Tout commence par un cours de maths - Teenlock

Mieux qu'un mur pour camarade

Merde, pensait-il.

C'était John. Un petit blond qui avait l'air d'un futur monsieur tout le monde. Il essayait d'enlever son casque de vélo et de l'attacher. Mais avec tant de hâte, il n'arrivait à rien.

-  Du calme frérot, ça juste 10 minutes que ça a commencé, lui répondit sa sœur en recrachant une bouffée de fumée.

- Harry, tu ne peux pas comprendre que pour devenir médecin les cours c'est genre, TRÈS important ? Dès maintenant ?

Elle fit mine pendant un instant de considérer sérieusement sa question, qui était plus rhétorique à vrai dire.

-  Nan t'as raison, je comprends pas.

John soupira alors que sa sœur s'assit sur un vélo. Elle pouvait très bien partir en cours mais elle l'attendait quand même. Il ne la comprenait pas, elle non plus. John reprit donc son activité.

- Ta gueule ou je dis à nos parents que tu fumes.

Elle grimaça et le blond esquissa un sourire triomphant. Il avait enfin trouvé le truc, même si cela revenait à être menaçant envers sa sœur.

- Dépêche, tête de courge. lui dit-elle

John toqua les joues en feu après une course dans les escaliers.

- Entrez !

Il inspira un bon coup avant d'entrer, pour ne pas paraître trop essoufflé puis s'exécuta, comme le plus synchro des militaires. Malheureusement toute semblable de confiance en soi se volatilisa dès qu'il eut à parler.

- E... Excusez moi pour le retard.

- Prenez place sans un bruit, vite ! Où en étais-je...?

Une élève rousse assise au premier rang leva la main. Le professeur la félicita de sa participation en classe tandis que les gens autour levèrent les yeux au ciel. Elle se donnait trop pour que ça soit normal, et faisait ce qu'on appellerait en langage familier la "lèche-botte". Sans doute était-ce pour combler le manque de personnalité qu'elle avait, ou peut-être pour combler son manque de confiance en elle, le fait que ses parents ne s'intéresse plus à elle depuis sa petite sœur alors que cette année est une année décisive pour elle. Peut-être aussi parce qu'elle veut capter l'attention de tout le monde oui, mais plus particulièrement d'un blond qui est assis trois, non quatre, rangs sur la gauche et que c'est pour ça qu'elle s'assoit devant, afin de se tourner avec ses beaux cheveux soyant mais qu'elle soupire à chaque fois et fait la moue car John ne l'a pas remarqué, et qu'il essaye de rattraper le fil du cours, avec une mine confuse et rivée sur son papier.

Quant à John, qui ne captait généralement pas les lignes et rumeurs souterraine de la vie quotidienne, avait prit sa place habituelle. Seulement, aujourd'hui, un élève y était assit aussi. Cela le changerait un peu du mur comme compagnie, se dit-il. 

C'était un nouveau. John était sûr qu'il ne l'avait jamais croisé dans l'établissement encore, après il avait toujours eu du mal avec les visage... Il semblait assez énigmatique, son expression faciale était impénétrable, et il jouait avec son crayon, pensif face à la copie qu'il avait remplie de chiffres et de lettres. Son visage pâle exprimait de la lassitude... Beaucoup de lassitude.

- Heu... Salut, on fait quoi là au juste ? demanda John, qui n'arrivait toujours pas à trouver où ils en était rendu.

Le jeune homme ne lui répondit pas.

- Cool. Merci. répondit-il avec un petit sourire forcé en se raclant la gorge. Peut-être qu'il ne sera pas mieux qu'un mur pour le camarade. Il ne pouvait même pas lire les inscriptions sur le mur maintenant vu qu'il était côté couloir.

John sortit le reste de ses affaires.

Cela faisait quinze minutes qu'il était arrivé et le curieux lycéen d'à côté de lui n'avait toujours pas bougé ni adressé un regard. John n'arrivait pas à se concentrer sur le cours, il guettait le moment où son camarade allait cligner des yeux et mille questions lui traversait l'esprit. Quelque part il avait peur d'être tombé sur un élève drogué en plein délire. C'était triste comment malheureusement, à leur âge, cela arrivait souvent... Quand soudain le professeur parla dans leurs direction.

- Sherlock ? Peux-tu me dire le résultat du calcul au tableau, de tête ?

Comme il ne semblait pas avoir entendu, John le secoua un peu. Sa peau était d'un glaciale cadavérique. Comme s'il avait réussi à réduire son activité vitale jusqu'à ce que John ne le "réveille".

- Heu... Sherlock, tout le monde attend une réponse, dit-il en chuchotant, pas sûr de son prénom.

- Hmm ? À le calcul ! Ses yeux allèrent à une vitesse hallucinante de gauche à droite puis une fraction de seconde plus tard il élança d'une traite le résultat. 

Le professeur, un peu sadique, qui, auparavant souriait, fier d'avoir enfin piégé ces élèves prétentieux qui pensait que les mathématiques se faisaient toutes seules, écarquilla les yeux ainsi que toute la classe.

- Sherlock, es-tu sur que tu es dans le bon niveau de classe ? lâcha-t-il surpris, après que ce mystérieux élève ne résout un problème mathématique digne des scientifiques en hautes études.

-  Peu importe.

Il avait parlé avec tant de lassitude et dans lenteur qu'il aurait pu s'endormir alors qu'il finissait sa phrase. Sa voix grave, rare pour un lycéen, vibrait agréablement. C'est peut-être pourquoi tout le monde le regardait avec étonnement, en première place, John évidemment.

La sonnerie retentit.