Le Cercle - le Florilège

Chapitre 7

Je remarque une fois en haut des escaliers que Starr et Iris m'ont suivie. Malgré ma colère, je suis apaisée de les avoir à mes côtés. C'est dans ce genre de moment que nous devrions toutes nous unir au lieu de nous diviser comme Maina s'entête à le faire. Elle ne réalise pas que nous pourrions changer les choses en rassemblant nos forces, que nous pourrions nous opposer au sort de June et de celui qui a eu le candide malheur de l'embrasser. Mais plus je réfléchis plus je réalise que je ne serai pas étonnée d'en savoir quelques unes jubiler en voyant une première rivale éliminée. Cette situation les arrange de la façon la plus égoïste que j'ai jamais connu.

Je suis mes amies jusqu'à la chambre d'Iris où nous nous installons autour d'un thé pour discuter dans une ambiance plus calme et apaisante. Je garde une oreille sur la conversation, le nez dans mon thé hibiscus fruit rouges et la tête ailleurs. Je ne remarque même pas le silence qui s'installe soudainement avant que Starr ne le brise d'une voix sérieuse :

- Ruby, est-ce que tu es vraiment venue juste pour devenir princesse ?

Mon cerveau sonne l'alarme, mes deux amies me fixent, attendant fermement une réponse de ma part et j'ai l'impression de sentir le monde se retourner, le sol se dérober et le ciel tomber. Et si elles avaient compris ce que je m'évertue à cacher depuis l'Arène ? Le diront-elles à la présidente ? Les questions fusent dans ma tête comme un feu d'artifice chaotique et je ne sais plus si je dois espérer pouvoir les considérer comme des amies et tout leur révéler ou continuer à mentir au risque de les vexer si elles portent déjà le doute.

Je baisse les yeux sur le lit en optant pour la première option, réfléchissant à la façon dont je vais pouvoir leur expliquer tout ça.

Elles se regardent l'air perdu. Starr reprend d'une voix plus douce :

- Tu peux nous faire confiance, on n'est pas devenues amies pour aller balancer tes secrets au monde entier...

Mes yeux croisent les siens et j'y vois inexplicablement de la sincérité, je sais qu'elle ne me trahira pas.

- En vérité, mon but n'a jamais changé depuis le jour où j'ai atterri sous ce champ de force.

Moi qui m'attendais à une réaction violente, je suis surprise de voir qu'elles ne bronchent pas et que Starr en vient même à sourire. Iris sort vérifier que personne ne nous entend :

- Vous trouvez ça drôle ???

Elles rigolent de plus belle et de bon cœur, même si ça me soulage quelque peu j'avoue que j'en reste un peu perplexe.

- On s'en doutait comme tout le monde mais quand tu as défendu June contre le système devant les autres filles on s'est dit qu'au fond tu étais la même que celle de l'Arène.

Je souris à mon tour, apaisée d'avoir pu parler de ce secret à mes amies même si je devrais plutôt me réprimander du fait qu'elles soient parvenues à le découvrir seules. Si elles m'ont démasquée, nul doute que quelqu'un de moins bien intentionné puisse y parvenir aussi.

Je leur explique ce qu'il m'était arrivé le soir de l'évasion jusqu'à en venir à mon réel but en venant ici : la collecte d'informations.

- C'est pour ça que tu essaie de te fondre dans le décor pour regagner la confiance de la présidente ? intervient Iris.

Je hoche la tête et lis pour la première fois dans le regard de mes amies une sorte de nostalgie qui m'indique qu'au fond elles ne sont pas si différentes de moi. Tout comme une immense majorité d'inférieurs forcés à vivre enfermés sous le champ de force, l'évasion est comme un rêve irréel qui plane dans nos têtes depuis le premier jour, une inaccessible évidence.