Allongée sur mon lit, mon ordinateur portable sur les genoux, j'observais les photos d'Instagram et les tweets de Twitter. Je n'avais aucune expression sur le visage, ni vraiment d'émotions. J'étais juste parfois un peu énervée par les tweets totalement débiles et mal orthographiés, qui plus est, qui passaient dans mon fil d'actualité. D'autres, me faisaient un peu rire. Et sur Instagram, j'enviais les corps de certaines filles qui faisaient du fitness. Et je n'arrêtais pas de me dire que, de toute façon, elles avaient dû faire beaucoup d'entraînements de sport pour en arriver là, que les photos sont prises avec des angles très précis, des lumières calculées, prises par des professionnels, et surtout, retouchées. Avoir un esprit critique sur ce que l'on voit sur le net peut vraiment nous aider à ne pas perdre la face. Il ne faut pas croire tout ce que l'on entend ou l'on voit. Crois-moi, je sais de quoi je parle. Les rumeurs, les ragots, ça passe d'une oreille à l'autre comme une trainée de poudre, et ça détruit des vies. Tu ne sais pas quels impacts peuvent avoir les mots dans l'avenir, ni sur la personne qui les reçoivent en pleine figure. Entendre des injures, des choses fausses sur soi-même, ça détruit. Malgré le fait que tu sais que c'est faux, tu commences à te poser des questions, à te demander s'ils n'ont pas raison. Et c'est à partir de là que tout empire. A partir du moment où tu doutes. Tu doutes de toi. Et tout s'effondre d'un coup.
Maman m'appelle pour descendre manger. Je lui dis que j'arrive. Nous sommes mardi, c'est le jour des pâtes. Des pâtes carbonara, très souvent. Malheureusement. Avant, il y a encore un ou deux ans, pas plus, c'était mon plat préféré. Mais la viande a commencé à me dégoûter. A la cantine, je n'en mange plus, je prends un repas végétarien. Heureusement que papa ne le sait pas. Il ne veut pas que je devienne végétarienne maintenant, il dit que ce n'est pas une bonne idée pour mon âge. A ma majorité, j'arrêterai de manger des cadavres, c'est tout. Ça me dégoûte, il ne comprend pas ça. Je prends une grosse assiette de spaghettis, et je laisse un peu plus de lardons à ma maman. Je prends un yaourt nature, et une pomme. Nous ne parlons pratiquement pas durant le repas. Seulement maman qui raconte sa journée de travail, mais je ne l'écoute même pas. Ça m'ennuie, et ça m'énerve. Cela fait depuis l'année dernière que j'ai arrêté de parler de mes notes, du lycée. J'en parle quelques fois, quand j'en ressens l'envie ou le besoin. Lorsque j'ai eu une note importante, ou que le professeur d'histoire a encore fait des siennes. C'est vraiment un cas à part. J'espère que je ne l'aurai pas l'année prochaine.
Toutes ces histoires à son travail, ne m'intéressent absolument plus. A part la voir s'énerver, souffler, et moi, être en face d'elle, totalement effacée, en train de manger sans pensées, je n'en vois pas l'intérêt. Je remonte dans ma chambre, tel un robot, et ils continuent de parler du travail de maman. Ils s'agacent à deux, et sont impuissants face à la situation. En réalité, nous sommes impuissants à énormément de situations dans la vie en générale. Tous les jours. Toutes les minutes. Toutes les secondes qui passent nous sommes impuissants pour toutes sortes de choses. Le travail, les personnes, notamment leurs pensées, la pauvreté, la famine, l'injustice, la mort, la vie.
Il n'est que dix-neuf heures trente et il fait nuit. C'est vraiment un temps déprimant ; il fait froid, noir, il pleuviote, neige, bref... le soleil n'a plus prouvé son existence depuis bien des mois. Comment le climat peut jouer sur notre moral, c'est dingue. Malheureusement, j'ai énormément réfléchi pendant les vacances d'été, et je sais qu'il n'y a pas que le temps qui fait que je vais mal. Je vais mal, et ce, depuis quelques temps. Depuis bien des mois que je fais semblant d'aller bien. Que je vais en cours chaque jour le sourire collé à mes lèvres, que je parle à mes amis, comme si de rien n'était. Comme si tout allait bien dans ma vie, dans le plus parfait des mondes. Mais tout ne va pas bien. Loin de là.
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Broken and Lost
Non-FictionD'un coup, le monde entier s'effondre. Tout te semble trop compliqué. Tu es perdu. Tu es fatigué, tu n'en peux plus de vivre. La vie est devenue trop compliquée. Tout ne tient qu'à un fil. Et la seule question suspendue à tes lèvres demeure celle-ci...