Inaccessible

Chapitre 10:Noël (3)

Le lendemain, dans la voiture, je me demande quel genre de fille peut bien être Kagamiko. Est-elle maquillée? Prétentieuse? Joueuse? Complexée? Rêveuse? Fan de Winx (on ne sait jamais...)? J'espère qu'elle a arrêté de jouer à la poupée...

Je ne vois pas passer le reste du voyage avec toutes ces questions. Aussi, à l'arrivée, je suis surprise de découvrir une jolie maison de deux étages. Je m'étais imaginée une vieille maison décorée un peu comme chez ma grand-mère (je ne vous montre pas le résultat, c'est vital pour vous...).
Mais non. La maison est belle et la décoration merveilleuse: un traîneau est posé sur le toit avec de petits lutins à l'intérieur et un bonhomme de neige scintillant et souriant accueille les visiteurs. C'est certainement la plus belle maison du quartier. J'avoue que j'en suis soulagée. Néanmoins, une autre question s'immisce dans mon crâne: Kagamiko ne serait-elle pas le type de fille "tu-n'es-pas assez-riche-pour-m'adresser-la-parole" (style Kimiko)?

On s'approche de l'entrée. On gravit les quelques marches. Mon père se tourne vers ma mère. Il lui sourit. Elle lui sourit en retour. Mon père se retourne. Il tend son bras vers la sonnette. Il déplie son index. Il appuie sur le bouton. Il retire son doigt. Des pas s'approchent de la porte. Une clé tourne dans la serrure. La porte s'ouvre...
Un chignon blanc apparaît. Deux yeux bleus suivent. Un nez. Une bouche un peu trop maquillée. Un corps assez maigre paré de somptueux vêtements qui ne laissent pas voir les pieds. Je pense que ce n'est pas Kagamiko...

Mon père questionne la dame en brisant en même temps mon ralenti ULTRA-stressant:
"Bonsoir madame! Je suppose que vous êtes la mère de Sylvia, belle-mère de Jun et grand-mère de Kagamiko...Enchanté! Je suis Jean-Patrick Shimizu!"
C'est vrai que je ne vous avais jamais dit le prénom de mon père...                                                               

"Non,répond la dame,je suis la petite sœur de Sylvia, la belle-sœur de Jun et la tante de Kagamiko."

Un silence gêné s'installe. C'est vrai que ça doit être un peu désagréable de se faire prendre pour la mère d'une personne quand on est en vérité sa petite sœur...

C'est une petite voix d'enfant qui recolore le blanc (vous comprenez? Il y a eu un blanc...Oui je sais mon humour laisse à désirer):
"Tantine !Tantiiiiiiiineuh !!! Moi aussi j'veux voir Ouille!"
Une petite bouille de fillette apparaît. Elle a deux couettes hautes sur les côtés retenues par des élastiques décorés par un nounours rose chacun.
Je me demande au fait qui est cette Ouille, car il n'y a personne d'autre que nous sur le seuil. Et la rue est déserte. En même temps, qui serait assez fou pour sortir par un froid pareil?
"Ah, c'est elle? Demande la petite fille en me montrant du doigt.
-C'est Ai. Et arrête de montrer du doigt les gens, c'est malpoli! lui dit sa tante.
-C'est elle! C'est elle!" se réjouit sa nièce.
Mais pourquoi mon prénom est-il si douloureux (LOL MDR XD)?
"Et quel est ton nom? demande doucement ma mère à la fillette.
-Je m'appelle Ka..."
Oh non. Quand même pas.
"...ssandre" finit-elle dans un sourire enfantin qui fair craquer tout le monde.
Ouf! Je respire enfin! J'ai cru un instant que c'était la tant attendue Kagamiko...
Kassandre me prend par la main en riant et m'entraîne dans l'immense demeure. Sur un grand canapé, je vois deux filles qui doivent avoir le même âge, assises côte à côte, mais ne se parlant pas. La petite m'entraîne vers elles. L'une des filles lève la tête, continuant de mastiquer bruyamment son bout de pétrole (chewing-gum). Puis elle se replonge sans ce qui semble être un combat de textos avec une de ses amies. L'autre fille ne me regarde pas. Son regard semble perdu dans un autre monde, un monde de rêves. Kassandre m'entraîne vers cette fille (je pense que c'est ce que je préfère... ). Elle lui tapote l'épaule, la fille se retourne, sursaute et agite ses mains dans tous les sens. Kassandre lui répond par d'autres gestes.

 Cette fille...elle est sourde?!

Elle attrape un petit cahier et un stylo posés à côté d'elle et se met à écrire. Puis elle me montre. C'est une question: "Comment tu t'appelles?"
Je me balance d'un pied sur l'autre, un peu gênée. Comment lui répondre?
La fille, semblant avor compris la raison de mon geste, me tend le cahier et le stylo. Je les prends et lui écris mon prénom, puis lui rends ses affaires. Comment va-t-elle réagir en le lisant ? Va-t-elle rire?
A ma grande surprise, elle redresse la tête avec un air pétillant de bonheur. Elle refait plein de gestes. Kassandre me traduit:
"Elle dit qu'elle t'attendait avec impatience! Elle te propose d'aller avec elle dans sa chambre. Je reste ici."
Je suis donc ma potentielle nouvelle amie dans sa chambre, au premier étage. En arrivant devant une porte, elle me montre un panneau fait main (et magnifique, je dois le reconnaître). Dessus on peut lire: "Chambre de Kagamiko".

Elle me montre le dernier mot avant de se montrer elle, et recommence plusieurs fois.

Oh, je comprends! Kagamiko, c'est elle!