Dire oui à John, c'est dire non aux drogues

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Le lendemain, Sherlock n'était pas venu au lycée, ce qui ne surprenait pas John vu les blessures qu'il avait reçu. Au moins une côte cassée, se souvenait-il lorsqu'il avait tenu sur ses genoux.
Cependant, il ne pouvait cesser d'espérer de revoir au plus tôt son ami.

Dans sa chambre, il guettait son téléphone, mais aucunes nouvelles d'un numéro masqué, à la sortie des cours, aucune voiture blindée sans plaques d'immatriculation. Rien, silence, et tout le monde agissait comme si Sherlock ne s'était jamais tenu à ses côtés sur les tables de classes. C'est que personne ne le connaissait vraiment, pour eux c'était juste un adolescent ingrat, odieux, une bête de foire, un fou.

Puis, John avait réalisé quelque chose de terrible en ces jours d'absence. Il avait sans doute un crush sur Sherlock. Lui, l'hétéro parfait, le monsieur tout le monde, cette bulle s'était enfin explosée.

Il était allongé sur son lit, à regarder sa chambre. Il remarquait des détails à présent qui faisait plus sens. Que des affiches d'hommes sportif, en sueur, placardés sur son mur. Plus il regardait ses affiches, plus il comprenait quelques signes qu'il avait manqué. Ils trouvaient ces joueurs impressionnants, stylés, voire même sexy. Et il savait que ce n'était pas comme ça qu'éprouvait ses camarades de rugby, vis-à-vis d'autres joueurs sportifs par exemple.

Il ne voulait pas, il ne voulait pas être, hé bien, il ne voulait pas être gay. Peut-être qu'il ne l'était pas, parce qu'il était sûr qu'il avait ressenti de l'amour pour les rares relations qu'il avait eut avec des adolescentes de son âge. Mais rien d'aussi fort, que ce qu'il avait ressenti lorsqu'il avait vu Sherlock se faire attaqué. C'était comme si on l'avait frappé, lui aussi.



Le surlendemain, Sherlock ne vint pas non-plus. Ainsi de suite, jusqu'au vendredi de la semaine suivante. John ne tenait plus, que devait-il faire maintenant de son inquiétude ? Il ne pouvait pas attendre en silence, il se sentait suffoquer d'inquiétude et d'amour.

Se sentant pousser des ailes, vendredi après les cours, au lieu d'aller à son entraînement de rugby, il se rendit chez les Holmes (plus d'une heure de trajet en bus, plusieurs changements) pour en avoir des nouvelles de son ami pour lequel il se faisait beaucoup de soucis.

Il sonna et descendit les marches afin de ne pas être collé à la porte quand on lui ouvrira.

- Qui est-ce ? Retentit une voix de enfantine de derrière la porte.

- Euh...Salut, est-ce que ton frère est là, Sherlock ?

Ça doit être elle, la troisième fratrie, songea John.

- Maman dit ne pas ouvrir aux inconnus.

- Eurus, va continuer ton expérience, fit la voix. 

Et c'était pile la voix qu'espérait entendre John.

Il ignora complétement qu'une enfant de 5 ou 6 ans faisait déjà une expérience. Il ne pouvait pas attendre que la porte s'ouvre, même s'il devinait déjà les bouclettes bien connue derrière la porte floutée.

- Hey !

John tenait entre ses mains la chemise qu'il l'avait prêté. Il la luit tendit, et ce n'est que là qu'il prêta attention à la tenue qu'avait Sherlock. 

Le blond évita de rougir. Sherlock était vêtu d'un pantalon et d'un grand bandage en dessous. Hormis cela, son torse était pas mal exposé. Pas mal étant un euphémisme. Ce n'était pas comme si John allait se plaindre...

D'un main lourde, le blessé pris la chemise, la pose dans le hall, pris son manteau et sortit dans le froid de l'hiver tout en prévenant sa petite-sœur qu'il sortait.

- Tu... Tu la laisse seule ?

- Elle sait disséquer un écureuil, nommer tous ses organes et leurs fonctions. Elle travaille le système nerveux. En se moment. Je pense qu'elle va s'en remettre si je sors pour quelques minutes.

Le blond passa outre sa décéption que Sherlock ne prévoyait que quelques instants à lui accorder alors qu'il avait fait tout ce chemin. Mais après tout il se comportait en Soleil, et John en planète.

Un chien domestique, ce que Mycroft avait dit lui revint en tête.

- Quel âge a-t-elle ?

- 7 ans.

Dire que John découvrait le rugby à cette âge et commençait à maîtriser enfin le principe de lecture.

- J'imagine que tu es venu pour des explications ?

Les ailes qui avaient poussées dans le dos de Sherlock s'envolèrent, ça ne se passait pas du tout comme il s'était imaginé. Et il se demanda si la romance qu'il avait cru ressentir n'avait pas été un effet secondaire de l'attaque d'il y a deux semaines. 

Ceci fit l'effet d'une véritable gifle.

- Ouais... Hem, c'était qui ces gens ?

Sherlock le regarda d'un regard insistant trop longtemps, et lui répondit enfin après s'être éclairci la voix.

Il lâcha le plus brutalement possible :

- Des dealeurs de drogue.

- Qu...Pardon ?!!!

- Des dealeurs. De drogue. Ça fait deux ans que j'en prend.

John semblait avoir prit une deuxième claque au visage.

Un silence s'installa.

- Mais comment, enfin pourquoi ?

Ce qu'il voulait dire c'était plutôt : comment toi, personne si incroyable à l'intellect imbattable, tu en prends ? Pourquoi faire ??

Tout cela sonnait abstrait. Il s'était attendu à tout sauf à cette réponse.

Comment était-ce possible qu'il en prenne ? Des stimulants pour son cerveau ? Baliverne, cela détruisait son cerveau. Il était si brillant, si juste, comment pouvait-il souhaiter la destruction de son corps ??

Pas de réponse.

- Écoute, Watson, tu dois accepter que certains sont drogués et d'autres non. Et que tu ne puisses rien y faire

- Non ! cria le future médecin. La fumée se dégageant de sa bouche alla jusqu'au visage de Sherlock, dont une paupière tressaillit. 

Ce n'était pas dans sa mentalité d'abandonner les gens.

- Sherlock, tu as un cerveau incroyable, tu n'en as pas besoin ! Encore moins toi que quiconque !! Je-

Mais Sherlock le coupa. 

- Oh mon Dieu, John, tu es pire que mon frère ! lui cria t-il. 

John était en colère, mais aussi blessé. Il tenta de passer au dessus de son ressenti, du silence de deux semaines, de son indélicatesse alors qu'il avait fait tout cela juste pour savoir comme il allait, et lui pris la main. Comme lorsqu'ils avaient courus, comme lorsqu'ils étaient l'un sur l'autre dans la voiture.

- Je tiens à ce que tu arrêtes Sherlock. Je sais de ce dont tu es capable, je sais aussi que tu n'en a pas besoin. Tu ne peux pas te faire ça !! Tu n'as pas besoin de ça  pour te débrouiller dans la vie !

Sherlock le regarda. Un regard qui ne plaisait pas à Sherlock. Un air qui disait : pauvre ignorant, mais je t'aime bien quand même. 

John était si gentil avec lui, mais si ignorant. Jamais il ne pourrait comprendre.

- Soit ; entre. Mais tâche de ne pas faire de bruits. murmura t-il, tête basse.

John sourit pour la première fois depuis qu'ils s'étaient vu.


Tout commence par un cours de maths - TeenlockOù les histoires vivent. Découvrez maintenant