Une fois notre réunion terminée, nous prenons la sage décision de nous séparer pour éviter d'attirer encore plus l'attention que nous ne l'avons déjà fait. Je sais que Lux se pose des questions sur notre cercle, surtout depuis que nous avons tournés le regard vers lui – il n'est pas idiot et sait parfaitement qu'on parlait de son cas. Lorsque je passe devant lui pour rejoindre l'intérieur du manoir, il ne tente pas de m'arrêter, mais je croise son regard brun et or. Je reste sur le pas de la baie vitrée, un pied dans la salle à manger, sans le quitter des yeux.
Il fait pareil. Il ne tente pas de me parler ou de me retenir – ça serait inutile. Mais je sens qu'il se sent coupable. Ça se voit dans l'intensité de son regard et surtout dans le « désolé » que j'y recèle. Nagini est encore sur ses genoux. Elle lève sa tête vers moi et siffle, mais je l'ignore.
Lui dire que je lui ai pardonné est faux, en tout cas, pas encore. Mais je ne peux pas me comporter comme une abrutie et lui en vouloir pour tout ce qui me tombe dessus. Ce n'est pas sa pire trahison, la plus brutale reste la découverte de son implication dans ce monde. Et si j'ai réussi à digérer cette révélation, du moins j'arrive à l'accepter, je devrais avoir la capacité d'accepter celle-ci. C'est pour cette raison que je lui adresse un léger sourire, avant de retourner à l'intérieur. J'ai le temps d'apercevoir son air soulagé et l'espoir grandissant dans ses yeux.
Même si c'est un abruti sans nom, ce saucisson ninja reste quand même un ami qui ne veut que mon bien.
Le léger rire que j'entends dans mon dos m'indique qu'il a lu dans mes pensées – il n'a plus besoin de le cacher. Un sourire prend place également sur mes lèvres. Il mérite parfaitement ce surnom ridicule, et j'ai l'intention de m'en servir à volonté.
La salle à manger est presque vide à cette heure de la journée. Rien de bien surprenant, on doit être en plein milieu de l'après-midi. Les seuls habitants du manoir présents dans cette partie du domaine sont des enfants, qui sur une table s'amusent à modeler de la terre boueuse qu'ils ramènent de dehors. La fille de Succombe vient de les rejoindre, elle surveille – ou empire – la situation. Lorsqu'elle pose son puissant regard ambre sur moi, un sourire étire ses lèvres roses et elle se téléporte juste en face de moi. Je sursaute et ais un mouvement de recul face au brouillard rose dont elle sort, mais elle prend mes poignets entre ses mains griffues, se penchant vers moi.
-Non, n'aie pas peur ! me demande-t-elle de sa voix claire. Je ne vais pas te faire de mal !
Un rire enchanteur traverse ses lèvres, mais ne me détend pas. Je devrais saisir l'opportunité pour lui parler, mais je ne suis pas capable de prononcer un mot, surprise qu'elle vienne par elle-même vers moi. Sa peau est plus rose que celle de sa mère, mais ses cheveux tirent vers une nuance rose-violette. Ils forment des pics désordonnés tout autour de son visage, mais ça ne fait qu'appuyer la finesse de ses traits. Elle porte des gants qui couvrent uniquement la paume de ses mains, un short et un débardeur, ainsi que des bottes arrivant jusqu'à ses mollets, le tout dans des tons violacés. Je remarque une nouvelle fois la queue de diable qui se balance derrière elle. Cette apparence mettrait la plupart des gens mal-à-l'aise, mais son air candide atténue son apparence étrange.
-Je suis Diablette ! se présente-t-elle dans un grand sourire, dévoilant deux canines de renard. Tu es Aurore, n'est-ce pas ?
Je perds le peu de bonne humeur que son visage avait réussi à m'inculquer. En se rendant compte de son erreur, Diablette – un nom étrange, mais je ne suis pas à ça près – lâche enfin mes poignets pour mettre ses mains devant sa bouche, les yeux écarquillés.
-Oh non, désolé, désolé ! Je ne voulais pas te mettre mal-à-l'aise, je te jure ! Pardon, pardon !
Les excuses pleuvent de sa bouche pour ne plus s'arrêter. Je ne sais toujours pas comment réagir, elle parle trop pour me laisser le temps d'en placer une. Cette furie est plus jeune que moi, elle doit avoir aux alentours de quinze ans. Elle est plus petite, elle doit faire un mètre soixante. Avec mon mètre soixante-treize, je la dépasse facilement d'une tête, et pourtant c'est elle qui est venue m'aborder. Et... elle semble particulièrement innocente. Également volubile, si j'en crois le nombre de mot qui m'arrivent toutes les secondes dans les oreilles.
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Zodiaque - Tome 2 : l'Ordre de l'Ombre.
Fantasia/!\ ceci est un tome 2. Il contient d'importants spoils du tome 1, de même que le résumé. Donc, si tu n'as pas lu le tome 1, je te conseille vivement de quitter immédiatement ce résumé et ce livre, pour aller lire le premier tome si ce n'est pas déj...