Chapitre 10

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Combien de secondes ? Combien de minutes ? Combien d'heures ? Combien de jours ? Ça, la prisonnière n'en avait aucune idée. Pour le moment, elle était reconnaissante d'être parvenue à s'éveiller. Cependant, l'étudiante en arts visuels était robustement ligotée à d'épaisses cordes qui lui écorchaient les jambes et les bras. À première vue, elle se trouvait dans un placard à balais. Celui-ci était si étroit qu'elle parvenait à peine à déplier ses jambes complètement. Quelques manteaux et boîtes de carton étaient éparpillés. En plissant ses yeux, Raphaëlle put apercevoir une araignée pendouiller au plafond, ce qui ne lui plut guère. Son unique source de lumière provenait du bas de la porte. Effectivement, une raie de lumière jaunâtre s'échappait de cet endroit. De plus, de fortes voix pouvaient être entendues. Elle ne parvenait point à capter les mots échangés, mais elle sut que ces gens riaient.

Alors qu'elle se concentrait dans le but de comprendre la conversation, la porte délabrée s'ouvrit brusquement. La jeune femme sursauta, cette intrusion l'ayant réellement surprise. Sa tête orientée vers le sol crasseux, elle ne voyait qu'une paire de pieds. Intimidée mais à la fois curieuse, elle osa relever les yeux. Étonnée, elle constata qu'il s'agissait d'une fille. Elle croyait que seuls les hommes étaient autorisés dans cet endroit lugubre. Un peu soulagée, elle esquissa un mince sourire. Elle espérait que cette personne à l'allure charmante allait la sortir de là.

Malheureusement, ses attentes ne furent remplies. Soudain, la femme donna des ordres en anglais à quelqu'un qu'elle ne voyait point. Un homme vint donc la libérer de ses douloureuses liaisons. Ce n'est qu'à ce moment qu'elle réalisa à quel point celles-ci avaient endommagé sa peau. Désespérée, la curieuse femme lui demande de se lever. Raphaëlle s'exécuta, n'ayant d'autres options.

Étant donné que cette dernière était restée assise pendant un long laps de temps, sa tête la fit souffrir lorsqu'elle se redressa. Alors qu'elle reprenait peu à peu ses habilités, elle fut tirée par devant. Cette action la dérangea, mais elle n'en fut pas très surprise. Tellement de choses étranges s'étaient déroulées lors des derniers jours. Zigzaguant dans cette bâtisse porte-malheur, la pauvre adulte prit le soin de tout observer. Les murs étaient peints de noir, une couleur bien inhabituelle. Le sol était composé de lattes endommagées. Dès que l'étudiante tournait la tête, elle voyait des étagères. Il y en avait partout ! Celles-ci exposaient de nombreux objets étranges. Des boules de cristal, des cartes à jouer, des insectes, et même quelques fausses têtes de mort. Ces décorations lui donnaient la chair de poule.

La dame l'escorta jusqu'à une haute chaise. Le reste de la troupe était rassemblé dans le semblant de salon. Lentement, l'innocente s'assit sur la chaise en question. À première vue, tout cela ressemblait à un interrogatoire. C'était incroyablement étrange. S'agissait-il d'une secte, ou quoi ?  Quelque chose entourait ses mains. Du ruban adhésif ? Sérieusement ?

Elle sentait que quelqu'un s'apprêtait à la questionner, et elle n'était pas du tout préparée à cela. Cependant, un bruit attira l'attention du groupe. La porte, craquante, semblait s'ouvrir. Cet endroit était privé, pourtant, la porte n'était point barrée. Raphaëlle trouva cela bien stupide. Cela dit, elle retira ses paroles bien rapidement. Les individus qui venaient de pénétrer dans l'immeuble revêtaient des uniformes bleu marine. Sans l'ombre d'un doute, il s'agissait de policiers.

Une onde de soulagement la transperça. Des sauveurs ! De leur côté, la petite bande n'appréciait guère les visiteurs. Ces derniers reculèrent lorsque quelques policiers s'apprêtaient à leur parler. La porte, grande ouverte, offrait de doux rayons de soleil. Ceux-ci parvinrent à réchauffer le corps froid de la jeune femme. De plus, quelques automobiles du Service de Police de la Ville de Montréal trônaient dehors. Quelqu'un était assis dans un des véhicules, Raphaëlle en était sûre. En plissant suffisamment les yeux, elle reconnut Anthony. Cette fois-ci, ce ne fut pas de l'angoisse qui l'assaillit, mais de l'accomplissement. Ils l'avaient enfin coincé !

Quelques jours plus tard, la situation s'était grandement améliorée.

Effectivement, Raphaëlle avait pu quitter la frissonnante secte. Les sergents détectives du SPVM travaillèrent sans relâche afin de récolter suffisamment de preuves pour envoyer cette crapule d'Anthony devant le juge. Cependant, étant la victime de celui-ci, Raphaëlle dut participer à son procès. Heureusement, ils avaient fait en sorte que les deux individus ne puissent se voir. Ils étaient cachés par une opaque vitre fumée. Après de nombreuses déchirantes révélations, l'étudiante en art visuel l'emporta. Elle n'avait jamais ressenti autant de fierté. Cette réussite apporta son ex-copain en prison et libéra Olivier ainsi que Juliette.

Avant que le procès n'ait lieu, ces derniers furent enfermés dans une cellule beaucoup plus propre. Sans surprise, le personnel s'assurait régulièrement de l'état du touriste. Même si la cellule était de bien meilleure qualité, les meilleurs amis furent plus qu'heureux de la quitter. Cette détention les avait marqués.

Évidemment, Raphaëlle couvrit les deux amis de remerciements. Ces derniers, toujours affectés par la traumatisante situation qu'elle avait vécue, décidèrent de passer du temps avec elle. Un peu comme à l'arrivée de Juliette, de forts liens furent tissés. Rapidement, le duo se transforma en trio.

Quand mes démons auront des ailesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant