Chapitre 21

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     Je ne sais pas si c'est le soleil perçant ou la voix enjouée d'Eileen qui me réveille ce matin mais j'ai un mal de crâne qui m'empêche de discerner correctement mon sommeil de la réalité. Lorsque je finis enfin par émerger, Esther décide de faire son entrée précipitée dans la chambre avant de foncer vers la salle de bain sans demander son reste. Tandis que je déguste mon petit déjeuner, Eileen en profite pour s'asseoir et prendre une pause, comme je lui ai toujours demandé (au lieu de faire semblant d'avoir des choses a nettoyer bien que ce soit le protocole qui le veuille) et tel que c'est devenu notre rituel du matin. Mais sa mine tracassée trahit ses émotions et je sens qu'elle n'est pas dans son assiette. Aujourd'hui est un jour qui s'annonce bien triste car c'est celui qu'ont choisi les autorités pour rendre hommage aux morts de l'attaque d'il y a deux jours, ainsi toutes les candidates de la Fine Fleur doivent y assister religieusement et c'est la raison pour laquelle nous sommes debout de si bonne heure.

- Tu es sûre que tout va bien Eileen ?

Elle essaie de se reprendre pour affirmer que oui mais je sens que ce n'est qu'une façade qu'elle s'efforce de maintenir devant moi pour la forme.

- C'est cette cérémonie qui te tracasse ?

Au moment où ma dame de compagnie s'apprête à ouvrir la bouche pour vider ce qu'elle a sur le cœur, Esther réapparaît pour expliquer :

- Une de nos collègues a été touchée par l'attaque, Eileen était très proche de cette jeune femme, dieu la bénisse, et le fait de ne pouvoir assister à l'hommage que derrière un écran est assez difficile pour elle.

Je ne suis que peu surprise par cette révélation car je me doutais que d'autres victimes de l'attaque nous avaient été cachées pour l'injuste raison qu'ils n'étaient qu'employés du bas de l'échelle. J'ai énormément de peine pour Eileen et un instant je me mets à réfléchir à un moyen de l'emmener avec moi, mais je sais pertinemment qu'en acceptant elle risquerait son poste, et je ne veux pas qu'il lui arrive du mal par ma faute, alors je me contente de la serrer dans mes bras.

- Quel est son nom ?

- Tara, murmure mon amie d'une voix faible.

- Tout ça est injuste, vous méritez tellement mieux que ce que le Cercle vous a donné.

- Malheureusement nous n'aurons jamais mieux que ce qu'il nous offrira... souffle Esther.

J'aimerais pouvoir faire quelque chose pour elles, mais la cause centrale de tout ces problèmes est toujours la même : Le Cercle, Mme Sunsiller et ce champ de force. Cette même cause que je m'acharne à éradiquer depuis la première seconde de mon arrivée ici.

- Mon père m'a toujours dit de ne jamais dire jamais, alors ne perdez pas espoir.

- Mais ce système ne pourra jamais tomb...

- Si, Esther. Un jour quelqu'un dehors devra s'insurger, un jour quelqu'un devra dire ça suffit. Et nul doute que ce jour arrivera.

Son regard anéanti semble soudain comprendre la mesure de mes mots, comme si elle réalisait que depuis le début je ne suis pas ici pour profiter des tartes à la fraise du cuisinier ou de la notoriété télévisée que cette compétition m'a apportée, mais bien pour faire tomber ce système que je déteste autant qu'elle, si ce n'est plus.

Eileen essuie ses larmes en quatrième vitesse tandis que les pas saccadés de Garett se font de plus en plus proches. Cette fois il prend la peine de toquer tranquillement avant d'entrer, comme si ma chambre était habitée par un fauve capricieux. Armé de sa housse à robe, il salue frénétiquement mes dames de chambre avant de soupirer à mon intention :

Le Cercle - le FlorilègeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant