XI- La nouvelle

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A l'hôpital, Reims, jeudi 1 août 1940, 11h00.

J'ouvre lentement les yeux. J'ai énormément mal au crâne. Je suis dans une chambre d'hôpital, allongée sur le lit, accompagnée d'une jeune infirmière qui écrit dans son carnet. Sa chevelure blonde et courte, est cachée sous sa charlotte.

En me voyant réveillée, celle-ci me sourit.

- Bonjour Mademoiselle Lambert, comment vous sentez-vous ? Me demande-t-elle d'une voix douce.

- J'ai un peu mal au crâne, que m'est-t-il arrivé ?

En réalité, je sais très bien ce qu'il s'est passé, mais je veux quand même entendre sa réponse.


- Vous avez été percutée par une voiture, heureusement qu'un allemand est venu à votre aide.

Quelle ironie...

- Un allemand ? Lui demandai-je.

-Oui un allemand, d'ailleurs, je dois vous le dire il était très charmant. Dit-elle en riant.

Je ne trouve pas cela drôle, mais je souris quand même.

- Sinon, vous n'avez rien de grave, vous n'avez pas de fracture, quelques hématomes. Dit-elle en lisant ses notes. Le bébé aussi a eu de la chance, il n'a pas été touché par cet accident, mais reposez-vous, c'est important.

Je reste bouche bée. Le bébé ? Impossible ! Je ne peux pas être enceinte, non, je ne peux pas... J'ai pas eu mes règles depuis deux mois, mais je pensais que c'était à cause du peu de nourriture que je mangeais, cela fait longtemps que je n'ai pas mangé un vrai dîner. C'était aussi pour cela que je vomissais souvent...

- Mademoiselle ? Vous allez-bien ? Dit-elle en s'approchant du lit.

Je n'arrive pas à croire... Tout allait s'arranger pourtant.

Je ne peux pas avoir un enfant à cet âge-la, pas de cet homme...

- Oui, je vais bien merci. L'allemand qui m'a accompagné, est-il ici ?

- Non il est directement parti après vous avoir ramené ici ? Pourquoi vous vouliez le voir ? Demande-t-elle indiscrètement.

- Cet homme m'a sauvé la vie, et la vie de mon enfant, dis-je en caressant mon ventre. J'aimerais bien le remercier. Quand est-ce que je pourrai sortir ?

- A la fin de la journée. Reposez-vous c'est important Mademoiselle.

- Non, inutile, je vais bien merci.

Je me lève.

- Merci, bonne journée. Dis-je. Sans la laisser insister.

- Bonne journée également à vous.

Je sors de l'hôpital, et je rentre en vitesse chez moi. Effondrée par cette nouvelle.



Arrivée chez moi, je monte directement dans la salle de bain, et je m'observe dans le miroir avant de prendre un bain. Mon teint rosé est éclatant, tandis que mes seins sont beaucoup plus volumineux.

Je décide de tout changer.

Non, je n'irai pas en zone libre rejoindre mes parents, du moins, pour l'instant. Comment pourrai-je ? Je suis sans doute une honte, une ordure à leurs yeux. Et je les comprends, tout cela est de ma faute. Je n'aurais pas dû accepter cet accord entre le colonel et moi.

J'aurais dû me suicider.

J'ai peur de sa réaction, je ne sais même pas si je dois lui annoncer la nouvelle.

Je le dois oui... Même si c'est le pire être au monde, c'est son droit de le savoir, c'est aussi son enfant. Je me fiche de savoir si il assumera ou pas sa responsabilité.

Mais ce qui est sûr, c'est que jamais je lui confira mon enfant, jamais.

Et surtout comment vais-je le dire à Isaac ? Que j'attends un enfant qui n'est pas le sien, mais celui d'un nazi. Et lui ? Que sera sa réaction ?

Je décide d'aller chez Daniel, c'est lui qui se charge de mon départ en zone libre.


[...]


Arrivée devant la porte, je toque à plusieurs reprises.

Daniel  m'ouvre la porte, et j'entre dans le salon. Il y'a Paul, Adeline et pleins de résistants.

- Je ne vais pas tourner autour du pot, je n'irai pas en zone libre. Dis-je.

Ils sont choqués d'entendre cela.


Je ne peux pas. Une fille avec un enfant... Non. J'accoucherai puis... Dieu en décidera de son sort.

- Quoi ? Et pourquoi ? Me demande Daniel.


- Je suis enceinte... de ce colonel. Dis-je en me retenant de pleurer. Je resterai ici.


- Tu ne peux pas Rebecca ! Intervient Paul.

- Si ! Qu'avez vous attendu ? Dis-je en regardant autour de moi. Tout les jours, j'ai été violé et personne... personne m'a aidé, c'est maintenant que vous réagissez ? Dis-je hors de moi.


- Il n'est jamais trop tard Rebecca, tu pourra procéder à un avortement, je connais une femme qui pourrai t'aider. Dit Daniel.

Un avortement ? Je réfléchis un moment.
Ma propension d'accepter cette proposition me fait peur. Non, je ne peux pas accepter, comment pourrai-je tuer un enfant ?

Je secoue la tête.

- Non... Désolée je... Je dois partir. Un énorme poids se libère de mon corps.

Sans attendre leurs réactions je sors de la maison.


[...]


Assise dans mon jardin, j'attend le colonel. Le soleil se couche. Je me demande ce qu'il me ferai quand il apprendra ma grossesse.

Va-t-il me tuer ?

J'entends la porte du portail s'ouvrir, je me lève.

Je rentre dans ma maison avec le colonel.
Mes mains sont moites, le stress et la peur me font légèrement trembler.

Voyant que la table à manger est vide, il s'énerve.

- Pourquoi tu n'as pas préparé le dîner ? Dit-il furieux.

Je ne répond pas, je suis stressée, pour ce que je vais lui dire.

- Ich rede mit dir ! ( Je te parle ! ) Ajoute-t-il prêt à me gifler.


- Je suis enceinte. Dis-je froidement.

Il me regarde, scandalisé par cette nouvelle.







Et voilà ! Désolée pour les fautes. Continuer à commenter ça me fait plaisir ! ❤️

Condamnée à Aimer Où les histoires vivent. Découvrez maintenant