Le Cercle - le Florilège

Chapitre 2

Le hall est immense. Bien que le Palais paraisse gigantesque vue de dehors, je ne m'attendais pas à quelque chose de si spacieux à l'intérieur. Un imposant lustre trône au milieu de la salle bordée au fond par deux escaliers se rejoignant au premier étage. En bas, les autres candidates convergent vers le centre et se saluent, formant de petits groupes éparpillés parmi lesquels vont et viennent les référentes de chacune. Je retrouve Alison qui me rejoint, sautillante de joie et me sert dans ses bras :

- Je suis tellement heureuse d'être ici, Ruby ! Le Palais est magnifique, j'ose à peine imaginer nos chambres.

Je souris devant sa mine d'enfant en plein rêve. Nous ne sommes pas ici pour les mêmes raisons mais je ne peux nier le fait que vivre dans cet endroit pour quelques temps ne devrai pas me faire de mal...

Je ne sais par quel miracle Maria parvient à me retrouver dans l'ébullition du hall d'entrée pour m'accompagner jusqu'à ma chambre située au premier étage. Mes yeux ne savent où se fixer tant il y a de détails à apprécier dans chaque recoin. Je reste bouche bée sur le palier de la chambre lorsque Maria en ouvre la porte. La taille du lit semble irréelle, et la vue sur l'autre côté des jardins depuis le balcon est à tomber par terre. Aucun hôtel peu importe son nombre d'étoiles ne pourrait rivaliser avec une telle chambre. La salle de bain privative est sans aucun doute aussi grande que mon salon de la première zone. À côté de l'évier en marbre blanc sont disposés des tonnes de produits de bains et de beauté, et comme si une baignoire à jets ne suffisait pas à me satisfaire, une magnifique douche à l'italienne flambant neuve se tient fièrement juste à côté. Mais c'est lorsque que je pénètre dans le dressing titanesque rempli de robes et de chaussures que je crois défaillir. Maria explique derrière moi tout en donnant ses ordres aux valets :

- Tout a été fait sur mesure par les stylistes et couturières du Palais, mêmes les chaussures.

Moi qui adore les chaussures mais ne parviens jamais à me procurer ma taille, me voilà servie. Je ne trouve même plus mes mots alors je me contente de me retourner pour contempler chaque fleur dans les vases, chaque broderie sur les rideaux et emplir mes yeux d'un luxe que ne n'avait jamais connu avant aujourd'hui. Je me fiche totalement d'être consciente que je dois avoir l'air d'une idiote plantée là, bouche et yeux ouverts à tout scruter d'un regard incrédule.

C'est encore Maria qui me réveille de sa voix impérative :

- Mlle Romero, voici vos deux dames de compagnies, Esther et Eileen. Quoi que vous ayez besoin dans cette chambre, elles seront là pour vous aider.

Je découvre les deux concernées, toutes deux m'offrant leur plus grand sourire et se tenant dans la même position, on pourrait croire à des jumelles d'autant plus qu'elles portent le même uniforme. Je remarque qu'Esther est plus âgée que sa collègue qui affiche un regard pétillant et enfantin. Toutes deux sont brunes et de tailles équivalentes. Je renvoie le sourire tout en leur tendant chacune la main afin de les saluer en me présentant, chose que je me rends compte être stupide la seconde suivante. Évidemment, elles savent qui je suis. Nous rions de bon cœur et je rattrape la conversation :

- Vous travaillez ici depuis longtemps ?

Elles semblent surprises de voir que je m'intéresse à elles, mais Eileen ne tarde pas à faire abstraction de la courtoisie cordiale de base pour me répondre et se montrer plus amicale – ce qui, je le sens, fais partie de sa personnalité.

- Non, nous ne sommes là que depuis quelques mois, nous avons été recrutées spécialement pour le Florilège ! C'est un honneur pour nous d'être ici.

Sa bonne humeur m'arrache un sourire, elle me rappelle ma petite sœur qui, tout comme elle, est très sociable et respire la joie de vivre. Je gomme la nostalgie de mes traits en quelques secondes – je crois que j'ai pris l'habitude à vrai dire – tandis qu'Esther donne un coup de coude à sa camarade pour la rappeler au calme, et acquiesce posément :