Le dernier jour. Dernière partie - Branda

82 14 82
                                    

Je souhaite... je souhaite... je souhaite...

Ses mots se répétaient en boucle dans ma tête. Ce n'était pas ma propre voix, mais bien celle de mes quatre protégés. Quand ils faisaient un vœu, ça passait par moi. Je n'avais aucun effort à faire pour les exécuter ; depuis mes quelques centaines d'années de pratique, c'était devenu parfaitement instinctif. Mais c'était tout de même une sensation déroutante, et c'était amplifié par le fait qu'ils les enchainaient, un vœu après un autre.

Un frisson me parcourut l'échine. Je m'arrêtai de marcher, attendant que ça passe. J'étais presque arrivée à destination ; la tour de Gen.

Je m'avançai à nouveau et traversai les grandes portes d'obsidienne. J'aimais imaginer cet endroit comme l'entrée du paradis... ou de l'enfer. C'était décidément dur de trancher.

Un second frisson me surprit. Ils faisaient tellement de vœux... c'était à la fois difficile à supporter, et une bonne chose pour moi.

— Ça va, Branda ?

Je levai les yeux pour apercevoir Krishen. Elle était tout juste devant moi, appuyé contre le mur à attendre l'ascenseur tout en entortillant une mèche de ses cheveux verts autour de ses doigts. Je souris et hochai la tête, ne laissant rien paraitre.

— Oui, ce sont juste les vœux... ils s'en donnent à cœur joie, en ce moment.

Krishen étouffa un petit rire. Elle savait ce que c'était. Le dernier jour, c'était toujours pareil. Ils souhaitaient avoir tout et n'importe quoi. Encore, les jeunes semblaient raisonnables, comparés à d'autres. Certains étaient parfois si bizarres que je pouffais rien qu'en y repensant.

L'ascenseur arriva enfin, ouvrant ses portes devant nous. Krishen y entra la première et elle attendit que je sois à l'intérieur avant d'appuyer sur la touche du cinquième étage.

— Tu vas où ? demanda-t-elle.

— Sixième.

Elle pressa sur le bouton correspondant avant de s'adosser contre un coin. Nous échangeâmes un bref regard, puis elle plongea dans la contemplation de ses ongles.

Encore un frisson. Ça commençait à être lassant. Mais c'était un mal pour un bien ; plus ils en demandaient, plus je recevais de force en contrepartie. C'était étrange, et personne d'entre nous ne savait exactement pourquoi ça fonctionnait ainsi. Certains prétendaient que nos pouvoirs nous avaient été prêtés par un dieu, un surhomme qui ne souhaitait faire que de bonnes choses. Il se servait de nous pour défendre son peuple, parce qu'il était trop occupé à se la couler douce pour le faire lui-même. En échange, tout ce qu'on donnait nous revenait en double, et on pouvait ensuite utiliser cette force pour nous-mêmes. C'était surtout pour ça qu'on choisissait parfois des gens pour faire des vœux ; pour recharger nos batteries. Et en ce moment, les miennes étaient au max.

Certains d'entre nous accordaient des vœux rien que pour ça. Mais moi, j'avais une vraie compassion pour mes protégés. Je les protégeais réellement, au moins pour la semaine.

Contrairement à Krishen qui, il y avait peu, avait tué l'une de ses anciennes protégées.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur le cinquième étage. Krishen balança ses cheveux au-dessus de son épaule et redressa le dos pour s'engager, pleine de confiance, dans le corridor qui s'étendait devant elle.

Je réfléchis en un quart de seconde. J'ordonnai mentalement à l'ascenseur de m'attendre, puis me précipitai à la suite de ma collège.

— Hé, Kris !

Krishen se retourna vers moi, un sourcil en l'air. Elle ralentit le pas et j'en profitai pour la rattraper.

— Quoi ? Je suis un peu pressée, là. J'ai une grande décision à prendre ; je dois choisir à qui accorder des vœux, à partir de demain. Parce que si je saute encore une semaine, j'aurais même plus assez de jus pour faire léviter une chaussette.

Je ris à la comparaison, même si ce n'était pas particulièrement drôle. Non, en fait, ce que je trouvais drôle, c'était qu'elle n'avait plus, ou presque, de pouvoir.

— Je vais faire ça vite. Viens, je veux juste te montrer un truc.

Krishen haussa les sourcils, intrigué, mais ne dit rien, se contentant de me suivre alors que je continuais mon chemin dans les corridors du cinquième étage. Tout au fond, c'était un cul-de-sac, menant à une fenêtre qui donnait une vue du dessus sur la statue d'un elfe qui avait un jour combattu un dragon fou. Il brandissait la tête du monstre d'une main et, de l'autre, pointait son épée vers le ciel.

— T'as remarqué ?

— J'ai aucune idée de ce que tu veux me montrer, dit Krishen.

— Regarde de plus près.

Je fis disparaitre la fenêtre d'un claquement de doigts et poussai Krishen par l'ouverture. Elle hurla de panique, puis tomba pour s'empaler sur l'épée de pierre. Du sang bleu gicla de tous côtés alors que je restai là à observer, un petit sourire aux lèvres.

— Maintenant, t'es assez près ? Je voulais juste te montrer à quel point j'apprécie ton geste...

Je levai les mains, comme une évidence. Je n'avais jamais aimé Krishen.

— Je souhaite que personne ne sache jamais que ce soit moi qui ai tué Krishen. Elle est tombée par accident.

Je claquai des doigts d'un air théâtral, exauçant mon propre vœu, puis tournait les talons.

Et après on se demande pourquoi les djinns sont en voie d'extinction...

--------------------

Alors voila, l'aventure s'achève ici.  Et pourtant, j'ai pas du tout l'impression que c'est terminé. Hélas, c'est effectivement le cas ! Bien qu'il me reste encore la réécriture et les corrections, ce sera pas pour maintenant. Et ce sera probablement pas sur wattpad non plus, alors vous aurez rien de plus que ça.

Je peux aussi vous dire merci d'avoir lu jusqu'au bout, et n'hésitez surtout pas à me dire ce que vous en avez penser, tous le positifs et négatifs m'est important pour que je puisse transformer cette petite histoire en chef d'œuvre ;)

Bisou !

Edit : j'ai commencé une nouvelle histoire qui s'appelle "la légende de Nyirdall". Pourquoi je le dis ici ? C'est juste que cas où le monde d'à côté (du côté de la ville avec les elfes, les fées et tout ça) vous aurait manqué. Parce que ça se passe dans ce monde-là 😏

Le monde d'à côtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant