Chapitre 5

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Voilà. Juliette avait enfin quitté la France. Mais surtout, Juliette avait eu une puissante sensation. Celle-ci avait été si forte, intense et enivrante. Effectivement, Dumas avait senti son âme de femme la quitter. La fillette parfaite faisait place au jeune homme libre. Son pronom était maintenant « il ». Il en avait rêvé toute sa vie. En effet, il aimait bien s'allonger dans son petit lit de Limoges et s'évader. Il n'avait qu'à clore ses paupières et à écouter un peu de musique. Parfois, ses courtes séances de détente lui procuraient un grand calme. Quelquefois, elles rendaient Juliette nostalgique. N'est-ce pas un brin étrange, d'être nostalgique d'une vie point acquise ?

Soudain, l'étudiant secoua la tête et réalisa qu'il était toujours assis dans le gigantesque appareil. La gêne s'empara de lui tandis que le personnel l'observait d'un drôle d'œil. Le voyageur s'excusa furtivement et rassembla ses affaires. Il s'assura qu'il n'avait rien laissé de côté et déguerpit de l'avion. Il était excellent pour se mettre dans d'embarrassantes situations. Finalement, il se dirigea vers le centre du bâtiment. L'aéroport Pierre-Elliot-Trudeau était beaucoup plus grand que celui de Limoges. Cette caractéristique l'impressionna.

En revanche, quelque chose lui revint en tête alors qu'il trottinait vers la sortie. Ses parents n'avaient point tenté de le contacter, et ce même après l'écoulement de toutes ces heures. Bon, sa lettre précisait bien de ne pas le faire, mais son cœur se serra tout de même. Ses parents étaient donc réellement honteux de leur progéniture. Juliette pinça les lèvres et poursuivit sa route. Après tout, il ne valait pas la peine de se soucier tant d'eux. Sans s'en être aperçu, Juliette avait déjà atteint la sortie. Il ouvrit grand les yeux et savoura cette délicieuse vue. Les gratte-ciels l'émerveillaient. Peut-être que ces édifices ne représentaient qu'une banalité pour certains, mais pour lui, c'était tout le contraire. Tout à coup, une immense vague de reconnaissance l'envahit. Il s'agenouilla sur le trottoir et ne put retenir ses larmes. Il ne s'agissait pas que d'un simple voyage, mais d'un tournant massif de son existence.

Déterminé, Juliette leva ses yeux vers le ciel et examina chaque nuage. Ces nuages surplombant Montréal, là où sa nouvelle vie débutait. Un immense sourire se dessina sur son visage pâle et il se mit à rire gaiement. Si goûter au bonheur était ce qu'il vivait actuellement, il désirait en savourer à tous les jours. Par ailleurs, le roux ne pouvait se résoudre à rester assis bien longtemps. La majorité des passants le dévisageaient ouvertement, ce qui commençait à l'irriter. Comme il ne voulait absolument pas que ces déplaisants piétons gâchent son bonheur, il se leva et quitta les lieux. Question d'utilité, il transforma sa valise en sac à dos, une de ses multiples fonctionnalités.

Il avait voyagé pendant la nuit, mais la longueur de son périple ainsi que le décalage horaire avaient fait en sorte qu'il faisait encore nuit à Montréal. Étrangement, il ne ressentait pas la moindre fatigue. Ce n'était guère normal, mais il s'en fichait un brin pour l'instant. Il supposa que le sommeil lui viendrait plus tard. Pour ajouter encore plus de piquant à sa journée, il décida de se promener sans carte. Il avait toujours adoré bouger, alors un petit tour de ville à la marche lui procurerait le plus grand bien. Il y avait pas mal de quartiers résidentiels tout autour du fameux aéroport, mais, heureusement, le voyageur trouva un mignon café ouvert 24 heures. En attendant l'ouverture du joli centre d'achats d'à côté, il dégusta une viennoiserie et sirota une boisson chocolatée. Ce dernier était bien différent des magasins se trouvant à Limoges. Juliette était favorablement impressionné par les boutiques. Il prit le soin de visiter la majorité d'entre elles.

Le jeune homme avait accumulé un peu d'argent de poche au cours des dernières années. En effet, celui-ci recevait une jolie quantité de pièces à Noël. Il n'en avait utilisé que très peu, car ses parents lui répétaient sans cesse de dépenser judicieusement. Eh bien, aujourd'hui, il se servirait enfin de cette monnaie. Il devait sélectionner une boutique et opta pour celle offrant de charmants habits d'homme. Il visita cette dernière et s'attarda sur deux morceaux en particulier : un pantalon noir ainsi qu'une veste délavée. Il les essaya rapidement et admira son corps avec satisfaction. Cela accompli, il acheta les deux morceaux. Évidemment, les autres vêtements du magasin l'intéressaient, mais ses sous devaient être conservés afin de payer une chambre d'hôtel.

Tout à coup, le jeune homme eu une idée. Bien sûr, ce dernier n'avait point abandonné son blogue et conversait régulièrement avec des personnes vivant tout autour du globe. Un jour, une de celles-ci lui avait parlé du Québec et d'un de leurs mets typiques : la poutine. Ce délicieux repas était constitué de fromage en grains, de savoureuses frites ainsi que d'onctueuse sauce brunâtre. Il imagina le plat dans son esprit et se dirigea instantanément vers un kiosque en offrant. Il en commanda, et, quelques minutes plus tard, reçut le chaud régal. Juliette avait déjà l'eau à la bouche ! Sans patienter davantage, ce dernier glissa sa fourchette dans l'assiette et récupéra une généreuse portion du met. Il porta la nourriture à ses lèvres et, en moins d'une fraction de seconde, un véritable festival de saveurs s'enclencha dans sa bouche ! Si seulement il avait su à quel point ce plat était bon, il serait venu à Montréal bien avant. Finalement, après avoir achevé son repas, Juliette sentit la fatigue le guetter.

Effectivement, ce dernier vagabondait dans le petit centre commercial depuis quelques heures. Il quitta donc ce dernier dans le but d'aller dormir. Par chance, un passant put lui fournir quelques renseignements. Juliette était particulièrement fier de lui. En effet, il avait réussi à parler à un inconnu ! Bon, ce dernier l'avait toisé, certainement à cause de sa coupe de cheveux. Évidemment, cela lui avait fait un pincement au cœur. Cependant, il ne devait reculer devant cet obstacle, car il savait pertinemment que cela se reproduirait. Il continua son chemin. Après un long moment à marcher, le voyageur sentit ses paupières se clore doucement. Il accéléra le pas pour, finalement, se trouver devant l'hôtel référé.

En pénétrant dans l'immeuble, il se dirigea vers le comptoir. Sans surprise, louer une chambre lui nécessita plus de temps qu'à l'ordinaire. L'accent particulièrement fort de la dame ainsi que l'argent du pays le troublaient un tantinet. Néanmoins, il réussit à se procurer une chambre. Il abandonna donc la dame du comptoir pour se déplacer vers l'étage indiqué par cette dernière. La fatigue accumulée dans son corps l'agaçait réellement, d'autant plus qu'il devait traîner une lourde valise sur ses épaules. Par chance, le voyageur parvint à atteindre sa destination. La pièce était plutôt modeste, mais faisait parfaitement l'affaire. Après avoir presque catapulté son bagage dans un recoin sombre de la pièce, Juliette se déshabilla et sauta dans la douche. Le jeune adulte était épuisé, mais il savait qu'une bonne douche lui ferait le plus grand bien. Ainsi, il mania la poignée de la douche et eu l'immense plaisir de sentir une fine pluie se déverser sur son corps. Sans surprise, la vue de ce dernier le méprisait. Évidemment, il rêvait de se faire opérer, mais les opérations étaient chères et les convalescences longues. Malgré ces faits déprimants, l'étudiant se promit de ne jamais se décourager. Un jour ou l'autre, il le savait, ses opérations auraient lieu...

Quand mes démons auront des ailesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant