Quand mes démons auront des ailes

Chapitre 12

Olivier était absorbé dans l'édition de ses clichés. Cet art étant sa passion, il pouvait s'y dédier pendant des heures sans s'ennuyer. C'est seulement lorsqu'il entendit les bruyants ronflements de Raphaëlle qu'il s'extirpa de sa profonde concentration. Soudain, il réalisa que le feu n'avait toujours pas été ravivé. Celui-ci s'éteindrait sous peu. L'étudiant nourrit donc l'espoir que son meilleur ami était parti se coucher en oubliant de jeter le bois dans le feu. Repoussant l'ordinateur de ses genoux, il se leva et prit Raphaëlle dans ses bras. Tous deux se dirigèrent vers leur commode abris, ne présentant aucune trace de Juliette.

Évidemment, la peur envahit le jeune homme. Il s'était passé tant de choses lors des dernières semaines, un événement de plus n'était point nécessaire. De ses mains tremblantes, il enfila de bonnes chaussures. À son tour, il se munit d'une lampe torche et s'aventura dans les bois. Il prit le temps de bien fermer la fermeture éclair de la tente afin de protéger sa nouvelle amie.

À quelques mètres du campement, le froid commença à attaquer Olivier. Le jour, le mois de septembre offrait une délicieuse température. Néanmoins, la nuit, ce n'était pas du tout pareil. N'ayant guère le temps de se munir de vêtements supplémentaires, le montréalais s'aventura dans les profondeurs de la forêt. Tel son plus fidèle complice, il tenta de crier. Rien ne se produisit. Pourtant, il pouvait presque sentir la présence de son ami. Leur amitié s'était quasiment transformée en connexion. Le cœur d'Olivier battait de plus en plus fort. Étrangement, cela eut le don d'éveiller Juliette, auparavant endormi. Jamais celui-ci n'avait eu aussi peur. Il croyait bien être mort. Pour des raisons inexplicables, à mesure qu'Olivier s'approchait, le jeune français se sentait de mieux en mieux. Et soudain, comme sorti d'un rêve, Olivier s'accroupi devant son compère. Ses mains effleurant ses joues froides lui firent le plus grand bien.

Sans plus attendre, l'étudiant en photographie prit Juliette dans ses bras et le ramena à leur abri.

Raphaëlle, s'étant réveillée, s'empressa de donner un coup de main à ses amis. Malgré les couvertures et les boissons chaudes, la troupe n'avait pas assez de matériel pour contribuer au rétablissement de Juliette. De plus, une vulgaire tente verte n'était pas le plus douillet des lits. Tenant compte de tout cela, Olivier préféra repartir immédiatement. Il savait pertinemment qu'il n'arriverait pas à trouver sommeil s'ils restaient ici.

Heureusement, démonter leur installation s'avéra bien plus facile que de l'assembler. Fourrant tout leur matériel dans la voiture, le trio était prêt à lever l'ancre. Inopportunément, le ciel couleur d'encre était un obstacle de taille. Audacieux, les jeunes gens ne s'abaissèrent point devant ce dernier. Quittant officiellement leur coin de camping, ils sillonnèrent les routes quasi désertes.

Le trajet du retour se fit dans un troublant silence. D'habitude, ils étaient de vraies pies. En effet, les jeunes amis adoraient se partager des anecdotes de leur passé. Cependant, de temps à autre, un peu de paix était nécessaire. Tous avaient besoin d'être seul avec soi-même. Le silence ne se rompait seulement lorsqu'Olivier demandait à Raphaëlle si leur ami se portait bien.

Alors que celle-ci observait tendrement son compère affaibli, sa voix resurgit. Cette dernière ne s'était pas fait entendre depuis plusieurs heures déjà. Bien entendu, Olivier se retourna quelques secondes afin de sourire à son ami. Néanmoins, il se rendit compte bien rapidement qu'il n'aurait pas dû faire cela. À la gauche du véhicule, sur la route asphaltée, une automobile les avait effleurés. Étrangement, cette voiture inconnue recommença quelques secondes plus tard.

Voulant les semer, Olivier ralentit la cadence. Remarquant que le véhicule s'adaptait à leur vitesse, il décida d'accélérer. Mais rien n'y faisait, ils étaient toujours suivis. Pour ajouter à tout cela, les inconnus persistaient à égratigner l'automobile d'Olivier.