Palier 17

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     Le 20 décembre, en pleine après-midi, je me retrouvais à hiberner dans ma chambre sous la couette. J'étais malade. J'étais cloué au lit avec une bonne migraine et un rhume de l'enfer, autant dire que je passais un super moment. De temps à autre je me réveillai dans la douleur du mal de crâne et je ne pouvais qu'observer ma chambre, ce lieu qui m'avait été si protecteur comme s'il me protégeait du monde extérieur, des problèmes et maladies qui y traînait. Avec ses murs verts recouverts de divers posters de chanteurs, de groupes de musiques ou encore de films qui avaient marqué mon enfance et adolescence, cette vieille armoire d'un bois superbe vernis pour le protéger qui contenait tout mes vêtements et autres affaires quelques peu encombrantes, cette table de nuit sur le côté gauche de mon lit qui servait de base pour une lampe simple en métal noir et mon téléphone éteint, qui était opposé à la fenêtre au dessus de laquelle ce vieux canapé sans dossier m'avait soutenu à regarder le ciel et les environs, m'aidant à réfléchir, et enfin mon bureau, ce vieux machin qui avait subit moult colère, stress, enfin... divers émotions. Et pourtant tous ses meubles étaient fidèlement contenu dans cette pièce de jeune adulte. Tout se retraçait et on pouvait constater à quel point j'avais changé et grandit. À part mes parents, personne n'était rentré dans cet antre avant Jacob. C'était mon petit jardin secret, mon cocon et ma bulle protectrice. Je me sentais comme souiller à l'idée qu'il y soit rentré sans me demander mon accord. Mais bon, je ne pouvais rien y changer. J'avais écrit brièvement à Kayla ce matin, quand je n'étais pas totalement au bout de ma vie, pour lui expliquer ce qu'il s'était passé hier et que je ne pouvais pas lui rendre visite pendant quelques jours, pas que je ne voulais pas mais que je ne pouvais pas. Elle m'avait alors répondu un message de soutien et de bon rétablissement, je lui en étais reconnaissante.
       Mes parents étaient partis ce matin mais la raison m'échappât, je savais juste qu'ils étaient de sortie. Un silence régnait dans la maison, comme si j'étais seul. En solitude face à l'autre. Déprimant et ne voulant pas rester plus dans ma chambre, je pris une couverture sur mon canapé après avoir roulé comme un rouleau de printemps su mon lit puis j'étais sorti chancelant de mon espace protecteur. Je voulais aller au chaud dans le salon, mettre un programme nul et m'endormir devant pour éviter de plus souffrir à cause de ce vilain rhume. La descente des marches avaient une douce torture que j'aurais fortement évité comme en essayant de descendre sur les fesses ou à plat ventre comme une larve, mais je ne voulais pas me salir. Même si l'envie en avait été très forte... Mon pied toucha enfin le sol froid du rez-de-chaussée, prenant une grande inspiration où toutes les odeurs environnantes m'imprégnais, je me mis à marcher comme un papi jusqu'à la cuisine pour y prendre un verre et tenter de me faire couler de l'eau mais quand je relevais la tête, elle tourna plus fortement et je me retrouvais à tenir mes tempes entre mes doigts pour essayer ne cesserait-ce que d'apaiser un peu la douleur.

"- Laisse je vais le faire, retentis une voix douce et chaleureuse derrière moi."

     Sans y prêter vraiment attention je hochais la tête et me dirigeai vers le salon afin de m'asseoir, et quand ce fût le cas ma tête se jetait d'elle-même en arrière pour se reposer sur le dossier rond et froid. Les yeux fermés, je me calmais et respirait plus profondément jusqu'à sentir que la douleur se calmait un peu.

"- Tiens prendre un médicament, ça va t'aider un peu..."

       J'ouvris enfin les paupières pour tomber sur le visage doux de Jacob qui me tendait le verre transparent contenant le liquide de la même "couleur" et de son autre main un médicament blanc et rouge. J'avais sans doute rougi : de un parce que j'avais chaud et de deux parce que j'en avais oublié nos différents des jours précédents. Je pris alors délicatement le verre et le cachet avant de l'enfourrer dans ma bouche et de boire plusieurs gorgée pour le faire passer clair et net. Quand ce fût le cas, je gardais l'objet frais dans les mains, la tête baissée sur celui-ci avant de dire :

"- Merci...

- N'hésite pas à me demander si tu as besoin de quelque chose.

-De toi..., avais-je avoué tout bas.

- Tu as dis quelque chose ?"

     Je le regardais maintenant dans les yeux, ne comprenant pas que quelque chose clochait. J'étais juste hypnotisé et je voulais seulement l'avoir lui, sans les problèmes et mes doutes à son sujet. Je me mordis la lèvre subitement avant de redire tout haut :

"- J'ai besoin de toi, Jacob. J'en ai toujours eu besoin."

     Il rougit à son tour, mais ne détourna pas le regard pour autant. Il vînt seulement récupérer le verre entre mes mains. N'étant pas tout à fait d'accord sur le cas de sa future fuite qui je vins bloqué ses poignets de mes doigts, nos visages maintenant à quelques centimètres, nos souffles se croisèrent et nos nez se frôlèrent. Et pendant un instant la douleur s'atténuait et je me sentis revire d'une autre douleur plus excitante et plus incroyable. Cette douleur dans le ventre, délicieuse et exquise, mes joues prenant feux, mon sang redémarrant un grand prix de formule 1 et mon cœur désirant plus que tout rejoindre le sien. Je voyais ses yeux pétiller, ses tâches de rousseurs disparaître sous son visage rougi et son souffle saccadé sur mes lèvres. Une œuvre d'art.

"- Kevin..."

      Mon palpitant loupa un battement utile à ma survie.

"- Encore, réclamais-je comme un enfant.

- Quoi ?

- Redis mon nom.."

     Il sourit, mutin, et se rapprochait de moi, posant à plat ses mains sur mes cuisses. Je ne le connaissais pas si entreprenant et ça me paniquait légèrement.

"- Kevin..."


       Je me réveillai en sursaut, le front en sueur, mon corps bouillant sous l'épaisse couverture et mes mains sur le matelas afin de me retenir. C'était le rêve le plus bizarre que j'ai jamais fait. Dans tout ce qu'il s'était passé, je n'avais même pas tiquer sur le fait que Jacob parlait sans handicap. Ça avait été... incroyablement nouveau. J'avais eu l'impression de retomber une nouvelle fois amoureux, encore plus et j'en paniquais sérieusement. Je devrais être en colère contre lui, lui en vouloir et pourtant là, je n'avais envie que d'une chose : qu'il soit avec moi. Comme s'il avait lu dans mes pensées, j'entendis gratter à ma porte et vit sa tête apparaître dans la chambre.

"- J'ai fais un mauvais rêve, soufflais-je."

     Il entra complètement dans la pièce avant de venir s'asseoir sur le bord du lit, tout près. Il ne disait rien, ne me demanda pas si ça allait mais me regarda intensément comme si les mots passaient par ses yeux et avaient plus de sens à travers yeux. Puis au bout de longues secondes de contemplation il vînt me prendre dans ses bras, doucement, délicatement, chaleureuse. J'en aurais pleurer tant c'était bon. Mais je me contentais de poser ma tête sur son épaule et d'encercler sa taille de mes mains, puis nous restâmes ainsi pendant de longues, trop courtes à mon avis, minutes. Il sentait si bon...
      Il s'écartait avant de me caresser doucement les cheveux, avant de me faire un sourire compatissant et de commencer à se lever pour partir. Je le retiens malgré moi. Et quand il se tourna vers moi, les mots sortirent tous seuls :

"- Reste un peu avec moi, au moins le temps que je me rendorme..."

       Il sembla hésiter mais hocha la tête. Il vînt grimper sur le lit, se poser sur le côté droit de mon lit et je me blottis comme un petit chat contre son torse avant de soupirer doucement. A ce moment là, j'oubliais tout et ne me contentais que de ce contact que j'avais tant espéré et attendu. Un de ses bras se plaçait sur ma taille et l'autre dans mes cheveux, les papouillants doucement et mes yeux se fermèrent d'eux-mêmes. Je me sentais bien, apaisé et calme. Et m'endormis tranquillement contre lui, sans penser aux jours précédents et aux jours qui allaient arriver.

Sans voix         -- MoonBaeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant