Admettons que Pablo et Maïnda soient jumeaux, les lettres parlent de quatre éléments de l'univers, ce qui signifie qu'il y a un autre frère ou une sœur peut-être. Kalinda et Pablo ont les cheveux foncés et bouclés tous les deux et surtout, les trois adolescents ont les mêmes yeux. Quelles sont les probabilités d'avoir les mêmes yeux et qui plus est, de se rencontrer ou de se fréquenter depuis la petite section de maternelle ? C'est évident que l'univers veut qu'ils se réunissent, ça ils l'ont bien compris, ce pourquoi ils doivent partir à la recherche du quatrième membre de la fratrie.
Pablo, a déjà rencontré ce garçon, il en est convaincu. Ces yeux si particuliers ont marqué à jamais sa mémoire. Mais il ne se souvient pas d'où venait ce touriste, ça aurait pu faciliter les recherches.
Maïnda est pensive, comment sa famille a pu lui cacher ça pendant tant d'années ? Pourquoi lui a-t-elle caché qu'elle a des frères et sœurs ? La jeune fille est perplexe, elle se sent trahie, déçue et a peur de découvrir la vérité. Ceci dit elle comprend mieux pourquoi elle se sent si proche de Kalinda depuis toujours et de Pablo depuis leur rencontre.
Les ados sont ravis de l'idée d'être triplés ou quadruplés - si il y a un quatrième enfant-. Ils doivent partir à sa recherche et pour ça un passage dans le grenier sera nécessaire, persuadés qu'ils trouveront des réponses sur l'endroit où se trouve le jeune frangin.
Même mode opératoire que les soirs précédents, ils retournent dans le grenier fouiller, encore. Ils fouinent dans tous les albums photos, il reste encore des tonnes de lettres à lire, seize ans de correspondances, ils ne seront pas trop de trois pour tout analyser. Pablo démonte le tiroir pour le poser au sol, ils s'accroupissent autour du tas de lettres et mettent environ trois heures pour tout lire dans les grandes lignes. En farfouillant dans le tiroir, Maïnda trouve une carte postale de Pologne. Varsovie. Elle a déjà lu des livres sur l'histoire de la Pologne, mais ne voit pas le rapport avec l'histoire de la famille.
Pourquoi Varsovie ? Dans quelles circonstances cette carte a-t-elle atterri dans ce tiroir ?
Maïnda retourne la carte. "Szymon", est écrit grossièrement à l'encre noire. Malgré les bavures que le temps a causé, Pablo réussit à déchiffrer sans mal. Il arrache la carte des mains de Maïnda, pour regarder de plus près. Les sourcils froncés, ce mot semble l'interpeller. Il se gratte la tête quelques secondes, ébouriffe ses cheveux et réfléchit encore. Kalinda continue de lire les lettres.
Varsovie !
- Tiens ! Ils parlent de Varsovie ici aussi. Mais juste pour dire que c'est une très belle ville. Qu'on mange de bons falafels et d'autres spécialités locales. Il est dit que le feu est chaud, qu'il est bien entretenu. Que les arbres fruitiers sont fleuris. En fait, rien d'apparence très intéressante... Dit Kalinda perturbée.
Les adolescents sont épuisés de leurs investigations, mais la curiosité de savoir ce que signifie Szymon les taraude tellement qu'ils ne peuvent pas envisager de se reposer maintenant.
Ils continuent encore de lire, plus en détail, pendant deux bonnes heures. Captivés par les récits entre Z et J, ils essaient de chopper le maximum d'informations. Maïnda prend des notes, aidée par ses camarades, pour faire le bilan le lendemain dans la journée. Le voyage à Varsovie va être préparé en bonne et due forme. Des vivres, de quoi se défendre, de quoi fabriquer un abri, dispersés dans 3 sacs à dos. Quelques pages imprimées sur la ville, avec des cartes pour se repérer. D'ailleurs, ils en profiteront pour regarder ce que signifie Szymon sur internet.
Quelques heures de sommeil seulement et les enfants sont déjà opérationnels. Les feuilles annotées, la carte postale, les questions qu'ils se posent. Face à l'écran, très concentrés, Maïnda et Pablo tapotent chacun leur tour sur le clavier, Kalinda quant à elle récupère les pages qui sortent de l'imprimante, en même temps qu'elle inscrit la liste de tout ce à quoi ils doivent penser pour partir. Pablo cherche la définition de Szymon : « -Simon ? » se demande Pablo. Et d'un coup, l'information percute dans sa tête.
- Simon ! Mais oui je vois exactement, c'est le touriste avec qui j'avais sympathisé à Mexico. Ce petit blond vénitien qui ne payait pas de mine. Il semblait pourtant plus jeune que nous, mais pourquoi pas, l'idée se tient. Il avait les mêmes yeux que moi. Les mêmes yeux que nous ! Affirme le jeune homme sûr de lui.
Maïnda est l'eau, Kalinda est la terre, Pablo est le vent, donc Simon serait le feu. Déduction faite, c'est probable. Mais il faut l'avouer, ça semble bien trop simple et ils vont vite s'en rendre compte.
Ils préparent leurs affaires, tranquillement, discrètement, pour ne pas éveiller les soupçons sur leur départ. Maïnda cherche ses lunettes de soleil, ses yeux sont sensibles, elle ne peut pas partir sans. Seulement impossible de mettre la main dessus ! Ses lunettes ont disparues. Tant pis, ils en achèteront sur place. Kalinda de son côté fouille partout dans la chambre, redescend dans l'entrée, remonte dans la salle de bain, redescend au salon. Elle ne trouve pas ses chaussures. Pablo, lui, cherche sa veste. Une série de petits actes qui les mettent dans le doute. C'est une intervention divine. Seraient-ils en train de devenir fous ? Ils ne peuvent pas être trois à perdre leurs affaires.
Lorsque Kalinda revient vers son sac à dos elle se rend compte que la trousse de secours à disparue elle aussi. Maïnda sent la colère l'envahir. Elle ne compte pas se laisser faire par ses tantes, ou quiconque les empêcheront d'accomplir leur mission.
Elle descend en fureur, hurlant dans toute la maisonnée, exigeant une réunion familiale pour mettre les choses au clair ! Tout le monde se précipite obéissant, pour se réunir, inquiet, dans le salon.
Maïnda est devenue tempête, on peut observer autour d'elle un halo brumeux grisâtre, vacillant le long de ses bras et derrière sa tête, devenant de plus en plus épais.
Personne ne dit mot et ose à peine respirer tant la tension est lourde.- Alors qu'on se le dise, je pense avoir été claire en vous lâchant la main lorsqu'on devait aller à la rivière. Je veux choisir mon chemin. Je veux décider de ce que je fais ou pas. Et là, on compte partir à Varsovie et on ira, que vous le vouliez ou non ! N'essayez pas de nous en empêchez, je pense que vous n'êtes pas prêts de ce qu'il pourrait se passer, si quelqu'un essaie encore de nous mettre des battons dans les roues ! Ordonne la jeune fille déterminée.
Le silence s'étouffe contre les murs ! L'air se fait manquant. Cristal a les larmes montantes, de voir tant de rage dans les yeux de sa protégée. D'un claquement de doigts, elle fait réapparaître à leur place respective chaque objet qui manquait. Zaoï lui jette un regard noir, elle l'avait pourtant prévenue de les laisser faire. Cristal tente de se dépatouiller et d'expliquer que ce n'est pas elle qui a fait ça, mais Zaoï, persistante, la fait taire immédiatement.
Maïnda monte à l'étage grognant tel un dragon, claquant la porte si violemment qu'elle en fait tomber les cadres photos accrochés au mur de sa chambre. Lorsqu'elle se penche pour ramasser les bouts de verre, elle aperçoit une pièce cuivrée. Après une longue hésitation, elle ramasse la pièce et l'observe attentivement. Une jarre versant de l'eau en relief décore cette somptueuse pièce de monnaie. Quand elle la pose au creux de sa main gauche pour voir ce qu'il y a sur l'autre face, elle sent la chaleur s'emparer de sa paume, des fourmillement dans ses doigts, accompagné d'un resserrement de la poitrine. Maïnda tombe, étourdie, la pièce de monnaie toujours bien ancrée dans sa paume. Des visions lui apparaissent bien claire dans sa mémoire. Un collier avec un support circulaire, des petites perles gravées de runes dispersées sur une chaînette. Elle voit le collier dans une boite accrochée sur un mur, avec un autocollant dessus, mais n'arrive pas à décrire ce qu'il y a dessus.
C'est très perturbant pour ses amis qui la regardent perplexes. Maïnda se relève brusquement, écrasant les éclats de verre.
- Je crois que cette pièce à quelque chose de spécial, je viens d'avoir une vision un peu floue, mais je suis certaine qu'il y a un rapport avec un collier.
Ses jambes se lâchent totalement, Maïnda retombe comme un sac de ciment. Ses genoux lui font mal et une autre vision s'empare de son esprit. Une cordelette avec un pendentif en terre cuite accroché sur une fenêtre et une gourmette en argent dans un coffret fermé à clé et un bout de papier qu'elle n'arrive pas à discerner.
Maïnda comprend alors que ces objets ont un lien avec son histoire, avec leur histoire à tous les quatre. Ces amulettes vont leur permettre de développer leurs pouvoirs. Mais ça ils l'apprendront plus tard.
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Les oubliés de Missunder [CORRECTION/REECRITURE]
ParanormalMaïnda Jowel, descendante d'une des plus grande dynastie de City Above, ville dissoute à sa naissance, vit désormais avec les membres restant de sa famille, à Missunder. Héritière de la lignée, elle découvre lors de son seizième anniversaire, être d...