Palier 10

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      Je regardais distraitement par la vitre qui se trouvait à mes côtés, dans le train, voyant vaguement les paysages enneigés qui ont marqué mon enfance, voir ce ciel gris, et sentir le froid prendre en otage tout notre corps lorsque l'on sort de nos habitations pour une quelconque raison. Je me rappelle que petit, j'en profitais pour retrouver mes amis de quartiers, nos bonnets vissés sur le crâne, nos énormes écharpes qui ne laissaient passer le froid, nos gents de skis, et nos bottes fourrés, nous pouvions sembler prêt à tout épreuve. Sauf quand nous décidions de faire des bonhommes de neiges et qu'un petit malin s'amusait à faire des boules de neige et nous les envoyer sans hésitations. Commencèrent alors d'innombrables batailles de neige, chaque hiver, et chaque fois mon nez était d'un tel but à boule compacte qu'il me brûlait tant il était froid. Rien que d'y penser, j'en frissonnais.
     Aujourd'hui, il neigeait très fortement, et cela m'apaisait en quelque sorte. J'étais à la maison. Avec une présence inattendue. Jacob avait son train annulé pour cause de problèmes, que je n'avais pas vraiment compris, mais bon. Mes parents avaient été plus que ravis d'apprendre que j'apportais enfin un "ami" à la maison, mais ce n'était pas mon cas. J'aurais voulu l'éviter, faire un point sur ce que je ressentais, m'éloigner et profiter de mon répit. Mais non, il allait passer les fêtes chez nous, ma maman avait insisté et avait même demandé au blondinet d'inviter ses parents, ce qu'il avait fait sans hésitation. Je soupirais légèrement avant de tourner la tête vers lui, assis en face de moi. Son regard était perdu sur la vitre, sûrement comme je l'avais été précédemment. Il paraissait pensif, sa main calée sous son menton, ses boucles blondes en bataille sur son front, ses joues légèrement rougies par le froid, ses lèvres ayant subit le même sort, le col de son pull marron remontant sur son cou, on aurai dit un prince. Je me sentis légèrement rougir quand il tourna sa tête vers moi, se sentant sûrement observé. Je détournais le regard vers l'extérieur, pris sur le vif, et je l'entendis rigoler par le nez. Le sagouin, il se moquait de moi ! J'aurais voulu me terrer sous terre...
     Je sentis quelque chose frôler mon mollet, j'y abaissais le regard pour y voir les pieds de Jacob prendre en otage les miens et les capturer entre les siens. Mais qu'est-ce qu'il foutait ? Il me faisait du pied maintenant ? Si Hyunjae nous voyait... En levant la tête vers lui, de nouveau, je me plongeais sans m'en rend compte dans ses prunelles verrons. Il me souriait doucement avant de s'enfoncer un peu plus dans son siège et de fermer les yeux.
     Il jouait à quoi là ? Il voulait me tuer ? C'était réussi, mon corps était d'une incroyable torture. Je n'eus même pas la force de retirer mes jambes, préférant le mordre la lèvre.

*******

         Le train était arrivé depuis bien 5 minutes, sachant pertinemment que mes parents attendaient pour me... nous récupérer, je pris rapidement ma valise et sacs avant d'attendre que Jacob ne me donne le feu vert pour démarrer. Autant ne pas le perdre alors qu'il allait passer TOUTES les vacances chez moi, ça serait dommage quand même. Je voyais bien qu'il galerais avec toutes ses affaires alors, plus par réflexe, je lui pris son sac à dos rempli à craquer et le passait sur mon dos, sous le regard interloqué du blondinet. Puis nous nous dirigions vers la sortie de notre wagon, coincé entre tous les passagers qui descendaient aussi, ce qu'ils pouvaient être lent, je sentais le souffle chaud de Jacob dans mon cou et sa proximité obligatoire, car il était bousculé par les gens de derrière, et je tentais de garder mon calme comme je le pouvais. Puis finalement, la liberté, je posais enfin mon pied sur la première marche puis fit un petit saut sur le quai, posant ma valise à mes cotes et chopant celle de mon ami avant de l'aider à descendre. Par malheur, il s'entrava, et se retient à mes épaules, la mini chute avait été quelque peu inattendue, en effet, et impressionnante car nous entendions les autres passagers lui demander comment il allait, s'il ne s'était pas fait mal. Mais il ne sembla pas vraiment écouter, puis moi non plus sincèrement. Nos yeux s'étaient accrochés, notre proximité encore réduite et il se tenait maladroitement à mes épaules. Si nous avions été seuls, je l'aurais embrassé. Oui, pendant un instant j'en avais oublié le problème Hyunjae. Mais au bout de quelques secondes je l'aidai, à contre cœur, à se relever avant de ramasser son sac au sol et de lui tendre, demandant si ça allait. Il hochait timidement la tête, rouge de honte, puis se tourna vers les autres passagers qui nous encerclaient légèrement puis se pencha, ce qui n'était pas franchement habituel mais il avait l'air tellement perdu à ce moment là, que je le comprenais. Puis nous partîmes pour rejoindre ma famille, Jacob légèrement en retrait. Rapidement je vîmes deux personnes me ressemblant en plus vieux, mes parents. Je leurs courus dans les bras.

Sans voix         -- MoonBaeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant