Steal (To Be) alive

Chapitre I

Il y a certaines personnes qui n'ont pas choisi leur destin. Mon amie Rita n'a jamais voulu devenir strip-teaseuse mais elle a dû le faire pour pouvoir survivre. Juan Pablo, notre ancien ami a été contraint de devenir un gangster parce que son père en était un et que c'est la tradition familiale. Marilyn Vermont est devenue concierge car c'était la seule façon pour elle de ne pas avoir à payer le loyer.

Moi, je suis, disons, une chippeuse. Je suis la chippeuse de la gare. Je suis obligée de faire ça pour rembourser des dettes. Les dettes de mon père qui est mort il y a trois ans. Il adorait les paris. Ses dettes dans le quartier où il vivait s'élèvent à plus de sept mille dollars. Je me demande comment il a pu autant s'endetter. Je pourrais prendre dix ans pour rembourser tout cet argent.

- Robin! Dépêches!

Je me précipite dans l'immeuble délabré réaménagé en une espèce de dortoir. Oui, je suis une SDF, autant le dire clairement. Mon amie Cayenne et moi habitons dans une espèce d'immeuble abandonné avec d'autres SDF. En échange, nous rapportons de la nourriture ou des choses utiles pour le quotidien. Rassurez-vous, on n'a pas la peste, ni le choléra. On habite juste un immeuble abandonné.

Il est dix-huit heures et tout le monde a envie de sortir. Dalid, le plus jeune d'entre nous veut manger de la pizza. Il n'a que sept ans, il ne comprend pas qu'on ne peut pas s'offrir ce genre de chose.

- Rita et Grace, c'est votre tour de chercher de la bouffe aujourd'hui!

- Rafael aussi.

Au total, nous sommes huit à partager ce petit  immeuble. Nous dormons au premier étage et en bas, on se lave.

- On va se régaler ce soir, j'ai eu ma paye! S'écrie tout à coup Rita.

Tout le monde pousse un cri de joie. Ce soir, le souhait de Dalid va se réaliser.

- Dalid est si heureux, regarde!

Cayenne et moi regardons notre cadet en souriant. Celui-ci est Marocain. On l'a retrouvé il y a quelques mois près d'une benne à ordures, tuméfié. Il nous a racontés que des jeunes l'ont tabassé. Tout le monde a été ému. Il ne se souvient quasiment pas de son ancienne vie et je pense que c'est mieux. Moi, je me souviens de presque toute ma vie, de mes trois ans jusqu'à ce jour. Peut-être qu'il y a certains moments dont je ne me rappelle pas mais les grandes lignes, elles, sont ancrées dans ma tête.

- Cayenne, j'ai quelque chose à faire ce soir.

- Encore? C'est comme ça depuis une semaine, Rob'! Tu ne dors presque plus.

Si elle savait.

- C'est pas ma faute.

Elle me regarde tristement.

- Si jamais je peux t'aider en quoique ce soit, dis-le moi, ok?

- Ok.

Je regarde avec mépris l'attaché-case et me reconcentre sur les membres de ma famille. Nous ne sommes peut-être pas du même sang mais nous nous considérons comme des frères et soeurs de coeur. Dans ma famille, il y a: Rafael, Rita, moi, Cayenne, Grace, Logan, Ulysse et Dalid.

Rita et Rafael sortent pour appeler la pizzeria et je prends l'attaché-case et sors à mon tour. Mon endroit préféré se situe en haut de l'immeuble, là où on défend aux plus jeunes d'aller. Même si l'immeuble n'a que deux étages, il est assez haut. En montant, il faut faire très attention parce que certaines marchent  ne tiennent plus.

Alors, nous y voilà. L'inspection du butin. J'ouvre précautionneusement mon gain. Des dossiers classés par date, des dossiers et encore des dossiers. Ah, le porte-feuille! Des billets de cents. Dix plus précisément et cinq dollars. Une carte de crédit et une d'identité. Et une espèce de boîte  impossible à ouvrir. Mais dites donc! Il est riche le p'tit gars... Je garde 300 dollars et le reste servira à payer la dette.

Je jette encore un dernier regard à la boîte bizarre et m'allonge. Je pourrai passer des heures à regarder les étoiles comme ça. Le ciel, ça me calme. L'univers, la nature, la mer... tout ça aussi.

- Rob'! On va manger.

- C'est bon, jarrive.

Mais contrairement à ce que j'attendais, Rafael me rejoint et prend la même position que moi.

- Tu pues la marijuana à des kilomètres, Ralf!

- Mais je n'en prends pas.

- Tu en as pris l'autre jour.

- Tu sais bien que j'ai été forcé.

- Des gens disent qu'une fois qu'on en prend, on ne s'en débarrasse plus... Qu'est-ce que tu as pour ta défense?

- Il ne faut pas toujours croire ce qu'on raconte...

- Tu as encore dû en livrer combien aujourd'hui?

- Trois sachets. C'est bientôt fini. Et toi? J'ai entendu dire que tu allais travailler ce soir. Prends soin de toi Robin, je ne supporterai pas qu'il t'arrive quelque chose.

- C'est bon, je vais bien. On y va?

Nous nous levons et descendons.

L'une des soirées que je préfère c'est quand on est tous ensemble comme ça et que tout le monde sourit et rigole, mais pas trop fort. Là, je peux dire qu'on est heureux, vraiment heureux, tous ensembles.

L'union fait la force.

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Le premier chapitre. Assez calme, on va dire. La situation initiale, comme le dirait ma prof de Français. Voilà!☺ Bonne journée! Ou bonne soirée!💙💛👌