XLII- « Die Freiheit »

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« La liberté est à la paix ce que la victoire est à la guerre. »







Paris, jeudi 9 avril 1942,
             11h12.




    Quelle somme de souffrances pour une personne qui apprend le décès de son proche. Mais ce qui est encore plus douloureux, c'est d'avoir espérer. Car l'espérance est un piège. On y croit tous, puis quand il s'avère que celui-ci n'est qu'un rêve d'une attente, on finit par avoir mal et souffrir... Et même laisser notre vie parfois.



Un plateau dans les mains et Günther à mes pieds, j'ouvre la porte de la chambre de Lore et j'ai la grande surprise de la voir à genoux, la tête baissée, et les mains jointes.




- .... petit Jésus, dis à maman que je l'aime beaucoup, et que je pense toujours à elle. Dis-lui aussi que je ne fais plus de bêtises que je suis très très sage... Comment ne pas avoir de la peine ? Günther qui est à quatre pattes, passe entre mes jambes pour rentrer et courir dans la chambre en babillant. Effrayée, la petite sursaute et se retourne. Je rentre à mon tour dans la chambre et referme la porte derrière moi. Elle s'assoit sur la chaise, près de son petit bureau. Depuis presque une semaine, la petite blonde refuse de sortir de sa chambre. Son appétit s'est envolé tout comme son sourire. Je dépose le plateau sur sa table de nuit, avant de m'assoir sur son lit.






- Je n'ai pas faim. Elle regarde devant elle, les yeux aussi vide que son estomac.





- Tu va finir par tomber malade si tu ne mange pas. Tu dois manger pour grandir. Elle hausse ses épaules.




- M'en fiche. Günther qui est à quatre pattes, se précipite vers la blonde avant de s'arrêter devant elle. Lore l'observe d'un œil discret. Mon fils lui tend le cube rouge qu'il avait à la main. Il se met soudainement à sourire, deux petites fossettes se creusent sur ses joues dodues, et ses petites dents se dévoilent. La fillette lève finalement son bras et tend sa main afin de saisir le cube. Satisfait, Günther s'approche davantage de Lore.





- Pourquoi il n'a que deux dents ? On dirait un lapin. Impossible pour moi d'éviter de rire.





- Il en a pas deux mais cinq. J'attrape mon fils pour le poser sur mes genoux. Lore vient s'assoir à mes côtés pour mieux voir. Croyant qu'il s'agit d'une tétée, Günther ouvre sa bouche avant même que je ne le fasse. Regarde... Deux en haut... Deux en bas et une à gauche. Il lève et agite soudainement ses bras vers la fillette, puis il se met babiller, des postions s'échappent de sa bouche.






- Ah... Beurk ! Dégoûtée, Lore passe le revers de sa main sur sa joue droite.



- Il veut que tu le prenne dans tes bras. Elle me regarde puis regarde mon fils. Je soulève Günther pour le déposer sur ses genoux. Tiens le par les côtés. Il passe ses petites mains dans les boucles blondes de la fillette. Un sourire s'étire sur son visage. Je les observe. Cette scène... Je l'ai déjà vécu. J'avais presque l'âge de la fillette quand mon frère est né. Je m'étais renfermée sur moi-même. Je ne mangeais plus, je parlais plus...L'idée que mes parents allaient aimer un autre enfant que moi m'horrifiait. Puis un jour, ma mère posa mon frère Abraham sur mes genoux, et il fit pareil, il passa ses mains dans mes cheveux. Ce simple geste... Était la naissance d'un amour fraternel si puissant... Mes larmes me montent aux yeux. Mais ce sont des larmes de joie, car cette vue, apaise mon cœur.




- Il est trop mignon ce bébé. Elle appuie sur la joue de Günther avec son index. Moi aussi j'en veux un.





- Plus tard, si tu veux, t'en auras. Lore... Günther est ton frère, tu le sais ça ? Elle tourne sa tête vers moi, les yeux écarquillés.





Condamnée à Aimer Où les histoires vivent. Découvrez maintenant