Chapitre 18

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Le vent fouette mon visage, fait voler mes cheveux. J'avance, lentement mais sûrement dans les ruelles éclairées par les décorations de Noël. J'adore cette période de l'année, cette période de fête, cette ambiance familiale et chaleureuse.

Devant la porte de leur appartement, je grelotte et sonne.  Ne voyant aucun signe de mes amis, je pousse la poignée et ouvre . J'aperçois June et Will, allongés dans le canapé, leurs jambes et leurs bras emmêlés, endormis. Wendy est, elle, assise sur une chaise, somnolant plutôt que de s'intéresser à la paperasse étalée sur la table en bois sur laquelle elle s'appuie.

La télévision fonctionne, offrant à qui le veut un joyeux film de Noël. Que c'est cliché ! Il ne manquerait plus que le parfum de sapin mêlée à celui du pain d'épice. Je rigole intérieurement, ils n'ont pas changé d'un pouce.

Je pourrais rester debout à contempler ce spectacle passionnant, mais je décide de cuisiner quelque chose, étant donné qu'il est déjà 19h.

Je fouille dans les placards au dessus de l'évier, qui sont, à mon plus grand désarroi, vides. Je me dirige ensuite vers les autres meubles, où je ne trouve que des biscuits en tous genre, ainsi que des sucreries. Le réfrigérateur ne contient que quelques boissons. Il ne font jamais les courses ?

Prise de court, et vu l'heure tardive, je m'empresse de trouver le numéro d'une pizzeria, et de commander trois pizzas.

Je retourne dans le salon, et saute sur le jeune couple en chantant à tue-tête. Will sursaute, et tombe sur le sol, entraînant son amoureuse dans sa chute.

Wendy, alertée par le bruit de la chute, poussa un cri perçant.

Je me retiens de rire face à cette scène inhabituelle, devenue normale à mes yeux après plusieurs mois passés à leurs côtés.

- Pour ceux que ça intéresserait, je lance d'une voix forte, j'ai commandé de la pizza! Vous devriez probablement aller faire les courses un de ces jours.

- À quoi, me demande sèchement mon ami. Et puis si tu n'es pas contente, vas voir ailleurs !

Mon sourire disparaît aussitôt, laissant place à un visage surpris. Je regarde June, essayant de comprendre ce soudain changement d'attitude. Je ne lis dans ses yeux que la surprise, l'incompréhension.

Je tente de me rappeler des événements passés, tentant de déceler un indice, qui me permettrait de comprendre ses paroles, en vain.

Je baisse la tête, et sors prendre l'air.

Je marche d'un pas rapide, confiant, en direction d'Hyde Park. Les questions fusent dans ma tête, offrant à mon cerveau un panel de réponses différentes .

Je me laisse tomber sur un banc, frigorifiée. Je ne veux pas perdre mes amis, ils m'ont apporté tellement de choses.  Je m'accroche trop aux personnes, aveuglémenune sangsue  me disait ma mère. Et quand l'ami en a marre, et me laisse, je ne comprends jamais. Mais aujourd'hui, j'ai enfin trouvé l'explication. Je suis envahissante, collante et énervante. Je suis encore une enfant, cherchant désespérément des   gens auxquels me raccrocher, cherchant une personne capable de comprendre le fait que je ne veuille pas grandir trop vite. Profiter de la vie telle qu'elle est, et ne pas se soucier du lendemain.

Juste quelqu'un capable de vivre.

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Je sursaute en sentant quelque chose se poser sur mon épaule. Je tourne la tête, et découvre Wendy, debout derrière moi, soulagée.

Your song.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant