XI - « Il n'y a rien de plus dangereux que la main tendue »

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Elaïa - Calvi, CorseNovembre 2017

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Elaïa - Calvi, Corse
Novembre 2017

Après les plaintes de Macha parce qu'il était à côté de Karim et Casper dans l'avion, une fouille très intense de la douane sur Tarik et Samy qui les a bien fait râler, nous voilà ENFIN arrivé chez René, le père des frères Andrieu. De ce que j'ai compris il n'est pas là et c'est d'ailleurs ce détail qui nous a permit de venir squatter chez lui.

En sortant les valises de la voiture je vois de loin une petite tête, qui ne faisait pas partit du voyage, sortir de la maison et venir vers nous. Et cette petite tête je la connais, elle aussi, par cœur. Yannis, mon bébé Yannis, celui pour lequel j'ai endossé le rôle de mère par manque de la sienne.

Yannis : Wesh les frerooooo il cri en prenant ses frères dans les bras
Samy : Eh ti-pe bien ou quoi ?
Yannis : Bien et toi igo? Comment ça fait plaiz' de vous voir
Casper : Viens sur panam aussi frère, oh presque 1 an qu'on t'a pas vu
Yannis : Ahhhh tu sais j'prefere le soleil à la pluie. Vous nous avez ramené des belles demoiselles il dit en nous montrant de la tête Selma et moi
Selma : Salam Selma, j'espère q'tu rap mieux que t'es frères sinon t'es foutu elle se présente en regardant Tarik du coin de l'œil
Tarik : Nashave de là toi il lui grogne en lui tapant l'arrière du crâne
Yannis : Salut Yannis et toi belle gazelle ? il me demande
Nabil : Frère arrête tu la reconnais aps?
Casper : Une beauté pareil s'oublie pas mon pote
Elaïa : je rigole Arrête Casper tu m'flattes trop
Yannis : Douce voix en plus j'aime bien
Nabil : Casses toi comment tu parles wsh?!
Yannis : Tranquil j'rigole Nab, bref c'est qui?
Samy : Frère c'est Elaïa

Et comme si tout son monde c'est arrêté il m'a fixé sans me lâché du regard. Même pas un clignement d'œil. Et comme si la réalité lui est arrivé d'un coup son regard si doux c'est transformé en un regard sombre.

Yannis : Ah ok il dit en repartant dans la maison

De la méprise c'est tout ce que j'ai eu de sa part. Pas une once de joie, de haine, de colère, de tristesse, non, seulement de la méprise. Et c'est pour moi la pire chose que pouvait ressentir Yannis à mon égard. Vous dire que cela m'étonne serait mentir. Il est comme tous les autres, dans tous ses droits vu notre passé.

Après qu'on se soit tous installés petit à petit, déjà deux groupes ce sont formés : Selma avec son fils, Casper, Karim, Tarik et Samy sont sortis à la plage et Yannis, Nabil, Moha et moi nous sommes restés à la maison.

Je vois que Yannis est assit dehors sur la terrasse avec sa chicha solo. Il y a 6 ans de ça ses grands frères l'aurait fouetté fort pour ça, comme quoi tout change.

Elaïa : Yaya? j'hésite en m'asseyant près de lui

Je n'ai eu le droit qu'à un petit mais puissant raclement de gorge pour me faire part de son écoute. Alors quitte à parler à un mur, autant me lancer et le faire correctement. Ma foi.

Elaïa : Écoute moi comme j'ai dis une bonne dizaines de fois depuis que je suis rentrée, je suis désolée. Je suis partis sans voir ce que je laissais derrière, dont toi. Tu as absolument toutes les raisons de m'en vouloir mais s'il te plaît ne m'ignore pas, tu sais ce que tu représentes pour moi, t'es mon p'tit frère, t'es mon fils, me regarde pas comme ça. Pas toi.
Yannis : Tu croyais quoi ? Que parce que j'suis un p'tit gamin d'merde que zehma j'vais rien dire? J'vais faire comme ci c'était pas grave que tu sois parti en m'laissant comme un iench?
Elaïa : Dis pas ça je t'ai...
Yannis : Si j'dis ça putain si ! en haussant le ton Putain j'étais r pour toi? J'sais pas j'étais pas que le p'tit d'ton mec non ? J'étais pas dans vos histoires oim, toutes les mêmes les femmes, vous fuyez au moindre problème
Elaïa : S'il te plaît Yaya, calme toi je veux pas m'énerver contre toi, t'as raison d'être en colère comme ça j'peux rien te dire sur ça, t'es celui a qui je dois le plus d'excuses
Yannis : Moi ? Nan nan j'crois pas celui à qui tu dois le plus d'excuses c'est mon reuf à qui t'a planté pas un, ni deux mais trois putains d'couteaux dans l'dos

Je l'ai lâché alors qu'il rentré en prison ça fait un, j'ai été infidèle envers lui ça fait deux. Mais je ne vois pas quel est le numéro trois...

Elaïa : Comment ça trois ? je lui demande impatiente de savoir sa réponse
Yannis : Réfléchis, réfléchis bien, évite de m'obliger à te faire rappeler des vieux souvenirs

A quoi est-ce qu'il fait allusion ? Au plus loin que je me souviennes j'ai été très droite avec Tarik sauf malheureusement ce jour là où j'avais fait une énorme bêtise irréparable alors que nous n'étions pas seul avec cet homme alors que nous pensions que oui. Je relève ma tête pour le regarder dans les yeux en réfléchissant et en voyant son regard tout est clair : Il sait. Putain. Il est au courant. Il est courant de la seule chose qui peut briser plusieurs vies.

Yannis : Portes les couilles que t'a toujours eu à l'ancienne si elles sont toujours là et assume il se lève pour partir avant de me dire une dernière chose Finalement t'es comme elle

C'est avec ces derniers mots qu'il me laisse seule, perdue dans mes pensées et mon imagination. J'ai détruit Yannis, indirectement et involontairement je l'ai détruit. « T'es comme elle », aïe une des pires choses que peux penser un Andrieu. Là je comprends que plus rien ne sera jamais comme avant avec Yannis. J'ai fait tout ce que je reproche à leurs mères de leurs avoir fait : je les ai détruit un par un.

PNL | « J'tai aimé comme pas deux » Où les histoires vivent. Découvrez maintenant