21. Douleur

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Là,je lâche tout. Je crois que je n'ai jamais crié aussi fort de toute ma vie.
Sylvia a expliqué à mon père ce qu'il s'est passé. Il paraît effondré lui aussi, et ne réagit pas à mon cri. Il ne me prend pas dans ses bras, ne me murmure pas de mots doux à l'oreille. 
J'ai l'impression d'être dans le vide. D'être du vide. Je ne suis plus rien sans lui. Ensuite, tout se passe comme dans le brouillard. Le camion repart, avec le corps d'Akemi à l'intérieur.

Le jour suivant, nous rendons visite à Akemi à la morgue. Il paraît plus tranquille dans la mort. Il a été bien habillé, pomponné juste pour nous. Nous lui disons tous "adieu" une dernière fois. Sa mère est inconsolable. Kagamiko m'entraîne à l'écart et m'écrit:
"Tout ça, je l'avais vu. Mais j'ai vu autre chose qui te concerne.
-De quoi s'agit-il ? je demande.
-De ta mort." écrit-elle d'une main tremblante.

PARDON ??? De ma mort ? Quand ? Où ?

Je n'arrive pas à réaliser.

Soudain, la mère d' Akemi apparaît. Elle a encore les yeux embués de larmes mais elle sourit. Elle me tend un papier. Elle me dit simplement:
" On a retrouvé ça dans les vêtements de mon fils."
Je le déplie et je lis:
"Ai,
Un secret est bien lourd à garder seul. Je ne connais pas d'autres personnes que toi avec qui le partager. Voilà: j'aime une fille fantastique, drôle, belle, une vraie battante et une princesse.
Cette fille, c'est toi.
Je t'aime, Ai. Je ne sais pas si mes sentiments sont réciproques, mais sache que quelque soit ta réponse, eh ben je t'aimerai quand même, na !
Signé: Akemi"
Je fonds en larmes. Pour une fois qu'un garçon m'aimait, il a fallu qu'il meurt ! Mais c'est ainsi: c'est la malédiction. La malédiction de l'amour.
Puis quelque chose de totalement insensé se produit: un garçon, vêtu de blanc, au visage rayonnant, apparaît. Je reconnais...
"Akemi ?! je m'exclame. Mais..."
Pour toute réponse, il me sourit. Je me précipite sur lui et tente de l'attraper, mais il disparaît instantanément. Je hurle:
"Non, ne me laisse pas, pas encore !"
Tout le monde me regarde bizarrement. Je réalise alors que l'amour de ma vie n'était pas vraiment là. J'ai été la seule à le voir. N'y tenant plus, je me précipite sur le toit de l'hôpital pour me précipiter dans le vide.

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