Chapitre 13

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Fixant le bout de parchemin, l'étudiant ne put se résoudre à le déplier. Le morceau de papier fut donc remis à sa place. Au même moment, un employé vint leur annoncer qu'ils pouvaient disposer du centre.

C'est avec leurs habits fripés, leurs visages rouges et leurs cœurs plus détruits que jamais qu'ils quittèrent la place. Quelques secondes à peine après avoir franchi les portes transparentes, Juliette s'arrêta net. Ils ne pouvaient point retourner à l'appartement. L'originaire de Limoges, prit de spasmes, partagea ses pensées avec son amie.

Celle-ci le prit dans ses bras le plus rapidement possible et le rassura en lui disant qu'ils iraient chez ses parents. Elle avait préalablement contacté ceux-ci, sachant que revenir à l'appartement du duo était loin d'être la meilleure idée qui soit.

Le cottage dans lequel les géniteurs de Raphaëlle vivaient était très charmant. Entouré de quelques sapins, l'endroit offrait une certaine sérénité. N'en profitant que très peu, Juliette s'excusa et alla trouver le sommeil dans la chambre de son amie. Cette dernière échangea quelques mots avec ses parents avec de rejoindre celui qui avait grand besoin d'affection.

Les premières heures de leur repos furent bénéfiques, cependant Juliette s'éveilla subitement. Il avait cauchemardé, revivant les épouvantables scènes s'étant déroulées quelques heures auparavant. Un flot de de larmes coulèrent sur ses joues. Jamais tant de peine n'avait habité son corps, et surtout jamais tant de regret ne l'avait hanté.

Voulant se concentrer sur quelque chose de différent, le francais se remémora la précieuse lettre. L'objet en question, reposant sur la table de chevet, fut rapidement ouverte. Les mots y étant inscrit le frappa de plein cœur.

« Cher Juliette,

J'ai pensé qu'une lettre serait peut-être plus adéquate qu'un discours. Je sais, ça te paraîtra peut-être étrange, mais je sentais que c'était la meilleure option. Alors voilà, je t'ai préparé un énorme projet. Que dis-je, gigantesque. En fait, j'ai eu cette idée très peu de temps après notre rencontre. Te souviens-tu de notre première soirée à l'appartement ? Je nous avais cuisiné des pâtes et nous avions discuté pendant des heures. C'est à ce moment que j'ai compris que tu étais une personne extraordinaire avec énormément de potentiel.

En allant au lit ce soir-là, une idée émergea de mon esprit. J'ai tout noté dans un cahier et établi quelques plans. J'allais retracer tout ton parcours. Le photographier, le noter, parfois même le dessiner... Lorsque nous marchions dans le boisé, il y a de cela quelques semaines, tu m'as vu ranger un objet. Ah, j'ai bien cru que mon projet allait échouer. En fait, il s'agissait de ma caméra compacte.

J'espère sincèrement que tu ne m'en veux pas. Comme je te connais, toi et ta curiosité, je t'indique où trouver le fruit de mes efforts, et de les tiens. Il te suffit d'aller à la librairie du coin... En souhaitant que cette idée devienne un incroyable souvenir.

Je tiens à ajouter que j'écris cette lettre à Tadoussac. Eh oui, nous ne sommes pas venus ici pour un travail d'école, mais bien pour enrichir ce projet. Nous sommes sur le bord du feu et »

Les larmes coulaient à souhait sur ses joues douces. Olivier n'eut guère l'occasion de finir la lettre, car Juliette s'était perdu dans la forêt. C'est certainement pour cela que la phrase est coupée. Cela dit, jamais le français n'aurait pu imaginer cela. Son meilleur ami avait réussi à monter tout ça sans que quiconque ne s'en aperçoive. De plus, ils étaient partis en campagne spécialement pour cela. S'ils n'y étaient pas allés, Olivier serait peut-être toujours en vie.

L'originaire de Limoges pleura de plus belle, sachant que la vie d'Olivier s'était éteinte là ou celle de Juliette ne faisait que commencer.

Raphaëlle, roulée en boule de l'autre côté du lit, avait entendu son ami larmoyer. Instinctivement, l'étudiante en art visuel se redressa. Positionnée en tailleur, elle frôla l'épaule de Juliette afin d'attirer son attention. Ce dernier, submergé de tristesse, se blottit dans les bras de son amie. Le jeune homme lui tendit la lettre, lui laissant découvrir, à son tour, l'immense cadeau laissé par Olivier.

Les yeux de Raphaëlle, courant sur le papier à lettre, grossirent de plus en plus. Ce qu'elle venait d'apprendre était gigantesque. Ne tenant plus sur place, celle-ci voulut se rendre à l'endroit désigné sur-le-champ. Malgré sa peur et sa lourde peine, Juliette accepta. En effet, il était tout aussi excitée que son acolyte.

Les portes de la librairie étaient splendides. Passant une main dans ses cheveux roux, Juliette sentit l'anxiété monter en lui. Que se cachait-il vraiment derrières ces portes ? Il dut l'avouer, Olivier avait été plutôt vague sur le sujet. L'attente ayant été assez longue, les deux amis pénétrèrent dans la boutique au même moment.

À l'intérieur, des centaines de gens grouillaient. La librairie, très grande, offrait des tonnes de livres. De plus, après un rapide balayage de l'endroit, les deux jeunes gens remarquèrent que la population était concentrée à un endroit bien précis.

S'y approchant, ils purent découvrir qu'un livre bien particulier était exposé. Sur la couverture, le visage et le prénom du français.

À cet instant, tout parut plus réel que jamais. Ce livre était dédié au parcours de Juliette et de ses plus fidèles amis. Le bouquin regorgeait de photos, de notes, de coupures, de souvenirs, de dessins... Raphaëlle et Juliette s'échangèrent un sourire ébahi. Les acheteurs, venant tout juste de remarquer leur présence, s'agglutinèrent à leurs côtés. Il y eut des câlins, des exclamations et des étoiles dans les yeux. 

Quand mes démons auront des ailesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant