XXXIII- Au-delà du péril

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   « Là où est le danger, là est ce qui sauve. »






Paris, mercredi 20 août 1941,
14h30.



Il y a quelque mois, j'ai eu dix-huit ans, même si, sur mes papiers il est indiqué que j'en presque vingt-et-un. Avoir eu un an de plus, n'a rien changé. L'âge n'a pas signification pendant la guerre. Elle nous a déjà tous fait vieillir.





La pire souffrance que j'ai eu dans ma vie, que j'endure aujourd'hui même, est la mort de mon fils. 

Une personne peut devenir veuve, un enfant peut devenir orphelin, mais une mère qui perds son enfant ? Comment peut-elle vivre avec une telle souffrance ? Perdre son enfant, est la pire des douleurs pour une mère. Mon enfant est peut-être mort, mais il vit dans mon cœur. Et peut-être même qu'en fin de compte, c'est mieux ainsi. Mon bébé est dans un monde meilleur, dans un monde en paix . Nous les humains, nous sommes des condamnés de la vie. La vie sur cette terre, n'est pas la vraie. Cette vie est seulement une épreuve. Une épreuve dont les résultats détermineras notre destinée. L'enfer ou le paradis.

Il y a certains jours, où je me pose des questions.

Y a t-il un réel intérêt que je sois encore en vie ?
Pourquoi continuer de souffrir ?
Mais ce, jusqu'à ce que je me rappelle que je suis mère. Je ne peux pas abandonner mon fils dans ce monde de brute.


Je n'ai pas pu lui raconter la vérité. Non parce que je ne voulais pas, mais je ne pouvais pas. Je ne veux pas d'autres problèmes. Des ennuis, je n'ai eu que cela depuis le début de la guerre. La sécurité de mon fils est plus importante que la vengeance. Alors, je lui ai dit qu'après son départ ce jour-là, je voulais sortir prendre l'air et que soudainement, j'ai eu le malheur de tomber dans les escaliers. Et ne voulant l'inquiéter, je ne lui ai rien dit. Pour les brûlures de cigarette, je lui ai fait la promesse d'arrêter, bien que cela soit difficile pour moi. J'ai ce besoin d'avoir mal en permanence. Je doute sincèrement qu'il y ait cru à cette histoire, mais, je suis certaine que la vérité lui fait peur. C'est pour cela qu'il ne veut plus que je parle de cette histoire d'escaliers, ni de mon fils décédé. Il n'a même pas voulu l'enterrer.


Il me demande de l'oublier, mais comment peut-on oublier son enfant ?



Pendant que j'allaite mon fils, qui est à moitié endormi, on frappe à la porte de la chambre.




- Rentrez.



- Madame, une femme au nom de Lucile souhaite vous voir.



- Faites-la rentrer, j'arrive. La jeune femme aux cheveux cuivrés et aux yeux émeraudes acquiesce d'un signe de tête, avant de sortir et refermer la porte. Je me lève et pose lentement mon bébé dans son berceau. Bien la chaleur étouffante présente dans la demeure, je le recouvre d'une fine couverture en coton. Je me lève et lisse ma robe, puis sors de la chambre pour aller dans la salle de séjour afin de rejoindre mon amie. Lucile ! Quelle belle surprise ! Dis-je en la serrant dans mes bras. Madeleine, veuillez préparer du café je vous prie.





- Bien Madame. La servante s'éloigne, nous laissant seules.




- Ça fait si longtemps. Dit-elle avant de me serrer de nouveau dans ses bras.




- Viens, allons nous asseoir. Pendant que la blonde regarde autour de soi, je ne peux m'empêcher de la regarder. Ses vêtements sont abîmés et ternes, contrairement aux miens. Je ne peux qu'avoir honte à cet instant précis. Elle s'installe sur le canapé en velours beige, tandis que moi, je m'installe à côté d'elle sur le fauteuil.




Condamnée à Aimer Où les histoires vivent. Découvrez maintenant