Le Cercle - le Florilège

Chapitre 15

    Je suis traînée jusqu'au bureau de la présidente qui, contrairement à la référente principale, ne se soucie pas de l'heure pour régler les problèmes, visiblement. Ou peut être juste que c'est parce que cette fois je suis l'unique responsable. Allez savoir.

Son regard dur se pose sur moi à la seconde où j'entre dans la pièce que je déteste le plus au monde, même si je me sens vidée de toute émotion, l'appréhension commence à me gagner peu à peu.

Je passe sur la politesse pour cette fois et pose d'abord la question qui me taraude depuis une heure :

- Comment saviez-vous que j'étais sortie ?

Un sourire mauvais dont elle seule détient le secret vient étirer son visage :

- La nuit a des milliers d'yeux.

Je lève les yeux au ciel, évidemment qu'elle ne me répondra pas.

J'ai alors droit au baratin habituel des infractions et des punitions envisageables, dont (évidemment sinon ce serait tout de suite moins drôle) l'exclusion de la compétition. Je relève le nez lorsqu'elle mentionne Connor, comment peut elle savoir qu'il était là si les gardes n'ont pas eu le temps de l'identifier ? La thèse du complot avec Lidya me revient à l'esprit mais il y a encore trop de choses qui ne collent pas.

- Ce jeune homme n'est pas seulement votre ami, n'est-ce pas ?

Je frissonne tandis que son regard inquisiteur se fait plus inquiétant. La vérité est que je ne sais même plus quoi répondre à cette question.

Mon silence et mon regard plus que perdu lui font radoucir le ton :

- Vous savez, Ruby, je suis disposée à alléger votre punition mais pour cela j'ai besoin de vérité. Avez-vous des sentiments pour ce garçon ?

Je serre les dents. Je pense qu'elle connaît la vérité depuis plus longtemps que je ne voudrais l'admettre. Hors ce soir tout à changé.

- J'en avais, j'avoue. Mais les événements récents font que je ne sais plus vraiment où cela en est, pour tout vous dire.

Après tout qu'est ce que j'ai encore à perdre si ce n'est ma présence dans cette compétition ?

La présidente semble satisfaite mais quelque chose me dit qu'elle avait déjà une idée de ma réponse, et je ne peux retenir ma curiosité :

- Mais vous le saviez déjà... pas vrai ?

- Effectivement, sourit-elle, il faut dire que certaines filles ici vous connaissent depuis longtemps, et elles savent ce qu'il se passait dans les zones avant que le Florilège ne commence.

Pas besoin de cogiter longtemps pour identifier la traîtresse : Alison. Elle seule savait avec certitude ce qu'il se passait entre Connor et moi. Même Lidya l'ignorait avant d'arriver ici.

- Essayez d'être moins naïve, à l'avenir, si vous voulez mon avis.

Je tente tant bien que mal de maintenir mon masque d'indifférence, au fond ce n'est pas une grande surprise qu'Alison ait parlé.

Reposant son cobra sombre sur le sol immaculé, Sunsiller reprend son air sérieux.

- C'est une faute extrêmement grave mais pour laquelle je ne vous exclurait pas. Pas encore.

Pas encore ? Je suis censée prendre ça comment au juste ?

- Mais la prochaine erreur sera votre dernière. Soyez prévenue.

Je ne pipe pas mot, attendant toujours de connaître la sanction.

- Vous ne serez donc plus autorisée à envoyer ni recevoir aucune lettre à partir d'aujourd'hui. Plus de contact avec l'extérieur du Palais.