Steal (To Be) alive

Chapitre V

Ils m'ont ordonné de sortir. J'exagère à peine. Les effets du stimulant se sont dissipés depuis longtemps. J'ai retrouvé mes esprits.

- Bonjour miss Schumacher!

- Monsieur Jackman.

- Vous aimez votre promenade au sein de mon humble demeure?

- On m'y a forcé.

- Effectivement. Très bien -je crois que ce sont ses mots préférés.

- Vous devriez me laisser partir, je ne risque rien.

- Détrompez-vous. Le rubis que vous avez volé était destiné à Karl Corbin, un magnat du pétrole très influent dans le Venezuela. Je ne pense pas qu'il va laisser passer cet incident. Il est surnommé le requin et ce n'est pas pour rien.

- Je croyais qu'il vous appartenait, ce rubis.

- Il m'appartient. Cette enflure me l'a volé mais il a utilisé la loi pour se le procurer.

C'est incroyable que je sois aussi détendue. Sûrement parce que j'ai déjà connu pire comme situation et qu'ils ne me traitent pas trop mal. Il y a des gens qui vivent des trucs plus pires.

- Il risque aussi de me kidnapper?

- Oui, si vous n'êtes pas sous bonne protection.

- Je risque de rester ici toute ma vie?

- Juste le temps qu'il faudra.

Encore ces mots. Je ne vais pas rester ici longtemps. Mais si je pars, cet homme pourrait m'attraper. Et qu'est-ce que je ferai? Je risquerai de mourir, mais je m'en fiche. Je ne tiens pas tant que ça à ma vie, elle n'est pas importante, mes parents me l'ont bien montré en m'abandonnant.

- Vous vous rendez compte que cette situation commence à devenir ridicule, monsieur Jackman?

- Vous voulez risquer votre vie dehors?

- Si il est aussi puissant que ça, il me retrouvera et par conséquent, vous trouvera aussi.

- Je ne crains rien. Il a peur de moi. C'est mon rival depuis des années.

Une voix sortant de nulle part et complètement paniquée annonça que le "requin" était à quelques minutes d'ici.
Monsieur Jackman appuie sur un bouton et donne des ordres à tout le monde.

- ...et faites monter mon fils ici. Vous voyez mademoiselle Schumacher, il ne lui a suffi que de quelques heures pour vous retrouver.

-Il va me tuer?

- Je vais l'accueillir et vous en profiterez pour partir d'ici. Je ne vous ai pas tout dit, mais faites-moi confiance. Prenez l'hélicoptère.

- Qu'est-ce que vous ne m'avez pas dit?

- Ce n'est pas le moment. Partez.

Peut-être que je suis devenue un peu folle, mais j'ai suivi son conseil, si c'en était un. Cet homme m'inspire confiance malgré son air calculateur. Ou peut-être que je suis en train de perdre la tête, je n'en sais rien.

Nous nous élevons dans un bruit infernal. Je peux enfin regarder l'énorme propriété de l'extérieur. On dirait un château.

- Tu es inquiète? Me demande une voix dans mon casque.

- Non.

Je me tourne vers Owen. Depuis mon moment de spontanéité je me sens mal à l'aise. Surtout que maintenant, il n'a plus l'air d'un scientifique machiavélique, mais il est toujours aussi beau.

- Tu es déjà allée au Texas?

- Non.

- Tu es plus drôle quand tu es droguée.

Je n'ai pas été dans mon état normal hier, bon sang! Je me demande que sont devenus les enfants, j'aime les appeler comme ça, mais il ne faut surtout pas qu'ils le sachent, ils me tueraient. Surtout les plus grands. Je ris intérieurement.

Les paysages à mes pieds varient. Je ne m'y concentre pas vraiment. Je pense à ma vie. Je sais pas vers quoi je me dirige. Mon avenir est flou. Je ne pourrai pas rester pickpocket de riches toute ma vie. Le jour où j'ai failli me faire choper me le prouve. Je n'ai pas une vie stable mais je n'y peux rien. J'ai enchaîné toutes sortes de petits boulots depuis mon enfance mais rien. Je n'ai pas fini le lycée pour des millions de raison. Dans pratiquement tous les boulots que j'ai faits et toutes les familles où j'ai aterri, tout le monde me traitait comme une sous-merde. Moche, sale, mal coiffée, mal habillée. C'était pire à partir de mes quinze ans. J'ai décidé de fuguer de la maison où je vivais. Je n'en pouvais plus.

Et puis, j'ai rencontré Rafael. Il dealait dans le quartier dans lequel je squattais la cour d'une petite maison. Il se disputait avec une jeune fille qui avait à peine mon âge. J'ai cru qu'il la forçait à coucher avec lui alors j'ai pris une pierre et l'ai lancée sur sa tête. La fille avait poussé une exclamation d'effroi. Il est tombé par terre et la fille a crié que je l'ai tué et je l'ai cru aussi. Puis, il a éclaté de rire. Et j'ai ri aussi. On a discuté et plaisanté à propos de ça et il m'a demandé ce que je faisais dans ce quartier. Je lui ai raconté la vérité et il m'a proposé de venir avec lui et sa bande. J'ai accepté. On a sillonné le Texas avec ses frères et soeurs qui sont devenus les miens aussi. On "déménageait" chaque fin de mois. J'étais enfin un peu heureuse. Mais mon père a tout gâché.

Je ne sais pas pourquoi j'ai menti à Owen. C'est un mystère. Je suis un mystère, même pour moi-même. C'est triste.
Les villes se défilaient sous mes pieds mais je m'en fiche. Ça fait plusieurs heures qu'on est partis et il fait nuit à présent. Après avoir englouti un sandwich, Owen a sombré dans le sommeil. Il est drôle quand il dort, on dirait Dalid. Moi, je ne trouve pas le sommeil. Le MacDrive me manque, il m'aidait beaucoup à supporter mes nuits d'insomnie. Je ne l'ai encore jamais révélé à personne, mais j'adorais faire des hamburgers et des wraps. Ça me détendait. Je sais, c'est absurde. Je m'en moque moi-même.

- Tu dors?

- Non.

- Tu pourrais arrêter de dire non chaque fois que je te pose une question?

- Ok.

Je dissimule mon sourire. Je n'ai même pas vu qu'il s'était réveillé.

- Tu es insomniaque?

Dans le mille!

- Ouais.

Je le sens m'observer et ça me met mal à l'aise. Personne ne sait que je suis insomniaque. Je constate avec horreur que personne ne sait grand chose sur moi. D'accord, pas vraiment avec horreur mais ça me réfléchir. À part Anthony Jackman qui pense connaître toute ma vie. Peut-être qu'il la connaît vraiment d'ailleurs. Tiens, il faudrait que lui demande... si je le revois un jour.

Je me réveille de ma torpeur par une petite secousse. Nous avons aterri dans un énorme pré au milieu de nulle part et le soleil tape déjà. Je me retrouve de nouveau avec la chaleur invivable et familière du Texas. Owen a enlevé sa chemise et est assis dans l'herbe, regardant l'horizon. Il semble pensif.

Je suis de retour au Texas et ma question c'est: Quel tour l'avenir compte-t-il encore me jouer?

**********
Hou hou! Joyeux Noël et bonne année! Tous mes meilleurs voeux💙💚💜. Je n'ai jamais vraiment réussi à réaliser toutes mes bonnes résolutions du Nouvel an mais cette année, je vais essayer😉😆. Je vais y arriver. Et vous aussi.👌👊 Avouez que vous croyiiez vous débarrasser de moi hein😂😉