J'ai froid. J'ai faim. Ce moment restera gravé dans mon esprit pour toujours, il repasse en boucle dans ma tête, encore et encore. Qu'est-ce que je fais maintenant ? Faut en priorité trouver un toit et à manger... Je mets mes mains dans mes poches dans une tentative vaine de les réchauffer. Parce que réchauffer des mains gelées dans un sweat trempé c'est pas la meilleure idée du siècle.

Qu'est-ce que je dois faire maintenant ? Hein ?

Rien à part crever dans la rue.

Soudain, un petit morceau de papier glisse entre mes doigts pétrifiés par le froid. Je n'ai pourtant pas le souvenir d'avoir mis quoi que ce soit dans mes poches.

Lentement je sors le petit papier, il est plié en quatre, je l'ouvre.

Une écriture soignée, légèrement incurvée, sûrement réalisée au stylos plume, s'étale sur le petit papier blanc.

22 Grand rue Strasbourg.

C'est tout ce que contenait le bout de papier. Je n'ai jamais vu ce papier, je ne peux donc pas l'avoir mis dans mes poches. D'un seul coup, venu de je ne sais où, un magnifique flashback, celui où j'étais dans la rue, où clairement je venais de me faire défoncer, et Sharpe qui est arriver, avant de sortir il m'a bousculer, c'est à ce moment là qu'il m'a transmit le papier, et juste avant il me parlais de son adresse. C'est donc son adresse noté dessus.

Qu'est-ce que je fais ? J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ? J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ? J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ? J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ? J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ? J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ? J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ? J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ? J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ? J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ? J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ? J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ?J'y vais? J'y vais pas ? Bah voilà ! Merci Sharpe ! J'ai mal au crâne maintenant. J'ai toujours cette bouteille. Au point où j'en suis. Je l'ouvre et la porte à mes lèvres. Le liquide est peut être gelé, il me brûle la gorge, mais ça fait du bien.

Qu'est-ce que je fais là ?

Une nouvelle gorgée.

Qu'est-ce que je suis censé faire ?

J'ai mal putain.

J'ouvre la bouche, mais aucun son ne sort. Et puis au bout d'un moment, un cris, je ne sais pas ce que c'est, je me rends compte ensuite qu'il vient de moi, mais je n'ai pas envie de l'arrêter pour autant. Je verse tout, ma peine, ma peur, ma colère, tout, simplement tout.

 Au bout d'un certain temps cette plainte cesse. Je me lève, doucement, en vacillant, mais je me lève. Direction Sharpe. Ça m'a pris une demi heure pour trouver un truc pour lequel j'aurais mis 10 minutes, la neige aide pas non plus, mais bon. Une fois arriver devant le manoir, aucune lumière, aucun bruit, rien. Je cherche un moyen d'entrer, histoire de pas m'être tapé le trajet pour rien.

Je contourne la maison mais il y a du grillage tout autour, je choisie un lieu un peu à l'abri des regards pour escalader la barrière en métal. Je saute de l'autre côté et retombe sur une pelouse magnifiquement tondue, mais au moment de me relever je tangue et finis à genoux. J'aurais pas dû boire autant, pensais-je. Je contourne le bâtiment, en zigzaguant, bien sûr, c'est là que je vois une faible lueur à travers une fenêtre. J'avise une gouttière juste à côté. Je peux monter en utilisant les appuies qui relient la gouttière au mur. Je monte jusqu'au premier étage, jusqu'à la fenêtre. Je mets un peu de buée et gratte un peu sur la vitre pour enlever le givre. A travers la vitre je vois Jude, couché sur son lit, son cellulaire à la main. Je le regarde quelques instants, puis je toque. Il lève les yeux de son portable, étonné, son regard se dirige vers la fenêtre. Son visage exprime la surprise lorsqu'il voit une personne à sa fenêtre, qui s'accentue lorsqu'il me reconnait. Il accourt à la fenêtre, et ouvre les battants de la fenêtre. 

-"Caleb ! Qu'est-ce que tu fais là !

- Ben quoi, c'est toi qui m'as demandé de venir, nan ?

- Oui. Mais je pensais que tu viendrais par la porte, si tant est que tu viennes.

- La fenêtre, la porte c'est pareil.

- Pas tout à fait, mais bon. Entre, dit-il en s'écartant."

Je grimpai sur le rebord de la fenêtre puis posa mes deux pieds à l'intérieur de la chambre. C'est quand j'ai fait le premier pas que le drame se produisit, sous les effets de l'alcool je m'étale de tout mon long sur le parquet ciré.




LibreWhere stories live. Discover now