Chapitre 1

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Le « tic tac » de l'horloge me déconcentre dans ma lecture du « Malade imaginaire » de Molière. Certes, cette pièce est soutenue et très noble. Mais elle n'en est pas moins passionnante pour autant. Notre professeur de français, Madame Sange, nous a demandé de le lire pour la semaine prochaine. Et étant donné qu'aujourd'hui elle nous a donné une évaluation surprise sur des verbes à conjugués à tous les temps, que je connais ma conjugaison sur le bout des doigts, que j'ai retourné ma feuille sur le bout de ma table, il y a de cela une demi-heure, je prends de l'avance. Je lève le nez de mon livre pour voir ce que fait notre professeur. Et je découvre, sans surprise, qu'elle nous observe de son air strict, comme à son habitude. Je tente tant bien que mal de me replonger dans ma lecture. Mais comme si le destin m'en voulait, un nouveau bruit se fait entendre. Il s'agit du couinement émit par la chaise de notre professeur lorsqu'elle l'a reculée. Elle se lève et circule entre les tables des élèves qui la regarde passer et inspecter les copies. Elle clame, soudain avec sa froideur quotidienne :

- Cessez donc de me regarder comme ça. Il ne vous reste que quinze minutes; à votre place, je me relirais.

Elle marque une pause, me fixe et me lance :

- Cela compte aussi pour vous Gladysse. Je n'ai qu'à regarder le temps que vous avez passer sur votre copie pour savoir que votre note sera pitoyable.

Les élèves soufflent. Ils savent qu'elle fait ça pour leur mettre la pression. Elle sait aussi bien que moi que j'aurais une très bonne note, si ce n'est excellente. Pour la provoquer, je range mon livre et sors ma fiche d'anglais. Je souris et commence ma série d'exercices.

Quand la sonnerie retentit enfin,je me lève, rend ma copie et sors à la hâte. C'est bien la première fois que je sors dans les premières. Alors que je rejoins mon casier, je sens une pression dans mon dos. Je trébuche et me retrouve sur le sol. Je regarde qui est l'auteur de cette farce dénuée de goût. Un garçon de la bande de Nathan qui s'approche de moi, ricane. Je n'y prête pas attention, je me relève et découvre que mon jean est dans un sale état. Merci la pluie ! Je reprends mon chemin, ignorant leurs blagues idiotes. Je ne me retourne pas. Je ne leur donnerai pas ce plaisir. J'ouvre mon casier, en sors mon sac de sport et je sors du lycée précipitamment.

Dans la soirée, alors que j'aboutis mon paragraphe argumenté d'histoire, ma mère entre dans ma chambre :

- Trésor, tu as de la visite. Mais ne tarde pas ; on mange dans moins d'une heure.

- Oui maman, je lui réponds dans un sourire.

Elle s'éclipse et Nathan entre à son tour. Il saute sur mon lit comme un enfant de huit ans :

- Alors comme ça, on ne sait plus mettre un pied devant l'autre sans t'étaler devant tout le monde ?

- C'est ça, moque toi de moi. Mais par contre, tu diras à tes potes que ma mère ne va pas passer son temps à me racheter des jeans comme celui-ci, je dis en lui montrant l'état de mon genou.

Il ouvre de grand yeux :

- Tu n'es pas tombée toute seule ?

- Tu ne savais pas ?

- Non, je vais m'occuper de celui qui t'a fait ça tu vas voir !

J'évalue son degré de sérieux avant de lui interdire :

- Non Nathan ! Tu ne feras rien. Personne ne dois savoir que tu es mon meilleur ami. Tu risques trop !

- Tu sais parfaitement ce que je pense de cette situation, mais qu'il essaie nouveau de te faire du mal et son plat préféré deviendra la purée.

Nathan et moi sommes amis depuis la maternelle. Mais quand on est arrivé en primaire les groupes se sont fait et il était hors de question que le plus populaire traîne avec la petite intello de service. Donc on a caché notre amitié et on joue la comédie. Cela nous pèse, encore plus à Nathan qui ne comprend pas et manque de faire certaines gaffes.

Mon meilleur ami, mon frère, ma demie soeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant