Quand mes démons auront des ailes

Chapitre 7

La nuit était relativement chaude. La majorité des habitants de Montréal étaient endormis. Les lampadaires offraient une délicieuse luminosité à la ruelle. Cependant, l'un d'entre eux avait un petit défaut. En effet, la jaunâtre lumière du candélabre oscillait. Alors que Juliette observait le souci, un sourcil levé, un assourdissant bruit l'effraya. Le jeune homme détourna la tête, tentant d'identifier la source de ce vacarme. Ses pupilles se dilatèrent lorsqu'il aperçut un groupe de soulards. Ceux-ci vacillaient sur le trottoir, chantant des bouts de comptines. À la vue de Juliette, ces derniers commencèrent à siffler. Ils crachèrent une multitude de commentaires dégoûtants. L'un d'eux s'approcha dangereusement du touriste, lui susurrant plusieurs compliments à propos de son corps. Les mains de Juliette tremblaient dangereusement. Alors qu'un des hommes ivres allait poser ses crasseuses mains sur le voyageur, une sirène de police se fit entendre.

Ce bruit affola le groupe, qui déguerpit aussitôt. Juliette, ébranlé, put enfin respirer. À quelques mètres de lui, dans la rue, l'automobile policière fit son apparition. Celle-ci ne se fit voir que quelques secondes, trop occupée à pourchasser un autre véhicule. Le jeune homme remercia intérieurement ces policiers l'ayant sauvé sans le savoir. Le voyageur leva une dernière fois les yeux vers le lampadaire défectueux et se dirigea vers un arrêt d'autobus. Bien sûr, le jeune adulte avait déjà converti quelques euros en dollar canadien. Il irait échanger les autres bientôt. Heureusement pour Juliette, Olivier lui avait expliqué le fonctionnement des autobus. Le système était très différent de celui de la France, mais le touriste réussit tout de même à comprendre. Une fois à l'arrêt, il dut attendre quinze minutes avant que le transport ne se pointe. L'attente étant insupportable, il partagea sa frissonnante expérience sur son blog, ou quelques personnes l'épaulèrent gentiment.

La chambre de Juliette était plongée dans l'obscurité. Les minces murs lui laissaient entendre le murmurement du vent. Les quelques couvertures lui apportaient une chaleur réconfortante. Tout était calme, sauf l'esprit du jeune homme. Ce dernier était en ébullition. En effet, le voyageur frissonnait toujours en repensant aux soulards l'ayant abordé. De plus, il pensait à Olivier. Avoir un ami était complètement nouveau pour lui. Celait semblait sans doute pathétique du point de vue d'autres personnes, mais ce ne l'était pas pour Juliette. Il n'avait jamais connu quelqu'un d'aussi respectueux et gentil envers lui. Voilà pourquoi le touriste se sentait un peu mal de ne point lui révéler sa véritable identité. Malgré son anxiété, celui-ci se promit de tout lui dire, et ce prochainement. Il l'avait fait une fois, il serait bien capable une deuxième fois, non ? Sur ces pensées tonitruantes, Juliette parvint finalement à s'endormir.

Quelques jours s'étaient écoulés. Olivier et Juliette passaient tout leur temps ensemble. Alors qu'ils se baladaient dans le boisé du Mont-Royal, le voyageur décida enfin de tout avouer à son meilleur ami.

« Olivier, je dois te raconter quelque chose.

Le concerné s'arrêta dans son élan afin de l'écouter.

« Je ne suis pas la personne que tu crois que je suis. En fait, je ne t'ai pas raconté grand-chose à propos de ma vie. Certes, tu me l'as demandé plusieurs fois, mais je ne me sentais pas à l'aise. Cependant, aujourd'hui, je pense que tu mérites amplement de connaître la vérité. Je me prénomme Juliette, mais je suis un homme. Je le sais depuis toujours. Je l'ai annoncé à mes parents il y a peu et ils l'ont très mal pris. Je n'ai tout simplement pas été capable de supporter le tout et j'ai décidé d'accomplir un de mes rêves les plus chers : déménager à Montréal. »

Olivier parut ravi de ces nouvelles informations. Il avait toujours voulu en savoir plus sur son ami. Au grand étonnement de ce dernier, le Montréalais n'avait pas l'air de se préoccuper de son genre. Pour lui, cela ne faisait aucune différence. Cette révélation fortifia leur amitié.