Dans le bus, pour rentrer chez moi, j'avais encore le cœur qui battait la chamade. Je tremblais encore un peu au niveau des jambes. J'avais tellement peur de refaire une crise de panique dans le bus. Il n'y avait aucune raison particulière, mais je ne savais toujours pas pourquoi j'en avais fait une dans les couloirs du lycée. Je pouvais donc m'attendre à tout, et j'étais sur mes gardes. Et je pense que c'est ça qui est dangereux : être sur ses gardes. A chaque instant. Toutes les secondes je fais attention, je suis sur mes gardes, je me contrôle, j'examine les gens autour de moi, et je me méfie de tout et n'importe quoi. Mais il y a des raisons à tout ceci.
Examiner les gens, les observer, regarder leurs faits et gestes, c'est toujours un truc que j'ai adoré faire. J'ai peut-être faux dans mes analyses, mais j'adore regarder les mouvements de leur corps, essayer de savoir à quoi ils pensent, et établir une hypothèse sur leur état psychique. Oui, je veux faire psychologue plus tard. Cela se voit tant que ça ? Après bien évidemment, le métier de psychologue ne se résume pas qu'à ça, mais ce n'est pas le sujet.
Pour ce qui est de mes émotions, d'essayer de me contrôler coûte que coûte, je n'ai juste pas envie que quiconque arrive à percevoir ne serait-ce qu'une bribe de ce qui se passe en mon for intérieur. Surtout lorsque moi-même, je n'ai aucune idée de ce qui s'y passe. Les personnes ne savent pas à quel point c'est stressant et compliqué d'expliquer ce qui se passe dans notre tête, quand nous-mêmes nous ne comprenons pas. J'ai commencé à développer cette sorte de manie, il y a quelques temps. C'est-à-dire que j'essaye de refouler mon flot d'émotions au maximum. Pour qu'il se voit moins. Pour qu'on me laisse tranquille. Pour que l'on ne me pose pas de question. Pour ne pas que je fonde en larmes devant quelqu'un m'ayant demandé « Ça va ? Parce que ça n'a pas l'air ». Pour ne pas que je doive lui expliquer ce qui me tourmente. Même si c'est infime. Même si ça ne révèle même pas le quart de mon mal-être. Et j'ai aussi appris que, il ne faut jamais raconter ses sentiments. A personne. Si tu dis tes faiblesses à quelqu'un, il s'en servira contre toi. Il appuiera à l'endroit même où il sait que ça fait mal. Tu donnes à autrui toutes les clés pour te mettre plus bas que terre s'il le souhaite. Et crois-moi, si tu tombes sur la mauvaise personne, elle le fera. Alors je suis devenue silencieuse. J'ai commencé à me cacher, à fuir les couloirs, et à courir presque pour être seule. Je fuis le monde. Et comme on dit, les personnes silencieuses sont celles qui ont les esprits les plus bavards. Dans mon cas, la règle se confirme.
J'ai l'impression de fuir le monde depuis le collège. Depuis la classe de 5ème-4ème j'ai l'impression de ne pas être à ma place. Cette impression s'est accentuée petit à petit en 2nde. Puis, j'ai ancré l'idée dans mon esprit que ce n'était pas qu'une impression. Je ne suis pas à ma place. Nulle part. A aucun instant. Alors, j'évite les relations sociales au maximum. J'ai des amis, soit, mais je n'ai pas l'impression de les mériter. Et je n'en ai pas à perte de vue, non plus. Mon cercle s'est énormément restreint, pour faire confiance au moins de personnes possibles, pour pouvoir être brisée le moins possible.
Toujours se demander s'il est fidèle, fiable, honnête, qu'il t'aime pour qui tu es, et qu'il ne partira pas à la moindre embûche. Si tu peux lui faire confiance, quoi qu'il arrive. S'il restera près de toi, à panser tes blessures, si d'autres ont fait couler tes larmes à rétrécir ton cœur. Puis le seul qui pouvait t'aider deviendra la source de tous tes malheurs. De toutes les larmes que tu feras couler. De toutes les gouttes de sang qui tomberont. Alors, tu fais encore de moins en moins confiance. Tu doutes. Tu doutes des autres, mais surtout tu doutes de toi. Et là, tout s'effondre. A partir de l'instant où tu doutes, où tu te poses la question « Est-ce-que je l'ai mérité ? », ton monde qui gravitait si paisiblement se casse la figure. Surtout lorsque la réponse « Oui » sonne relativement juste à tes oreilles. Et il est très compliqué de se relever de cette chute. Pas impossible, mais ardu. Confucius avait dit : « Notre plus grande gloire n'est point de tomber, mais de savoir nous relever chaque fois que nous tombons. » Très connue, mais ça fait toujours son effet. En même temps, qui a dit que la vie était juste et simple ? Personne. Ou alors, c'est qu'il n'a jamais connu ni vécu une véritable vie.
VOUS LISEZ
Broken and Lost
SachbücherD'un coup, le monde entier s'effondre. Tout te semble trop compliqué. Tu es perdu. Tu es fatigué, tu n'en peux plus de vivre. La vie est devenue trop compliquée. Tout ne tient qu'à un fil. Et la seule question suspendue à tes lèvres demeure celle-ci...