Le gros souhait. Troisième partie - Peter

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— Il faut que tu m'aides ! Pitié !

Je levai des yeux étonnés vers Xilena. Il y a dix secondes, elle avait l'âme d'une rebelle, en disant « tout va bien se passer ! » Et maintenant, elle était à deux doigts de la panique. Elle agitait devant moi un bout de papier, son heure de rendez-vous inscrit dessus. Il était un peu avant seize heures.

— Où est le problème ? demandai-je d'un haussement d'épaules.

— Faut que t'ailles à côté pour moi. J'ai pas le temps ! À peine les cours terminés qu'il faudra encore que le reste pour assister à cette saloperie de rendez-vous !

Elle semblait vraiment à cran, la peau rouge et les yeux brillants. Et enfin, je compris ; elle n'avait pas encore fait son vœu si important.

— Oh ! Oh oui, bien sûr, je vais le faire ! Le mien est qu'à dix-huit heures, j'ai amplement le temps.

— Merci !

Je voulus répondre un modeste « pas de quoi », mais elle ne m'en laissa pas la possibilité, me serrant dans ses bras avec force. Je restai complètement figé, observant avec un mélange de surprise et d'embarras les visages étonnés qui s'étaient retournés vers nous, depuis les quatre coins de la salle de classe. Je voyais même la meilleure amie de Xilena, Maya si je me souviens bien, tirer une tête de six pieds de long.

— Tout le monde nous regarde, murmurai-je.

Xilena recula aussitôt d'un pas, passant les mains sur son teeshirt comme pour lisser les plis. Deux grosses plaques rouges étaient apparues sur ses joues. Elle répéta un faible et timide « merci » avant de filer retrouver sa copine.

— Tant qu'à y être, tu pourrais faire la même chose pour moi ? demanda Amy en se penchant légèrement sur sa chaise.

— Bien sûr... un de plus et on pourrait m'appeler le faiseur de vœux. Avoue que ça a de la classe, comme nom !

— Mouais, si tu le dis, fit Amy avec une grimace.

Puis elle se leva et alla s'assoir un peu plus loin, avec l'une de ses amies, et elles se mirent à papoter et à rigoler. L'autre, une grande brune avec des lunettes ronde et dorée, n'arrêtait pas de me lancer des regards au-dessus de sa monture.

L'ambiance commençait à être plutôt lourde. À quoi bon attendre ? Je vais y aller maintenant, dans le monde d'à côté. Ça ne me prendra certainement pas une éternité pour arriver là, faire un ou deux vœux, et repartir aussitôt !

҉

J'avais suivi le trajet du bus avec mon téléphone. Je le trouvai à deux pas de l'école, comme s'il savait que je le cherchais. Le vieux me salua chaleureusement, puis me laissa entrer. J'avais à peine parcouru un mètre dans l'allée centrale que je fus projeté dans un tout nouveau décor. Je souris au phénomène surnaturel, puis mes yeux s'écarquillèrent quand je compris enfin ce qui se passait. Je hurlai de panique et de surprise avant de m'accroupir derrière un tronc qui était tout près de moi.

Je pris une grande inspiration pour essayer de me calmer, puis me risquai à sortir la tête de ma cachette. J'avais atterri dans une clairière, avec quelques arbres par-ci, par-là. Au loin, un paysage magnifique de colline et de petite montagne découpait un ciel qui semblait attendre une tempête. De drôles de nuages roses et violets s'avançaient lentement vers moi, menaçant.

C'était assez beau à voir. Mais ce qui m'avait fait peur, sur le coup, était ce qui devait être un homme-robot avec un énorme fusil mitraillette entre les bras. Il avait une tête de militaire endurci, cheveux blonds en brosse et cicatrice sanglante sur la joue. Il portait aussi une sorte d'exosquelette de métal qui triplait sa taille. Il regardait partout, visiblement à la recherche d'intrus, tout en courant à travers le champ en direction d'une petite cabane en bois, à trois-cents mètres de là.

Le monde d'à côtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant