Prologue

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Et encore un. Encore un matin où Juliette ne se sentira pas bien. Encore un matin où elle se réveillera avec difficulté, où elle s'extirpera de son lit avec rudesse, où elle se dirigera directement vers son grand miroir. Cet immense miroir bordé de blanc, beau et fier sur son tapis marron. Et puis, encore une fois, Juliette s'observera. Elle scrutera chaque fragment de sa personne, de sa peau, de son visage. Elle dégoutera chaque détail de ses lèvres trop roses, de ses cils trop longs et de son nez trop délicat. Comme toujours, elle se haïra intérieurement de se soucier autant de cela.

Néanmoins, Juliette continuera. Elle enchaînera avec son corps, doté de courbes bien trop féminines. Ces courbes la suivant chaque jour de son existence, pourtant incroyablement maudites. Et alors, Juliette fermera ses yeux teintés de vert et de gris. Elle soupirera et, sans pouvoir s'en empêcher aujourd'hui, laissera couler une larme le long de sa joue si lisse. Une larme à l'allure anodine, néanmoins bien lourde. Cette goutte d'eau salée glissera silencieusement sur sa peau, achevant son parcours dans les plis de son pyjama grisâtre.

Et alors, Juliette essuiera le sanglot du revers de sa manche. Elle enfilera une veste beige trouvée dans un des nombreux tiroirs de sa commode de bois naturel. La jeune femme se dirigera vers sa petite fenêtre et plongera son regard dans le ciel explosant de couleurs. L'espace d'un instant, elle se perdra dans l'immensité du lever de soleil. Juliette soufflera et se dira tout bas qu'elle aimerait être tout, sauf une femme. Cette dernière abandonnera sa vitre, marchera vers son imposante porte, tournera la poignée de métal et disparaîtra dans le couloir sombre de sa demeure.

Quand mes démons auront des ailesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant