particules énergétiques du mur et le transformer en verre de glace. C'est magnifique ce que peut faire la science, du sable un peu d'eau, une température très élevée voilà qu'un rien se transforme en verre, que Maïnda métamorphose en glace pour fragiliser le concept. C'est là que Pablo entre en scène, Maïnda lui jette un regard et un petit clin d'œil plus tard, Pablo, à la vitesse de la lumière, tourne, tourne, tourne sur lui même provoque une tornade en rigolant, en gloussant en s'esclaffant, en se gaussant, et explose  l'oeuvre en poussière, quand Maïnda lui ordonna de le faire, bien-sûr.

Judyïan s'est effondrée, son corps ne tenait plus, ses muscles entiers se sont relâchés, les articulations sont devenues molles. Elle est étalée là sur la tomette de la cuisine, en dessous de la fenêtre d'où elle observait ses enfants réussir à détruire ce qu'elle s'efforce de protéger depuis tant d'années. Sa respiration est lente, presque imperceptible. Elle git là, sans que personne ne se soit rendu compte de rien, ne pensant plus à rien, elle n'en a plus la force de toute manière. Il n'y a plus qu'à espérer qu'ils reviennent à la maison avant son dernier souffle, pour avoir espoir de la sauver. 

Le téléphone d'Eitan retentit, l'euphorie de la réussite s'estompe, la réalité refait surface. Eitan répond l'air heureux d'avoir des nouvelles de son interlocuteur. Souriant, il s'éloigne du groupe. Qui peut bien être cette personne, il s'était déjà éloigné au journal pour téléphoner, qu'a-t-il à cacher? Maïnda se pose, comme à chaque fois un milliard de questions, une pointe de jalousie en prime, elle s'imagine que cela pourrait être une femme, et perd toute confiance en elle. Kalinda voit la mine déconfite de sa jumelle, elle saisit l'émotion qui déstabilise l'intrépide jalouse et fait un petit bisou sur sa joue toute chaude de Maïnda. 

- Il va falloir que nous retournions au journal, de toute urgence, la dame de l'autre jour s'est repointée, elle te cherche Maïnda, elle ne veut parler qu'à Maïnda et moi, mais je pense qu'on ne sera pas trop à y aller tous ensembles, avec ce qu'il vient de se passer, je ne vous cache pas que je serais plus rassuré, avise Eitan à tout le groupe.

- D'accord, on n'a pas de temps à perdre, confirme Maïnda en se téléportant jusque dans la chambre pour chercher ses affaires.

C'est Pablo qui a retrouvé Judyïan à terre. Il fait un geste de recul pour protéger Kalinda, et se précipite ensuite auprès de sa mère et constate qu'elle respire encore. Il la porte jusqu'au canapé, pour l'allonger, vérifier ses constantes, il avait déjà eut à faire ses gestes de secours dans d'autres circonstances. Pablo a pu sauver la vie d'un homme qui faisait une crise cardiaque dans les rues de Mexico, grace à ce don. Maïnda regarde son frère faire, complètement perdue, les pensées dans les souvenirs de sa grand-mère. Même si Judyïan ne l'a pas élevée, c'est sa mère quand même. Maïnda demande à Pablo de faire de son mieux, pour sauver leur mère. Elle a la voix qui tremble de se retenir de pleurer, même si ses yeux la trahissent. 

Le dilemme les étouffent, rester ici au chevet de leur mère, ou partir au journal, pour en savoir plus sur la vieille dame. Se diviser et prendre le risque de la force, ou qu'une moitié parte en éclaireur au journal et que l'autre moitié reste ici se tenant prêt à décamper en cas de besoin... Ils hésitent, jusqu'à ce que le téléphone d'Eitan retentisse à nouveau, c'est son collègue qui s'impatiente, la vieille dame est insistante.

- On va devoir y aller Maïnda, je pense que nous n'avons plus le choix si nous voulons en savoir plus, tu sais comme moi que cette personne n'est pas conventionnelle. Tu n'as pas envie d'en savoir d'avantage? 

- Allez y, ne vous en faites pas pour moi, partez les enfants, et pardonnez moi, je me devais de protéger mon amour, pardon, pardon, pardon... Confesse Judyïan avec une voix soufflée.

Chaque enfant dépose un baiser sur le front de leur mère, bien qu'inquiets pour elle, ils décident de poursuivre leur mission, ils ne sont pas lâches non, et puis elle leur a donné son accord. 

Les sacs sur les dos, les mains dans les mains, une belle ronde formée, ils ferment les yeux, se concentrent sur l'endroit qu'ils veulent atteindre et se téléportent et en une fraction de seconde se retrouvent dans le débarras à côté du bureau d'Eitan, pour arriver discrètement. 

Les oubliés de Missunder [CORRECTION/REECRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant