Chapitre 20

34 8 1
                                    

    Des voix masculines lointaines viennent perturber mon sommeil pourtant si doux. Je peine à entrouvrir les yeux tant ma tête est lourde. Lorsque ceux-ci s'ouvrent sur le buisson fleuri et épineux qui m'a apparemment servi de lit, tout me revient en mémoire. L'attaque. Iris inanimée sur le sol de la grande salle. Les gardes. Les balles. La mort. Un instant je crois encore à un mauvais rêve, mais ma robe déchirée étalée autour de moi, ma jambe rougie par le sang et la douleur cuisante qui s'en échappe me semblent soudainement bien trop réels.

Tandis que je me remets de ce retour brutal à la réalité, les appels se font plus clairs et plus forts. Je reconnais mon prénom et comprends que quelqu'un est à ma recherche, mais mes cordes vocales n'ont plus la moindre puissance pour y répondre. Je me sens vidée de toute énergie.

Une silhouette carrée finis par pointer au dessus des feuilles. Ni une ni deux, Ethan se précipite vers moi.

- Ruby ! Dieu merci, tu es vivante.

Le soulagement et l'émotion dans sa voix sont si palpables que j'en ai des frissons.

Ne prenant plus le moindre soin pour éviter de s'accrocher dans les épines de mon lit de fortune, il s'accroupit à côté de moi pour encadrer mon visage de ses mains tremblantes.

- Tu vas bien ? Tu es blessée ?

Son inquiétude en est si touchante que j'aurais presque pu le charrier, mais je sens que ce n'est pas le bon moment alors je me contente d'enrouler mes bras autour de sa nuque et de murmurer d'une voix faible :

- Je vais bien, ne t'en fais pas.

Je glisse ma main dans ses cheveux d'un mouvement que je veux rassurant, il me rend mon étreinte avec force avant de déposer un baiser sur mes cheveux.

- C'est fini, je vais te ramener à la maison.

Mon cœur se brise un peu plus en entendant le mot 'maison' et en sachant que ce qu'Ethan appelle ainsi ne sera jamais ma maison.

Des gardes finissent par surgir derrière nous, me faisant sursauter avant de réaliser que ceux-là n'ont pas l'air d'être nos ennemis.

- Mademoiselle Romero, vous êtes blessée.

Je fais non de la tête mais comprends à son air soucieux qu'il ne s'agissait pas là d'une question mais bien d'une affirmation. Ethan se recule brusquement pour évaluer ma jambe entaillée par le verre, il pose un regard à la fois réprobateur et paniqué sur moi, comme pour me reprocher de lui avoir menti sur mon état puis se tourne d'un air ferme vers les deux gardes :

- Je l'emmène immédiatement à l'infirmerie, prévenez Monsieur Ambrose.

- À vos ordres, Monsieur Snyder.

Quoique surprise par l'accès d'autorité dont vient de faire preuve mon escorte, je ne pipe pas mot tandis qu'il passe ses bras puissants autour de ma taille et de mes jambes pour me soulever avec une douceur contrastante. Je m'agrippe à ses épaules et appuie ma tête lourde contre son torse, je pourrais presque me rendormir dans ses bras si mon esprit n'était pas aussi taraudé par cette question :

- Et Iris ?

Le soupir qui vient avant la réponse me fait craindre le pire, mais un sourire perce finalement les traits durcis d'Ethan :

- Elle va bien, elle a juste besoin d'un peu de repos à cause de ses blessures.

- Ses blessures ?

- Oui... Iris a prit une balle pendant l'attaque.

Mes yeux horrifiés par la vérité, que je soupçonnais pourtant déjà, poussent Ethan a se reprendre :

Le Cercle - le FlorilègeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant