Après dix minutes de trajet, le veille homme commence la discussion :

-"Alors petit, quel est ton nom? me demanda-t-il calmement.

Devais-je le lui dire ? Ça ne changerait pas grand chose.

- Caleb, dis-je simplement sans détourner les yeux du paysage.

- C'est un beau prénom ça, je m'appelle Seymour Hillman. Et que fais tu dehors par ce froid Caleb ?

- Je vais chez des amis et personne ne peut m'emmener ou me chercher.

- Je vois, fait quand même attention, on ne sais jamais."

Les paysages défiles, de la forêt, des plaines, des champs, de nouveau des plaines, un peu de montagne, puis encore de la forêt, j'adore les forêts, c'est tellement beau, majestueux, plein de vie et vide à la fois. Le vieux n'a de tout évidence pas eu vent des affiches anti-pickpockets où se trouvent de magnifique portraits de moi.

-"On y est", me dit soudaine le vieux. 

Il s'arrête sur un parking, j'ouvre la portière et descends, Je ne sais pas pourquoi, mais dans ma tête j'entends ma mère me dire en rigolant : "On dit MERCI !!! Sale gosse va." Repenser à elle me donne envie de vomir, la seule personne en qui j'avais un minimum confiance, confiance qui s'est brisée comme une batte de baseball sur une vitre. Mille et un éclats, mille et un petits morceaux de diamants, mille et une  coupures au cœur.

-"Merci, lançais-je sans me retourner.

- De rien gamin."

Je marche tranquillement dans les rues en réfléchissant. Bon, nouvelle ville, nouveau toit, nouveau terrain de chasse. Va falloir tout recommencer. Youpi, joie. Je traine dans les rues, perdu dans mes pensées.

Peut-être que ce monde n'est pas fait pour moi ? Je crois que je ne suis pas assez fort, non, en fait je suis carrément faible. Mais avouer ses faiblesses, savoir ses limites, c'est être fort, non ? Je ne sais pas, je ne sais plus, je suis perdu. Peut-être que ce monde ne m'accepte juste pas.

Je regarde autour moi, justement ce que je cherchais, un pont, un magnifique pont en pierre, où poussent quelques plantes. Je m'en approche. L'eau est belle avec tous ses reflets, elle brille, elle est tentante, sans trop réfléchir, je grimpe, je suis accroupi, je me tiens au bord, mes doigts sur la pierre froide. Je sens le vent dans mes cheveux. Il fait beau, il pleut, j'aimais bien la pluie, maintenant je n'aime plus la pluie, j'ai pas de toit et voler devient plus complexe. Je baisse les yeux sur ce beau cour d'eau. A cette hauteur, tomber dans l'eau serais comme tomber sur du béton. Je me laisse glisser, doucement, tout doucement, juste le poids de mon corps. Je ne touche plus rien, je suis à une distance qui n'existe pas, je suis entre ciel et terre.

Mais d'un coup, tout mon corps s'arrête, comme suspendu par un fil. Attends, il y a vraiment quelque chose qui me tient ! Cette chose me tire, et me hisse de l'autre coté du mur, on s'écroule par terre, on reprend notre souffle. Je tourne ma tête vers la personne qui m'a "sauver", je le reconnais, c'est Jude Sharpe, il est dans mon lycée, et même, impossible de ne pas le connaitre, Sharpe Industrie est partout, cette entreprise vend tout ce qui est électrique, de la voiture au portable.

Bref, un petit bourge quoi.


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